L'assurance n'est pas encore perçue comme un outil de traitement efficace du risque cyber

Il s’agit d’un des éléments de la très récente enquête* BESSÉ & PwC sur les entreprises face à la menace « cyber ». Cette enquête s’attaque à l’un des enjeux majeurs du XXIème siècle, la cybersécurité. Alors que les grands groupes, et en particulier les sociétés cotées, ont dans leur ensemble engagé des mesures concrètes, la prise en compte des risques cybers par les ETI s’avère très contrastée. Bessé et PwC France et Afrique francophone se sont associés pour mener une enquête spécifique sur les ETI dont les résultats montrent que les enjeux sont collectifs et lancent un appel à organiser la cyber résilience.
Qu’est-ce que le risque cyber ?
« Tous les dirigeants d’ETI et leurs équipes anticipent et gèrent au quotidien l’ensemble des menaces qui pèsent sur leurs entreprises, notamment celles qui relèvent du risque industriel ». Néanmoins, selon Pierre Bessé, président de Bessé, « Le risque cyber, lui, est singulier. Il appartient à une nouvelle génération de risques qui peut affecter l’entreprise dans sa globalité, dont la complexité est extrême et les caractéristiques diamétralement opposées à celles du risque industriel. »  En voici les trois caractéristiques principales :

  • Alors que le risque industriel est principalement d’origine accidentel, le risque cyber est principalement d’origine «malveillante »
  • Le risque cyber est «évolutif » tandis que le risque industriel est « stable » : nous ne pouvons anticiper aujourd’hui ce que seront demain ses origines et ses conséquences.
  • Le risque cyber est «« systémique » à l’inverse du risque industriel qui est « cantonné » : il s’agit sans doute du seul risque à pouvoir toucher la totalité du bilan d’une entreprise en une seule occurrence.

Les ETI face au risque cyber
Les résultats de l’enquête de Bessé et PwC mettent en évidence les points clés suivants:

  1. Les dirigeants d’ETI sont informés et sensibilisés au risque cyber : 76% des sondés déclarent avoir subi au moins un incident cyber en 2017.

La forte médiatisation du sujet est également pour eux une source essentielle voire leur source principale d’information.

  1. D’une manière générale, les dirigeants interrogés ne sont pas parvenus à donner de définition précise à la notion de risque cyber. Ils ont cependant conscience qu’il s’agit d’un risque d’une extrême complexité, de nature à s’amplifier.
  2. Leur perception du risque et de son étendue est néanmoins relative, en ce qui concerne leurs propres entreprises. En dépit des attaques, ils ne se sentent pas toujours directement exposés.  Pour la grande majorité d’entre eux, la menace cyber est perçue comme une menace essentiellement externe (cybercriminalité) ; ils sous-estiment celle des concurrents ainsi que leurs vulnérabilités internes. Or, dans les faits, la menace interne est majeure. Ainsi, seuls 17% des incidents cyber sont imputables à des réseaux externes organisés. A l’inverse, 54% des sociétés françaises sondées témoignent que ces attaques proviennent d’employés actuels ou passés (les employés n’étant pas véritablement auteurs des attaques mais favorisant la propagation des malwares).
  3. La gestion du risque cyber n’est pas encore perçue comme stratégique mais bien comme technologique. Les dirigeants d’ETI délèguent souvent la gestion et la prévention des risques cyber à leurs DSI, équipes informatiques ou leurs sous-traitants, alors même que ce risque peut impacter et/ou paralyser l’entreprise dans son ensemble.
  4. Les dirigeants reconnaissent qu’ils sont insuffisamment préparés pour affronter une crise cyber : 19 % d’entre eux déclarent ne pas avoir mis en place de stratégie de protection de l’information et seuls 39% affirment que leur entreprise sensibilise leurs collaborateurs en matière de Cybersécurité.
  5. Si les dirigeants identifient les éventuels impacts opérationnels comme en termes d’image d’un événement cyber, ils ne disposent néanmoins pas d’une vision précise de ses conséquences financières potentielles.
  6. L’assurance n’est pas encore perçue comme un outil de traitement efficace du risque cyber. La plupart des Dirigeants interviewés axent prioritairement leurs réflexions sur la prévention et repoussent l’étude de solutions d’assurance, faute d’avoir suffisamment identifié leur degré d’exposition à la menace cyber ainsi que les conséquences qui en découleraient.

« Si les dirigeants d’ETI et PME comprennent la cyber menace, ces derniers ont encore du mal à traduire cette prise de conscience en actes. Elle doit être prise en compte au niveau stratégique et non se cantonner au niveau tactique comme c’est encore souvent le cas. Une fois que les ETI et PME ont bien cerné le cyber risque, se pose alors la question des compétences, des talents qui peuvent accompagner les entreprises. Au-delà des moyens financiers engagés, c’est véritablement sur l’humain que repose cet enjeu majeur pour les entreprises », explique Philippe Trouchaud, associé en charge de la cybersécurité chez PwC.
Les leviers de la résilience cyber
Pour Bessé et PwC, la posture rationnelle, voire parfois attentiste des dirigeants d’ETI, est compréhensible. Mais elle ne peut être pleinement efficace face à ce risque de nouvelle génération dont les spécificités singulières font qu’il serait vain de rechercher à en acquérir la pleine maitrise avant d’agir. L’objectif devrait plutôt être d’organiser la cyber résilience des ETI face à cette menace nouvelle d’une extraordinaire complexité. Pour cela, il faut agir dès à présent et aller plus loin, plus concrètement, pour ensemble favoriser le partage d’expérience et de bonnes pratiques inter-entreprises, et, pourquoi pas aller jusqu’à la création d’un cluster cybersécurité dédié aux ETI ?
Les dirigeants d’ETI sont conscients de ce besoin de cyber résilience, créateur de valeur pour leurs entreprises.
« La maîtrise de la cybersécurité, constituera désormais une clé de confiance qu’un client pourra porter dans une entreprise. Le client sera soucieux de la pérennité de l’entreprise choisie mais surtout de sa capacité à gérer des données qui le concernent personnellement » précise Philippe Trouchaud.
Pour Pierre Bessé « il est indispensable d’innover en créant des modes de collaboration inter-entreprises, des solutions et des services nouveaux tant du point de vue de la prévention, de l’assurance, de la gestion de crise et du règlement du sinistre ».
*Enquête réalisée en 2017 sur la base d’un échantillon de 432 entreprises interrogées en France et de 50 témoignages de dirigeants d’ETI, présidents, directeurs généraux ou membres des comités de direction.
Jean-Luc Gambey 
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