"Les robots-courtiers une opportunité pour nos clients et collaborateurs"

Avec le développement du numérique et de l’intelligence artificielle, l’activité de courtage est transformée par l’arrivée des robots-courtiers sur le marché. Eric Mignot Président de +Simple.fr est intervenu sur ce thème dans un talk au TDAY Insurance le 25 septembre dernier sur le sujet suivant : « Les robots-courtiers prendront-ils le pouvoir ? » Il revient pour nous sur les principaux éléments de son intervention.
Le monde du travail est en pleine transformation avec l’arrivée des robots dans notre vie professionnelle. Cette arrivée des robots va-t-elle transformer la répartition du temps de travail entre humains et robots ?
Savez-vous comment se répartit aujourd’hui le temps de travail entre les humains et les robots ? 71% pour les humains et 29% pour les robots. Et la proportion devrait s’inverser à 48% pour les humains et 52% pour les robots d’ici 2025. C’est le très sérieux forum économique de Davos qui vient de publier cette étude. Ce que dit également cette étude est qu’il y aura plus de créations de postes que de destructions … mais des postes très différents.
On aime toujours se faire un peu peur avec les robots et l’intelligence artificielle et le sujet de cette réflexion n’échappe pas à cette règle. Maintenant un des charmes de l’intelligence humaine consiste à imaginer ce que pourrait être le futur afin de mieux s’y préparer et de pouvoir saisir au mieux les opportunités qui se présentent.
Quels sont les différents types de robots existant dans le secteur financier et plus particulièrement sur le secteur du courtage ?
Je pense que pour mériter la qualification de robot-courtier il faut remplir 4 critères :

  • Analyse automatique d’une situation particulière d’un client ou d’un environnement
  • Assemblage automatique d’une offre personnalisée
  • Gestion du process de mise en place/d’achat dématérialisé
  • Gestion back office automatisée

La réalité est qu’il y très peu de mentions sur Google du concept de robot-courtier ou « robo-broker » et les seules en français concernent la startup +Simple que j’ai créé.
On trouve deux concepts un peu plus fréquents : les robo-traders dans le trading d’action et les robo-advisors, automatisant la gestion de portefeuille d’épargne.
Les Robot-traders ont été les premiers à monter en puissance et processent aujourd’hui 80% de ordres mondiaux. JP Morgan robotise l’intégralité de son trading action et Goldman tout le trading des introductions en bourse. A terme Citigroup estime que 30% des jobs liés au trading vont être robotisés au cours des 5 ans à venir. On peut donc dire que dans la banque le robot-courtage a déjà pris le pouvoir.
En ce qui concerne les robo-advisor (dans le domaine du conseil financier et l’épargne), le paysage est plus contrasté. Betterment, leader mondial en la matière gère 16,5 milliards de USD (soit environ la totalité de l’assurance vie en ligne dans le marché français). Le chiffre parait élevé mais ce n’est que 3 milliardièmes de part de marché dans le marché de l’épargne américain. On voit donc que la technologie ne fait pas tout. Pour envisager une adoption rapide et significative la technologie doit permettre de résoudre à la fois une insatisfaction client et modifier significativement les modèles économiques.
On peut alors se poser la question pour le courtage en assurance. La réalité est que très peu de monde s’est intéressé à la robotisation du courtage en assurances et je parle bien du courtage et non pas la distribution digitale d’un produit d’assurance (deux choses totalement différentes car l’un oblige à une approche client tandis que l’autre reste centrée sur le produit).
En ce qui concerne le courtage à destination des professionnels, il existe aujourd’hui deux plateformes dans le monde qui sont allés au bout du développement d’un véritable robot : +Simple en Europe et Next Insurance aux Etats-Unis.
Pouvez-vous nous décrire le rôle des robots-courtiers ?
Pour mieux comprendre en quoi consiste la robotisation du métier du courtier, voyons ce que cela signifie dans le détail :

  • Connaissance client : nous recueillons entre 150 à 600 variables sur une entreprise et son dirigeant sans poser lui poser aucune question ! Ces variables sont recueillies instantanément et permettent de débuter une analyse et de cibler les informations manquantes.
  • Établissement d’un diagnostic de besoins et d’une recommandation en fonction de la connaissance client : dès lors que les risques ont été modélisés (mis en algorithme), nous assemblons de manière des propositions sur- mesure de manière industrielle.
  • Recherche d’une solution auprès de porteur de risques. Cela nécessite d’obtenir des délégations auprès des assureurs. Une fois la négociation faite et recettée, alors le placement se robotise également.
  • Recueil de la décision du client. Le robot prend en charge tous les aspects de la transaction : signature, paiement, … en utilisant tous les codes du e-commerce.
  • Mise en place des polices grâce à la digitalisation des offres des assureurs avec lesquels nous travaillons.
  • Gestion de la vie de la police et des sinistres : tout le back et le middle office ont également été robotisés : paiement, avenants, attestations, factures, …

Le robot-courtier en assurances est donc bien une réalité et nous permet d’adresser un peu plus de 500 métiers sur un périmètre très large : santé individuelle et collective, prévoyance, véhicule professionnel, responsabilité et dommage.
Les robots-courtiers améliorent-ils un certain nombre d’éléments dans la relation assureur-assuré ?
D’abord la satisfaction client. Nous obtenons un score de 4,6/5 : moins de question, plus de fluidité, plus de clarté, plus de rapidité, …
Ensuite, nous avons acquis près de 20 000 polices en 2 ans que nous gérons avec 1 personne (1 superviseur en back office). Cela nous permet de recruter d’autres types de profils à forte valeur ajoutée : data scientists, experts en connaissance client, designers, service client, etc …
Les robot-courtiers vont-ils prendre le pouvoir dans le courtage d’assurance ?
D’abord ma conviction est que les robots-courtiers vont prendre une place déterminante dans notre industrie et profondément modifier la manière dont elle fonctionne. Ils vont s’infiltrer partout, dans tous les process et à terme tout ce qui est robotisable le sera sans doute. La composante technologique deviendra donc une part considérable du métier de courtier et les budgets associés vont sans doute s’envoler. Cette transformation va balayer les trois inerties majeures que j’observe dans l’industrie : l’inertie technologique – obligeant l’adoption rapide de ces nouvelles technologies, l’inertie sociale – forçant la mutation du corps social vers de nouveaux métiers et l’inertie culturelle – voyant l’essor de nouveaux modes d’organisation et d’une nouvelle race de dirigeants.
Mais je pense en même temps qu’ils ne prendront pas le pouvoir car nous verrons émerger de nouvelles fonctions permettant d’augmenter la valeur ajoutée à la satisfaction à la fois de nos clients mais aussi de nos collaborateurs. Pour exister un robot a besoin de développeurs, pour avoir un cerveau il a besoin de data scientists, pour convaincre les clients il faut le faire habiller par des design thinkers et pour lui donner un sens économique, il faut des dirigeants qui comprennent la technologie et en font une composante centrale de leur stratégie.
Vous l’avez donc compris, les robot-courtiers feront partie de notre quotidien d’ici 5 ans, accueillons-les avec enthousiasme et intelligence pour en faire une opportunité pour nos business, pour nos clients et pour nos collaborateurs.

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