ITW de Catherine Charrier-Leflaive, Présidente du Jury Trophées de l’Assurance 2020

Catherine Charrier-Leflaive vous êtes Directrice Générale Adjointe de la BANQUE POSTALE, en charge de l’Assurance et vous avez accepté d’assurer la co-présidence du Jury des Trophées de l’Assurance 2020. Quelles sont les principales raisons qui vous ont fait accepter notre sollicitation ?
Les  Trophées de l’Assurance est un évènement annuel qui est devenu une institution pour nous assureurs, qui valorise et récompense toutes les initiatives sur l’innovation. J’ai été très honorée d’être sollicitée pour coprésider le jury de cette 19ème édition, et ce d’autant plus aux côtés de Stéphane Dedeyan, un grand professionnel de l’assurance avec lequel je partage une grande complicité depuis 18 ans !
La transformation actuelle des usages et des comportements des Français est réelle. Comment la BANQUE POSTALE, sur la partie relative à l’Assurance accompagne-t-elle ces transformations ?
A La Banque Postale, nous avons déjà lancé de nombreuses initiatives pour répondre aux nouveaux usages et comportements de nos clients. Je vais citer quelques exemples illustratifs. Sur l’assurance IARD, nous disposons d’une offre MRH 100% digitale adossée à Ma French Bank, notre banque digitale. En Santé, grâce à un partenariat avec + Simple nous avons lancé une offre tout en un à destination des PRO/TPE et des TNS avec une expérience client digitale et un modèle opérationnel de bout-en-bout. En ce qui concerne l’assurance-vie, en lien avec notre raison d’être d’Assureur Citoyen et la demande croissante de nos clients de donner du sens à leur épargne, nous serons le premier bancassureur dont 100% des fonds labellisés ISR fin 2020.
Enfin, nous disposons également d’un incubateur, Platform 58, qui aide les fintech et insurtech à se développer et croître au démarrage de leur activité (15 start-up incubées en à peine 2 ans). Cela permet à La Banque Postale d’une part de disposer d’une bonne vision des tendances du marché en matière d’innovation dans le secteur des services financiers et d’autre part de nouer des partenariats de manière opportuniste. A titre d’exemple, nous travaillons avec Seyna, la toute dernière compagnie d’assurance agréée, incubée au sein de Platform58, et la marketplace « billetterie » du groupe La Poste afin de mettre en marché une assurance annulation.
Quelles sont les ambitions fortes autour des offres et des services innovants portés par la BANQUE POSTALE ?
Nous sommes également en train de définir notre plan stratégique à horizon 2030 et avons donc identifié des initiatives nous permettant d’être au plus près des nouvelles attentes clients. Sur l’offre par exemple, nous souhaitons concevoir une offre packagée globale IARD de type all-in-one (domicile, auto, famille) personnalisée par segment de clientèle grâce aux data et à l’IoT et évolutive en fonction des moments de vie et des usages. Nous souhaitons également faire évoluer la relation au contrat d’assurance, avec une logique d’abonnement et d’activation automatique de couvertures et de services (ex. voyages, utilisation ou non de véhicule). Enfin, à l’heure de la banalisation des offres, nous allons intégrer à nos offres une gamme élargie de services par univers de besoin (mobilité, logement, santé, scolarité-Loisirs, voyages) et par segment de client, en capitalisant sur l’ensemble des actifs de notre pôle financier public (Caisse des Dépôts, La Poste, La Banque Postale, et CNP Assurances).
Que pensez-vous de l’innovation dans le secteur de l’assurance, quels sont vos constats ? Selon vous quels sont les principaux chantiers, les principales tendances à venir du secteur de l’assurance ?
L’innovation dans le secteur de l’assurance a été accélérée par 2 inducteurs majeurs. Tout d’abord, les nouveaux usages des clients, qui, couplés aux évolutions technologiques, s’autoalimentent pour accélérer la transformation afin d’offrir des services avec une plus grande personnalisation, flexibilité et instantanéité. Ensuite, l’arrivée de nouveaux acteurs, les GAFAM et les assurtech, dont l’ADN est par essence l’innovation, nous impose leurs standards de qualité en matière d’expérience utilisateur et de fluidité des parcours clients.
S’agissant des tendances à venir, nous constatons, grâce à la digitalisation et l’automatisation, la capacité de certaines assurtech à adresser des cibles, du type TPE/PME, qui étaient historiquement délaissées car trop coûteuses pour un réseau de distribution physique. C’est le cas par exemple de + Simple ou Hoggo avec qui nous collaborons mais également de Coverflex ou encore SingularCover.
De plus, nous observons que, dans une logique d’optimisation du modèle opérationnel, certaines start-up se spécialisent sur la gestion des contrats et des sinistres afin d’apporter de la valeur aux acteurs traditionnels notamment grâce à l’IA et de contribuer à la réduction des coûts. Je peux citer Predilex, qui s’appuie sur l’IA pour estimer les dommages corporels (incubée également par Platform58) ou Shift Technology pour la détection de fraude dans les dossiers sinistres grâce à l’IA avec lesquels nous travaillons depuis plusieurs années. Nous allons aller vers de plus en plus d’automatisation dans la gestion des sinistres notamment pour les cas les plus standards et usuels.
Enfin, nous constatons la progression des écosystèmes ouverts (open insurance) qui permettent de travailler avec des partenaires variés, tant institutionnels que retails, avec un time-to-market redoutable et des outils technologiques performants. Ces écosystèmes permettent en particulier d’adresser les nouveaux besoins de consommation, appelés plus usuellement assurance « as a service » ou encore « as a platform ».
Pour terminer sur deux points d’actualité, certains prônent l’intégration d’une garantie dépendance en inclusion de la complémentaire santé et sur un autre sujet réglementaire, au 1er décembre 2020, l’exécutif mettra en œuvre la nouvelle loi sur la résiliation infra-annuelle dans le secteur de la complémentaire santé. Quelles sont vos positions sur ces deux sujets ?
La dépendance et la perte d’autonomie constituent un enjeu sociétal majeur compte-tenu du contexte démographique, accentué par la crise sanitaire et le développement du « bien vieillir » à domicile.
Le rapport Libault évalue à 30 Milliards d’euros les dépenses annuelles consacrées à la perte d’autonomie avec un reste à charge pour les ménages estimé à 6 Milliards d’euros. Ces montants risquent de s’accroître dans les années à venir. En tant qu’assureurs, si nous saluons l’initiative lancée par le gouvernement au sortir du confinement de créer la 5ème branche avec des propositions de financement à partir de 2024 de l’ordre de 2,3 Mds€, nous sommes convaincus que l’assurance a un vrai rôle complémentaire à jouer pour diminuer au maximum le reste à charge des personnes en situation de dépendance.
Notre rôle, en tant qu’assureur citoyen du pôle financier public, est d’accompagner au mieux ce vieillissement de la population. Aux côtés de la FFA et de la FNMF, nous promouvons l’idée d’une couverture universelle de base qui pourrait s’appuyer sur un système de solidarité intergénérationnelle par répartition, permettant un niveau de cotisation accessible au plus grand nombre et le versement, dès son lancement, d’une rente minimale (entre 400 et 500 € par mois par exemple) aux personnes en situation dépendance.
Nous devons également permettre l’articulation de cette couverture universelle avec un deuxième niveau d’assurance complémentaire afin de couvrir d’autres besoins en matière de services, d’assistance, ou même d’épargne-retraite, lesquels sont profondément liés à la prise en charge du grand âge.
Ce même rapport Libault soulignait que le travail informel des 3,9 millions d’aidants pouvait se valoriser entre 7 et 18 Milliards d’euros. Nous sommes au travail pour permettre à ces aidants, qui sont généralement des actifs, de bénéficier de garanties et de services complémentaires dans leurs contrats d’assurance santé et prévoyance.
Enfin sur la résiliation infra-annuelle en santé, elle s’inscrit dans la continuité des mesures gouvernementales favorisant à la fois la mobilité des clients et l’ouverture des marchés. Malgré tout, et compte-tenu des retours d’expérience des lois Hamon et Bourquin, les acteurs dominants que sont les IP et mutuelles qui accompagnent historiquement leurs clients sur ces besoins devraient préserver leurs parts de marché. Le courtage aura sans doute un rôle important à jouer pour que cela ne se transforme pas en une simple guerre de tarifs au détriment du niveau de couverture.
ITW de Jean-Luc Gambey – L’assurance en Mouvement / Vovoxx

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