Les risques naturels menacent la transition énergétique

Selon une récente enquête menée par FM Insurance, les risques naturels, les pannes d’équipement et les difficultés d’approvisionnement pourraient freiner l’essor des énergies renouvelables si la résilience des projets n’est pas renforcée.

Face à une demande mondiale d’électricité appelée à doubler d’ici 2050, le développement massif des énergies renouvelables constitue un enjeu majeur pour atteindre les objectifs climatiques. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), plus de 5 500 gigawatts de nouvelles capacités renouvelables devraient être déployés entre 2024 et 2030. Toutefois, une récente enquête menée par FM Insurance Europe auprès de 650 décideurs du secteur montre que la transition énergétique reste fragile. Les risques liés aux catastrophes naturelles, aux défaillances d’équipements et aux interruptions d’activité pourraient compromettre la réussite de nombreux projets, impactant aussi bien les producteurs que les investisseurs et les assureurs.

Cette réalité interpelle les acteurs du secteur de l’assurance, de l’innovation et du patrimoine énergétique, qui devront intégrer des stratégies de prévention et de gestion des risques plus robustes pour soutenir une transition durable.

Un enthousiasme tempéré par la complexité des risques

L’étude révèle que l’appétit pour les infrastructures renouvelables demeure élevé. Près de 97 % des producteurs d’énergie solaire et 95 % des exploitants de parcs éoliens terrestres envisagent d’augmenter leur capacité dans les trois prochaines années, tandis que 73 % des financeurs prévoient d’intensifier leurs investissements dans ce domaine. Cependant, malgré l’abondance des capitaux, 64 % des banques et 58 % des investisseurs constatent une demande de financement supérieure à l’offre disponible.

Les principaux risques cités par les fournisseurs lors de la construction concernent la hausse du prix des équipements, les retards administratifs et les ruptures de la chaîne d’approvisionnement. En phase d’exploitation, les dommages liés aux intempéries, les pannes d’équipements et les difficultés d’approvisionnement en pièces détachées constituent les principales sources d’inquiétude.

Dans ce contexte, la résilience devient un critère décisif pour obtenir des financements et une couverture d’assurance adaptée. 66 % des financeurs affirment que la capacité d’un projet à résister aux aléas influence leur volonté d’investir, 69 % leur valorisation du projet et 72 % les conditions financières proposées.

Une méconnaissance des risques qui pèse sur les projets

Si 59 % des producteurs d’énergie affirment que leurs projets sont résilients, la majorité admet un manque d’informations précises sur les facteurs technologiques et environnementaux critiques. Ce déficit de connaissance est exacerbé par un manque de transparence des fabricants d’équipements, une mauvaise compréhension des risques environnementaux et un rythme technologique jugé trop rapide.

Ces incertitudes se traduisent concrètement par une hausse des coûts de construction et d’assurance, et, dans certains cas, par l’impossibilité d’assurer intégralement certains projets. Les assureurs, particulièrement sensibles à ces carences, encouragent de plus en plus le recours à des évaluations de risques externes dès la conception des infrastructures.

Vers une meilleure intégration du risque dans la transition énergétique

Face à ces défis, FM Insurance a renforcé son engagement à travers le programme FM Renewable Energy, lancé en 2024. Ce programme vise à développer des standards de prévention spécifiques aux parcs solaires, éoliens et aux systèmes de stockage d’énergie par batterie (BESS). L’objectif est d’accompagner les producteurs dès la conception de leurs projets pour limiter les sinistres et renforcer leur fiabilité opérationnelle.

Doug Patterson, directeur industrie papetière et énergies renouvelables chez FM, rappelle que la simple souscription d’une assurance ne suffit pas à garantir la pérennité d’un projet. Il insiste sur l’importance d’intégrer dès l’amont des démarches d’ingénierie de prévention pour réduire les coûts, améliorer la fiabilité et faciliter l’obtention de financements et d’assurances compétitives.

Ainsi, en matière de transition énergétique, l’innovation ne pourra pleinement réussir sans une approche renforcée de la gestion des risques, un impératif qui mobilise aussi bien les assureurs, les investisseurs que les producteurs d’énergie.

Vous souhaitez être contacté par notre rédaction ?

    Vous souhaitez être contacté par notre service commercial ?