Assurer son logement n’est désormais plus seulement une affaire de prix. Dans le tumulte d’un Paris encore populaire, Lola découvre que l’assurance aussi peut parfois permettre de s’engager, et comprend que ce geste, somme toute assez banal, la souscription d’un contrat d’assurance, peut également cacher un engagement solidaire.*
Paris, dans le futur – La pluie s’abat sans relâche sur la ville. Depuis plusieurs années déjà, les météorologues ne parlent plus de « mauvais temps », le dérèglement climatique est permanent.
Lola avance d’un pas rapide, serrant contre elle son sac de toile élimé. Elle vient de finaliser l’achat de son nouvel appartement, boulevard de Charonne. Le QR code de son identité numérique vient de finaliser automatiquement son acte d’achat, validé par le voicebot du notaire, dopé par Claude, l’IA référence aujourd’hui. Son logement, un deux pièces modeste est très bien placé, au-dessus d’un tiers-lieu où les habitants viennent autant pour acheter du pain, que recharger leur vélo ou discuter autour du mur digital d’informations et d’annonces très locales. Son appartement lui paraît minuscule mais précieux. Reste à valider son assurance.
Elle pousse la porte du café de quartier, refuge précaire contre la bourrasque. La salle étroite, aux murs fatigués, respire une odeur de café synthétique et de chaleur électrique. Les habitués gardent entre leurs doigts, leurs sticks d’aromathérapie aux effluves discrets de thym ou de lavande. Il se joue les scènes d’un quotidien immuable : un étudiant télécharge son journal à la demande ; deux ouvriers en combinaison connectée font tourner une roulette virtuelle sur la paume de leurs mains ; une femme se réchauffe et déguste son bol de maté, ses sacs remplis de produits achetés via la carte verte, le programme national qui subventionne les denrées locales et durables. Tous semblent absorbés par leurs tâches ordinaires, figés dans une concentration lourde de fin de journée.
Lola s’installe près de la vitre embuée et sort une plaque fine et souple, translucide, qui se déploie comme une feuille lumineuse. L’écran de son téléphone, s’allume aussitôt, agressif, inondant ses yeux de slogans contextuels criards : « L’assurance qui protège vos rêves », « La sérénité au meilleur prix ». Les formules, recyclées depuis des décennies, sonnent encore comme l’écho d’un temps passé.
Elle lance son agrégateur de comparateurs d’assurance. Les colonnes défilent, des offres identiques comme des uniformes. Tarifs serrés, franchises variables d’un souffle, garanties perçues comme similaires, mensualités grattées à coups de centimes. L’assurance apparaît dans sa nudité : une marchandise sans âme, réduite à ses chiffres et des mots qui se ressemblent.
Mais au milieu de la grisaille de l’offre, certains encadrés accrochent son regard. Certains assureurs exposent leurs engagements. L’un proclame : « chaque contrat participe au financement de la restauration d’un mètre carré d’habitat naturel (zones humides, haies, forêts urbaines). ». Les autres annoncent : « Zéro investissement dans les énergies fossiles.» « 5 % de vos primes consacrés aux victimes des catastrophes climatiques en France. » Plus bas : « Publication publique de nos algorithmes de tarification. » Une autre offre se distingue par la mention « Gouvernance exemplaire : parité garantie, 50 % de femmes dans nos instances dirigeantes. ».
Lola reste immobile. Ces phrases, encore minuscules, face à la masse des chiffres, trouent la monotonie comme une bouffée d’oxygène. Elle lève les yeux. Dehors, la pluie balaie les rues, les drones récupèrent les papiers recyclables, les enfants ne jouent plus dans la rue. Lola pense aux villages noyés, aux oiseaux disparus, aux femmes relogées en urgence.
Autour d’elle, le café bruisse, le bruit des notifications sonores du journal à la demande, les rires brefs des ouvriers, le soupir de la femme au maté. Chacun cherche un peu de stabilité.
Lola regarde son écran. Son identité numérique tremble au-dessus du bouton « Souscrire ». Ce geste banal lui paraît soudain lourd : est-ce un achat, ou un vote ? Peut-être une orientation, ou une nouvelle forme de solidarité ?
La pluie redouble, martèle la vitre comme pour rappeler que le ciel est toujours menaçant. Lola inspire. Sa réflexion demeure, suspendue dans son esprit comme une promesse : l’assurance ne se contente plus de protéger des biens, elle s’engage pour un meilleur avenir commun. Lola clic, choisit son engagement et ensuite souscrit son contrat.
*Nouvelle d’Assurance-fiction produite par ©Jean-Luc Gambey – l’Assurance en mouvement : le 03/11/2026

