En ce début 2025, les acteurs de l’assurance et du patrimoine sont confrontés à un paradoxe inquiétant : jamais la France n’a compté autant de propriétaires… et pourtant, une majorité d’entre eux se retrouvent dans l’impossibilité d’emprunter, malgré la solidité de leur patrimoine.
Le baromètre PraxiFinance du 1er trimestre 2025 dresse un état des lieux percutant d’un marché de la monétisation immobilière en plein essor, et interpelle sur les limites du système bancaire traditionnel. Une lecture incontournable pour les professionnels de l’Assurance, de la gestion de patrimoine et de la prévoyance.
Des patrimoines gelés malgré leur valeur
Le constat dressé par PraxiFinance est sans appel : 94 % des demandes de crédit sont refusées en amont par les banques, non pour cause d’insolvabilité, mais en raison de normes de plus en plus rigides. Que ce soit pour régler des frais de succession, aider ses enfants, sortir d’un divorce ou rembourser une dette fiscale, les profils pourtant solvables sont exclus du crédit classique. Résultat : la seule alternative bancaire reste bien souvent la vente du bien.
Dans ce contexte, les solutions de monétisation patrimoniale deviennent une réponse de plus en plus sollicitées. Le crédit hypothécaire structuré, la vente avec complément de prix, le prêt viager hypothécaire ou la vente avec faculté de rachat s’imposent comme des outils puissants pour dégager de la liquidité sans se séparer de son bien immobilier.
Des solutions en forte progression
Au premier trimestre 2025, PraxiFinance a enregistré 3 091 demandes de financement, pour un montant moyen de 180 000 € et une valeur immobilière médiane de 400 000 €. Le crédit hypothécaire arrive largement en tête des solutions mises en place, représentant 67 % des cas, suivi de la vente avec complément de prix (18 %) et du réméré (12 %).
L’étude montre que cette dynamique n’est pas marginale, mais structurelle. Les profils les plus touchés sont les retraités (29 % de hausse des demandes), les dirigeants d’entreprise (+54 %) et les propriétaires de biens entre 400 000 € et 900 000 € (+61 %). L’Île-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur concentrent à elles seules 80 % des sollicitations, notamment dans des villes comme Paris, Nice, Bordeaux ou Aix-en-Provence.
Une exclusion bancaire de plus en plus systémique
Ce baromètre souligne également les nouvelles formes d’exclusion bancaire. Aujourd’hui, les banques refusent de financer des besoins pourtant essentiels : soultes, successions, aides familiales, dettes fiscales, travaux liés au vieillissement ou projets après 70 ans. Le critère n’est plus la solidité patrimoniale, mais la conformité du besoin aux normes internes de crédit.
Les cas concrets analysés par PraxiFinance montrent des profils très variés : retraités cherchant à adapter leur logement, parents aidant leurs enfants, entrepreneurs en difficulté temporaire ou héritiers confrontés à des droits de succession élevés. Tous partagent une caractéristique commune : un patrimoine immobilier conséquent mais bloqué.
Un enjeu croissant pour le secteur assurance et prévoyance
Pour les assureurs et gestionnaires de patrimoine, cette situation appelle à repenser l’accompagnement des clients seniors, indépendants et dirigeants. L’accès au crédit devient un facteur déterminant pour sécuriser la transmission, financer les aléas de la vie ou assurer une retraite digne. Dans ce contexte, les professionnels doivent s’intéresser à la monétisation immobilière comme un outil complémentaire de prévoyance et de gestion de liquidité patrimoniale.
Les dispositifs tels que le prêt viager hypothécaire ou la vente à réméré, souvent méconnus ou associés à des situations de détresse, retrouvent ici une légitimité pleine, encadrée et stratégique. Ils s’imposent comme des alternatives sérieuses à intégrer dans les stratégies d’optimisation patrimoniale, notamment dans un contexte de vieillissement démographique et de durcissement du crédit.