Innovation Assurance en Afrique : innovation 100% digitale

Portant sur l’assurance en Afrique, une étude du cabinet McKinsey (réalisée en décembre 2020) soulignait dejà le potentiel de croissance du secteur.

Si les défis ne manquent pas pour développer l’assurance sur le continent, avec de très fortes disparités selon les pays, l’innovation numérique pourrait bien devenir « un moyen de conquête de nouveaux marchés pour les activités assurantielles ». C’est dans ce contexte que le groupe Allianz a annoncé son rapprochement avec le géant sud-africain de l’assurance Sanlam afin de rassembler leurs actifs. De quoi faire bouger les lignes et illustrer les potentialités de ce marché.

Un marché africain en pleine mutation

Publiant son classement des 100 premiers assureurs du continent, l’hebdomadaire Jeune Afrique constate que « le continent reste la région du monde la moins assurée. Juste avant la crise, en 2019, le taux de pénétration de l’assurance (primes d’assurance comparées au PIB) s’y établissait à 2,78 % contre une moyenne mondiale de 7,2 %. »

De son côté, l’étude de McKinsey a délivré plusieurs enseignements propres au marché africain de l’assurance :

  • il s’agit d’un secteur en croissance constante depuis plusieurs années. Avec « un taux de croissance annuel moyen à deux chiffres pour la plupart des pays africains », le marché bénéficie d’un « immense potentiel de développement ».
  • les marges de progression résident en particulier dans les secteurs de la retraite, de la santé individuelle et de l’assurance-vie.

Cependant malgré cette expansion, des obstacles subsistent à la pénétration du marché :

  • de nombreuses « populations vulnérables » n’ont pas les moyens de s’assurer. Le rapport souligne la persistance de « revenus insuffisants des foyers », de « faibles niveaux d’éducation financière » ainsi que « la non-obligation d’assurance sur les risques de masse ». Ainsi certains segments du marché restent encore imperméables aux compagnies d’assurance.
  • gros point noir, le rapporte pointait encore « un manque de confiance dans les compagnies d’assurances ».
  • enfin le secteur des assurances reste « très disparate en termes de taille, de croissance et de degré de la consolidation, avec 91 % des primes concentrées dans dix pays seulement ». Si le marché à l’échelle africaine pèse près de 68 milliards de dollars en termes de primes, 70% de ce montant est en réalité concentré en Afrique du Sud, de très loin le principal marché du continent. Le Maroc arrive loin derrière en 2ème

Ce sont d’ailleurs inévitablement les groupes sud-africains qui dominent le classement des assureurs de Jeune Afrique, accaparant « huit des dix premiers rangs à côté de deux groupes marocains » dont l’un d’entre eux, Saham, est en fait intégré au sud-africain Sanlam. Tout en soulignant les forts ralentissements voire récessions qu’ont connus les marchés du fait de la pandémie, l’hebdomadaire panafricain souligne « la résilience des grands acteurs. À 50,8 milliards de dollars, leur chiffre d’affaires cumulé s’inscrit en hausse de 3,75 % comparé à l’an dernier, où il avait toutefois bondi de 19,4 %. »

La digitalisation, booster de développement

Face à ces constats, le rapport de McKinsey a mis en avant plusieurs tendances et préconisations :

  • recommandation est faite aux assurances de « collaborer avec les Etats » afin de « façonner des programmes de réformes » : libéralisation du marché, mise en place de l’assurance obligatoire, élargir les modes de distribution, et développer les partenariats public-privé.
  • les « exigences réglementaires sur la solvabilité des acteurs locaux » devraient également « contribuer à développer des compagnies plus grandes et plus solides », présageant ainsi plusieurs « tendances prometteuses ».

D’après Jeune Afrique, la pandémie a par ailleurs été l’occasion d’un « questionnement sur l’appréhension du risque, la notion juridique de force majeure » ou encore « l’étendue des couvertures des entreprises, par exemple concernant la garantie de pertes d’exploitation », encore insuffisamment couverte sur le continent. La mise en lumière de ces carences a poussé les assureurs africains à « entamer une réflexion sur des produits de type « risque paramétrique », reposant sur l’analyse de données. »

Enfin comme réponse à apporter à ces carences de couverture assurancielle, l’étude de McKinsey mettait particulièrement en avant la digitalisation comme « moteur de croissance », à travers les éléments suivants :

  • la digitalisation s’est déjà nettement accrue du fait de la pandémie de Covid-19
  • l’innovation numérique et la digitalisation doivent permettre « une réduction du coût de service aux clients », « une rationalisation des processus internes » et surtout « la mise à disposition au plus grand nombre d’une expérience client»
  • le rapport a recommandé de « multiplier les partenariats entre assureurs traditionnels et le monde de la Tech », considérés comme vecteurs d’innovations supplémentaires.
  • la digitalisation passe avant tout par l’utilisation des mobiles, 660 millions d’Africains disposant d’un smartphone. « Les smartphones deviennent incontournables pour agrandir la base clients d’un assureur, mais surtout pour enrichir son offre de service. En investissant le mobile, ils étoffent leur gamme de produits, renforcent leur part de marché et leur image de marque, indispensable sur ce type de services ».

Ainsi, McKinsey considérait dans son rapport que l’émergence d’offres digitales « contribue à la rénovation des systèmes historiques coûteux, encore centrés sur le principe des succursales et des réseaux de courtiers. » Cela permettrait ainsi de « démocratiser les souscriptions et rétablir la confiance » de la population envers les acteurs du marché.

Sanlam et Allianz : un deal entre deux poids-lourds prêts à bouger les lignes

Illustration d’une tendance au développement de plus grandes compagnies soulignée par le rapport McKinsey, les groupes d’assurance Sanlam et Allianz ont, le 4 Mai dernier, officialisé par communiqué de presse leur partenariat visant à constituer une co-entreprise de type joint-venture, vouée à rassembler l’ensemble de leurs actifs sur le continent africain, à l’exception notable de l’Afrique du Sud. 5 mois de négociations ont ainsi abouti à la formation d’une entité panafricaine lourde de 2 milliards de dollars et large de 29 pays : de quoi devenir un leader continental du marché.

Avant même l’annonce de ce partenariat, la compagnie sud-africaine Sanlam constituait déjà un poids lourd continental depuis son rachat en 2018 de l’assureur marocain Saham qui lui a ouvert les portes du marché de l’Afrique de l’Ouest et centrale. En 2021, la firme réalisait ainsi plus de 12,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Quant à Allianz, son portefeuille sur le continent couvre 11 pays, sans compter l’Afrique du Sud qui n’est pas concernée par le deal.

D’après les projections des deux partenaires, la nouvelle entité, dotée de 2,1 milliards d’euros de fonds propres « sera le plus grand acteur panafricain de l’assurance et devrait se classer parmi les trois premiers sur la majorité des marchés où elle sera présente ». Objectif de cette alliance : « accroitre la pénétration de l’assurance, accélérer l’innovation des produits et favoriser l’inclusion financière sur les marchés africains à forte croissance. »

« La coentreprise nous permettra de franchir une étape importante vers la réalisation de notre ambition, d’être un groupe de services financiers panafricain de premier plan. Cela renforcera également notre position de leader sur plusieurs marchés clés au cœur de notre stratégie en Afrique », a déclaré Paul Hanratty, PDG du groupe Sanlam. Du côté du conseil d’administration d’Allianz SE, Christopher Townsend se félicite « d’un nouveau modèle de partenariat » avec un assureur « partageant les valeurs » du groupe allemand.

Toutefois l’exclusion de l’Afrique du Sud de l’accord relativise la portée du partenariat, ce pays représentant à lui seul plus de 70% du marché africain. La nouvelle entité ne portera pas moins sur 30% du marché du continent : nul doute que la mise en place de cette joint-venture constitue un bousculement majeur du marché, susceptible de créer de nouvelles dynamiques. Ce sujet et son évolution seront très suivis par les médias spécialisés du continent.

Saham Assurance change de dénomination et devient Sanlam

La compagnie rejoint ainsi les 20 filiales du Groupe ayant changé de nom en 2021, et ce dans 13 pays du continent africain.

 

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