« La gestion de sinistre n’a pas fait sa révolution digitale »

Insurtech France collabore avec l’Assurance en mouvement sur une série d’interviews de dirigeants d’Insurtechs. Nous avons échangé avec Steve Saez, directeur général de Réflexe Accident, plateforme innovation d’assurance indépendante de gestion de sinistres.

Quel est votre parcours et quelles sont vos passions ? 

J’évolue dans le monde des assurances et de l’innovation depuis plus de 20 ans. J’ai notamment été cadre du service assurance du groupe La Poste, j’y ai débuté en tant que gestionnaire de sinistres, en apprenant le métier de façon traditionnelle. Ensuite, j’ai eu envie d’indépendance, d’entreprenariat et de sortir des sentiers battus. Ayant goût pour la tech, je me suis intéressé aux façons dont je pourrais digitaliser les process de gestion de sinistres, qui sont longs et parfois fastidieux. J’ai une culture geek et apprécie beaucoup les nouvelles technologies et leurs usages concrets. C’est ainsi qu’est né Réflexe Accident, en 2015, première plateforme de gestion de sinistres indépendante.

Quelle est la genèse de la création de Réflexe Accident ? 

Dès 2015, nous avons créé la première plateforme de gestion de sinistres auto, indépendante des assurances, avec un logiciel de gestion de sinistres dédié. De fil en aiguille, nos clients professionnels nous ont demandé d’autres outils tech pour mieux maîtriser leur sinistralité : notre solution Izzyconstat a été créée pour répondre à leurs besoins.

Quels sont les périmètres serviciels de votre insurtech et son apport dans son périmètre ? 

La digitalisation de la gestion sinistres en assurance n’en est qu’à ses débuts. Nous sommes convaincus que cela passe en priorité par la digitalisation du constat auto. Un constat numérique augmenté est la véritable condition pour améliorer tous les processus, voire les automatiser et rendre service à tout le monde, clients et assureurs. Avec Izzyconstat, les assureurs peuvent digitaliser l’ensemble de leur gestion de sinistre auto. Pour les conducteurs particuliers et professionnels et les utilisateurs de vélo / trottinette, nous proposons une expérience de création de constat amiable universel plus facile, pratique, rapide et sécurisante.

Pour les responsables de flottes automobiles, nous mettons à disposition un outil complet de maîtrise de leur risque auto et de réduction de sinistralité. L’outil est aussi, pour les assureurs, un moyen de réduire le risque fraude. Tout le monde est gagnant !

Quels sont vos constats actuels de l’assurance ?

Le domaine de la gestion de sinistre n’a pas encore fait sa révolution digitale. Avec des process et des outils parfois assez anciens, l’expérience client en cas de sinistre n’a pas beaucoup évolué et génère frustrations et mécontentements. Preuve en est que l’après sinistre demeure toujours une des sources principales de résiliation par les clients….

L’assurance est un domaine où l’on apprend tout le temps, où l’on se doit de se perfectionner pour arriver à suivre. Mais elle est fondée sur des principes anciens qui ont du mal à évoluer. Les grosses sociétés d’assurances ont souvent des difficultés à suivre ce mouvement qui s’accélère. Les startups comme la nôtre peuvent insuffler le souffle, créer, tenter, échouer parfois, mais en tout cas faire avancer les choses.

Votre vision des évolutions du secteur ?

Je pense que l’assurance pourrait attirer, dans les prochaines années, un nouvel entrant des nouvelles technologies, venu de l’étranger, qui capitaliserait sur tous les outils techs de rupture (dont l’IA et la blockchain) pour développer des processus très performants, à moindres coûts, notamment sur la partie gestion de sinistres.

Quelles sont vos convictions ?

La prise de risque va souvent à l’encontre de nos envies de sécurité. Cependant, une société, au sens large, n’avance pas sans « aventuriers » qui vont prendre des risques pour innover. Ces pionniers vont ouvrir la voie pour créer de nouveaux modèles, souvent plus bénéfiques pour le bien commun. Le véritable risque n’est-il pas l’immobilisme ?

Le secteur se trouve face à un tournant technologique majeur, sur toute la chaîne de valeur des risques et de l’assurance, y compris les étapes en aval comme la gestion de sinistres ; un sujet-clé en matière d’expérience et de satisfaction client. Construire des partenariats entre acteurs établis et startups Assurtech françaises est une formidable opportunité pour saisir ce changement, se rapprocher des clients et conquérir de nouveaux marchés.

Vous faîtes partie d’Insurtech France*, l’association de la tech et de l’assurance. Quel est l’apport son apport pour les acteurs du secteur ?

C’est une grande chance de pouvoir discuter, réseauter, s’exprimer sur des sujets communs, afin de mieux se faire connaître et de se tenir informé de tout ce qui se passe sur le marché.

* Voir interview de Pierre Bonodot, secrétaire général d’Insurtech France.

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