Assurance, Pascal Demurger pointe le risque de désengagement

Dans le contexte des émeutes, de nombreux commerces et bâtiments publics ont subi des dégradations ce qui a entrainé, par ricochet, une forte pression sur le secteur de l’assurance. Un tel événement révèle les défis majeurs du 21èmesiècle : à la fois sur le plan social et environnemental, les assurances devront faire face.

Retour sur les rencontres économiques* des 7-8-9 juillet 2023 et sur une partie de l’intervention de Pascal Demurger

Les émeutes ont indéniablement eu un impact assurantiel lourd de conséquences. Les montants impliqués sont colossaux, en particulier dans le domaine des collectivités territoriales, qui ont subi d’importantes dégradations, malgré des primes d’assurance relativement modestes.

Néanmoins, pour Pascal Demurger, Directeur général de la MAIF, les émeutes ne représentent pas le seul risque auquel il s’agira de faire face dans les années à venir. Les catastrophes naturelles telles que les inondations, les orages, les sécheresses et les feux de forêts, augmentent déjà en intensité, et sont autant de menaces que les assurances devront anticiper à l’avenir.

La société se trouve aujourd’hui confronté à un mur social et environnemental. Dans certaines zones, le niveau d’exposition aux risques est si élevé qu’il ne s’agit plus de simples aléas, mais plutôt de certitudes. Des régions sont déjà sévèrement touchées par la sécheresse, entraînant une fragilisation des habitations, tandis que de nombreuses zones côtières font face au risque d’érosion et de submersion marine.

Or, une telle situation engendrerait un risque potentiel de désengagement de la part des assureurs. Pourtant, selon Pascal Demurger, face à de tels phénomènes, l’assurance n’a jamais été aussi socialement indispensable.

Pour que le risque ne repose pas injustement sur les épaules de quelques-uns, il semble donc nécessaire de ne plus laisser le simple jeu du marché dicter la situation. Lorsque l’assurance est pratiquée exclusivement dans un registre concurrentiel, cette logique favorise les comportements et les réflexes individualistes.

Les assureurs cherchent à se retirer, ou refusent de couvrir les habitations jugées trop exposées, ce qui entraine une concentration de la responsabilité sur les seuls assureurs restants qui, à leur tour, se retrouvent contraints de se retirer. Une telle démarche conduirait à la création de zone de déserts d’assurance, privant ainsi des pans entiers de la population d’accès à une couverture.

Pascal Demurger en appelle à une coopération entre tous les assureurs, afin que chacun conserve sa part de marché et assume sa part de contribution dans les zones les plus à risques, où les défis sont les plus importants.

Selon lui, le rôle fondamental de l’assureur est avant tout de prendre en charge le risque, et de le mutualiser sur la population la plus large possible. Bien entendu, en cas de dépassement des capacités des assurances, la solidarité nationale peut intervenir en soutien. La profession et les autorités publiques réfléchissent d’ailleurs déjà activement à cette question.

Enfin, sur le plan social, Pascal Demurger souligne l’importance de la diversité et de l’inclusion au sein des entreprises. Selon lui, les entreprises doivent intensifier leurs efforts pour lutter contre la discrimination et promouvoir la diversité. Il considère que la diversité est une ressource précieuse pour les entreprises et joue un rôle essentiel dans la prise en compte de perspectives variées.

A voir intervention de Pascal Demurger

*Le Cercle des économistes a créé les Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence en 2001. Elles sont devenues le rendez-vous de réflexion et de débat incontournable du monde économique en France.

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