Fraude documentaire assurance : alerte rouge face à l’IA

En pleine expansion, la fraude documentaire portée par l’intelligence artificielle générative s’impose comme une menace systémique pour l’économie française. Un phénomène qui appelle à une réponse technologique, réglementaire et collective, en particulier dans le secteur de l’assurance.

Une menace invisible qui coûte très cher à l’économie

Selon le premier rapport de l’Observatoire Tessi de la fraude documentaire, ce fléau coûterait plus de 65 milliards d’euros par an à l’économie française, soit l’équivalent de 2,5 % du produit intérieur brut (PIB).

Et l’assurance n’est pas épargnée. Le secteur enregistre à lui seul 2,5 milliards d’euros de pertes chaque année, un chiffre qui reflète l’ampleur d’un phénomène en passe de s’industrialiser grâce aux avancées de l’intelligence artificielle (IA).

Banques, santé, immobilier, fiscalité… tous les domaines sont touchés. La banalisation de ces pratiques est aussi inquiétante : près de 11 % des Français avouent avoir déjà utilisé un faux document. Cette proportion grimpe à 20 % chez les moins de 35 ans, notamment dans les démarches bancaires ou assurantielles, soulignant un risque grandissant pour les métiers du patrimoine, de la relation clients ou encore de la distribution de produits financiers.

L’IA générative, catalyseur d’une fraude de masse

L’année écoulée marque un tournant dans les méthodes utilisées par les fraudeurs. Entre 2023 et 2024, les falsifications numériques ont connu une explosion de 244 %. Un chiffre qui illustre la puissance de l’IA générative, désormais capable de produire des faux documents quasi indétectables, en s’appuyant sur des technologies telles que les logiciels de retouche, les plateformes spécialisées ou encore les outils d’édition automatisée.

Face à cette nouvelle donne, les experts en sécurité, mais aussi les assureurs, doivent repenser leurs stratégies de détection. L’innovation devient une condition sine qua non pour assurer une protection efficace des entreprises et des particuliers.

Des solutions existent, mais doivent être intégrées collectivement

Le rapport de l’Observatoire met en lumière plusieurs pistes technologiques prometteuses : authentification biométrique multifactorielle, analyse documentaire par vision par ordinateur (computer vision), vérification via l’Open Banking (système d’accès aux données bancaires pour des tiers agréés), ou encore le futur portefeuille d’identité numérique européen (EWallet), dont le lancement est prévu en 2026.

Mais la technologie seule ne suffit pas. Pour Emmanuelle Ertel, directrice générale de la digital factory de Tessi, la réponse doit être aussi humaine que technique. Elle appelle à une collaboration intersectorielle accrue, mobilisant assureurs, acteurs publics et entreprises technologiques. L’enjeu : créer une culture commune de la prévention et de la vigilance numérique.

Une priorité pour le secteur de l’assurance

L’assurance, en tant qu’actrice historique de la gestion des risques, est directement concernée par cette montée en puissance de la fraude documentaire. Qu’il s’agisse d’optimiser les outils de vérification documentaire dans les parcours de souscription ou de renforcer les contrôles dans les phases d’indemnisation, les acteurs du secteur sont invités à intégrer ces innovations dans leurs processus.

Plus largement, cette problématique appelle à un travail de fond sur la confiance numérique, un axe clé pour l’avenir des relations clients et la régulation des données. L’articulation entre réglementation, innovation, technologie et sensibilisation constituera le socle d’une réponse durable.

Vous souhaitez être contacté par notre rédaction ?

    Vous souhaitez être contacté par notre service commercial ?