Le télétravail, une forme de conquête sociale ?

La pandémie Covid-19 a fait exploser le télétravail. Le monde économique a découvert que des métiers jugés non « télétravaillables » pouvaient être assurés à distance de façon très qualitative.

Certains économistes considèrent que le télétravail sera l’une des grandes conquêtes sociales du XXIe siècle, comme l’a été la réduction du temps de travail, d’autres qu’il est le terreau de nouvelles inégalités. Quoi qu’il en soit, les accords de télétravail se sont multipliés de façon inédite en quelques mois. Le secteur de l’assurance n’est pas en reste avec un accord de branche et des initiatives au niveau des assureurs.

L’émergence des technologies de l’information et de la communication ainsi que la dématérialisation de certaines activités ont rendu possible le déploiement du télétravail. La législation a évolué pour encadrer ces nouvelles pratiques, comme en témoignent les ordonnances de 2017.

La crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur incroyable. 23 % des actifs français ont ainsi télétravaillé en décembre 2021, période où le niveau de contamination par la Covid-19 était encore élevé.

Voir la vidéo : Comment le télétravail change l’emploi ?

Révolution sociale, chance…

Le télétravail modifie les organisations et les rapports de travail, bouleverse la frontière entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Le télétravail est perçu, par certains, comme une conquête sociale. Le rapport au temps se modifie. C’est le travail même et tant qu’objet sociologique et symbolique qui se retrouve.

Largement documentés dans les nombreuses études sur le sujet, comme par l’Organisation internationale du travail dans son rapport « Working anytime, anywhere : the effects on the world of work » de 2017, les bénéfices potentiels du télétravail tant pour le salarié que pour son employeur sont bien connus.

Le télétravail évite les pertes de temps liées aux transports, le stress des embouteillages, apporte de la flexibilité. Le salarié est soumis à moins de distractions et de sollicitations. Côté entreprise, on constate une augmentation de la productivité, variable selon les métiers, et une baisse de l’absentéisme.

Certains collaborateurs parlent d’une « révolution sociale », d’une « chance » et ne reviendraient pour rien au monde à 5 jours de bureau par semaine.

… mais aussi isolement et inégalités

Cependant le télétravail n’est pas non plus le pays des Bisounours. Il peut engendrer une perte de sens du travail, l’isolement social, un manque de reconnaissance. Les modalités de management à distance peuvent faire naître un sentiment de sur contrôle mal perçu tandis qu’un management trop distant ne permet pas l’identification et la gestion de certains problèmes.

Le télétravail génère également des risques informatiques nouveaux. Par ailleurs, le télétravail est aussi porteur de nouvelles inégalités : inégalités entre les salariés bien installés à leur domicile et les autres, inégalités entre les métiers. Sur les 27 millions d’emplois, 18 millions restent incompatibles avec le télétravail. Il s’agit principalement des artisans, des commerçants, des métiers de la santé ou encore des professions agricoles.

+67 % d’accords télétravail entre 2019 et 2020

Quoi qu’il en soit, dans 50 % des entreprises, une majorité des télétravailleurs veut poursuivre l’expérience. Alors, branches professionnelles et entreprises s’intéressent au sujet, négocient, testent… Le nombre d’accords d’entreprise étant consacré au concept de télétravail a déjà progressé de 67 % entre 2019 et 2020, une tendance qui se renforce encore.

L’assurance, une des premières branches à signer un accord

Dans le monde de l’assurance, France Assureurs et quatre organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC et UNSA) représentatives du secteur de l’assurance ont conclu en décembre 2021 un accord sur le télétravail, inédit pour cette branche professionnelle.

Il vise à faciliter, sécuriser et intensifier le télétravail au sein des 260 sociétés d’assurances en France, soit 150 000 salariés concernés. L’assurance est l’une des toutes premières branches à se doter d’un tel accord.

L’expérience acquise pendant la crise sanitaire à cette occasion en matière de télétravail a permis aux employeurs de la branche assurance et à leurs partenaires sociaux d’être aujourd’hui parmi les plus avancés en matière d’organisation du travail à distance : environ 9 entreprises d’assurance sur 10 sont dotées d’un accord d’entreprise et la très large majorité des salariés du secteur ont la possibilité de télétravailler.

A titre d’exemple, le groupe IMA a signé en 2021 un accord d’entreprise qui prévoit un forfait annuel de jours de télétravail pouvant aller jusqu’à 100 jours par an pour un CDI. Les jours devront être posés en concertation avec son manager. L’accord prévoit également une indemnité forfaitaire de 2,30 euros par jour télétravaillé, destinée à compenser les frais professionnels.

Le télétravail devrait continuer de se développer. En parallèle apparaissent de nouvelles organisations du travail, notamment le flex office par lequel le salarié ne dispose plus d’un poste dédié, mais a accès à différentes typologies de postes en fonction de ses tâches et de ses envies. Une autre façon de concevoir le travail en ce XXIe siècle.

Sources : enquête de la Dares, communiqué de presse France Assureurs, données Internet

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