Evolution des métiers et des compétences de l’assurance

L’Observatoire de l’évolution des métiers et des compétences de l’assurance a publié lundi 19 juin, son Baromètre prospectif 2023. Après ses premières estimations sur l’évolution des effectifs au 31 décembre 2022, la pénurie des ressources et la transformation digitale ont été choisi comme fils conducteurs du Baromètre prospectif 2023 de l’évolution des métiers et des compétences de l’assurance.

MàJ le 07/07/2023

1ères estimations de l’évolution des effectifs de l’assurance au 31/12/2022

A début juin 2023, l’enquête ROMA a atteint une représentativité de 92,4 % en termes de réponses dans le périmètre de France Assureurs.

À partir de cette base presque complète, il est observé que l’année 2022 suit la tendance à la hausse, déjà engagée de longue date, en ce qui concerne l’emploi dans l’assurance. Avec un effectif total de 154 700 employés à la fin 2022, ce ne sont pas moins de 1 400 collaborateurs supplémentaires qui ont rejoint les entreprises du secteur. Ainsi, au cours des 10 dernières années, la création de postes durables a dépassé les 7 000 personnes, soit une augmentation de 5%.

En accord avec cette expansion des ressources humaines, le flux des embauches demeure soutenu et atteint même un niveau sans précédent avec 18 300 recrutements effectués. Les départs, en particulier ceux qui sont liés à la génération du baby-boom, sont donc amplement compensés et ne représentent plus un problème.

De son côté l’alternance profite de cette tendance générale. L’année 2022 confirme l’intérêt mutuel des étudiants et des entreprises pour l’apprentissage, une méthode spécifique d’insertion professionnelle qui permet de concilier :

  • acquisition de connaissances académiques ;
  • apprentissage d’un métier ;
  • et accès à l’emploi.

Pour preuve, 4 600 nouveaux apprentis ont été accueillis dans des compagnies d’assurance en 2022, ce qui porte leur effectif total à près de 6 700 soit une augmentation de 4,7%.

Baromètre prospectif 2023

Dans des secteurs extrêmement différents comme l’eau, l’énergie, l’argent ou les compétences, la pénurie croissante des ressources prend une place prépondérante. Avec la transformation digitale boostée par la solution d’intelligence artificielle développée par Open AI, ce baromètre prospectif a trouvé les deux fils conducteurs de son étude.

Quelles sont les grandes tendances du secteur de l’assurance ?

Après l’illusion d’un droit d’accès aux ressources sans restriction, des marqueurs signalent la fin d’une certaine abondance :

  • inflation et taux d’intérêt plus élevés ;
  • prix de l’énergie et des matières premières volatiles ;
  • tensions liées à la baisse du chômage sur le marché du travail…

Dans ce contexte, c’est l’augmentation des coûts de production qui interpelle plus directement les entreprises d’assurances. « Tout particulièrement, la croissance des coûts de la réparation automobile (+7,9% pour l’indice SRA en 2022) ou des travaux dans le bâtiment (+8,3% pour l’indice FFB) pèsent sur le principal poste de coûts de l’assurance Dommages. » précise le rapport de l’Observatoire.

Ainsi, entre les demandes gouvernementales pressantes de modération de leurs tarifs et l’augmentation de leurs charges, les assureurs se retrouvent face à l’exigence d’un meilleur réglage entre :

  • majorations tarifaires ;
  • performances financières ;
  • et fidélisation des clients.

A l’actif de leur bilan, la brusque envolée des taux d’emprunts d’Etat se traduit en effet par une baisse spectaculaire de leurs portefeuilles obligataires. Et surtout, les ressources humaines font, pour la première fois, leur entrée dans la cartographie des risques identifiés par la branche. Alors qu’en parallèle, et malgré des métiers de l’assurance plus que jamais en mouvement, la crainte d’une insuffisance de compétences techniques se fait de plus en plus grande.

« A l’heure où notre propre branche doit relever le défi du renouvellement de ses baby-boomers, on peut penser à cultiver certaines attitudes, notamment ne pas présumer que la compétence technique soit définitivement acquise. Bien qu’indispensables en effet, les compétences relationnelles ne constituent pas une fin en soi. Sans s’opposer à la maîtrise de la technique, qui reste un socle incontournable, elles doivent au contraire servir sa valorisation. Ainsi, remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier en s’assurant de la conversion effective de la formation en savoir-faire constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises »(Cf. Les métiers en tension – p. 33).

Chaîne d’activités et métiers de l’assurance : IA, l’enquête qui reste à faire…

C’est dans ce contexte que la rapidité d’expansion et d’utilisation par le grand public de ChatGPT est un véritable phénomène. Le Generative Pre-trained Transformer (pour GPT) est un outil capable de traiter une masse incommensurable de données. Mais GPT c’est également une « General Purpose Technology » qui présente trois spécificités qui la distinguent d’une innovation ordinaire :

  • une capacité à être utilisé dans de nombreuses activités humaines ;
  • des performances qui augmentent avec son usage ;
  • son potentiel à faciliter l’émergence ou le développement d’autres innovations.

Alors, comment expliquer que l’impact de l’intelligence artificielle s’avère limité dans l’assurance et l’emploi toujours aussi dynamique (+5%) ?

Selon les économistes, il est classique qu’une trop faible croissance de la productivité perdure longtemps après l’arrivée d’une technologie de rupture. Ainsi, on peut envisager qu’à ce rythme, une dizaine d’années seront nécessaires à voir poindre un impact significatif de l’IA dans le paysage des métiers de l’assurance. Même si ses effets potentiels devraient constituer un chantier prioritaire pour l’avenir des métiers, des compétences et de l’emploi dans l’assurance.

Difficultés de recrutement, quelles pistes de réflexion et d’actions RH ?

Pour l’immédiat, la préoccupation principale des entreprises d’assurance c’est de pourvoir les postes vacants dans un contexte où les tensions sur le marché du travail obligent les DRH à changer de modèle. Les plateformes digitales, qui s’étaient imposées comme un canal de recrutement privilégié, perdent en efficacité tandis que recruter dans le Métavers devient la nouvelle tendance.

Mais face à la pénurie de candidats, les meilleurs recrutements ne seraient-il pas ceux que l’on n’a pas besoin de (re)faire ? Avec pour solution une meilleure dynamique dans :

  • la répartition CDI/CDD ;
  • la fidélisation des alternants à l’issue de leur formation ;
  • l’importance du maintien dans l’emploi des séniors ;
  • et, de manière plus générale, l’évolution du turnover.

Cependant, les difficultés de recrutement ont également eu des effets positifs en stimulant l’innovation RH. On constate notamment une plus grande agilité dans le processus d’embauche, un recours plus important à la cooptation, une plus grande attention aux entrées et aux départs de l’entreprise : des évolutions qui sont à mettre au crédit de la période !

Vous souhaitez être contacté par notre rédaction ?

    Vous souhaitez être contacté par notre service commercial ?