Une étude met en lumière la banalisation des falsifications sur les CV et interroge les pratiques de recrutement dans un marché concurrentiel.
Dans un secteur comme celui de l’assurance, où l’intégrité des profils est un pilier fondamental pour la confiance des clients, la récente étude de Preply sur les falsifications de CV en France questionne directement les pratiques de recrutement, d’évaluation des compétences et de gestion des talents. Selon cette enquête menée auprès de 1 500 répondants, plus de la moitié des candidats admettent avoir déjà modifié ou exagéré des éléments de leur parcours professionnel. Ces données révèlent des enjeux cruciaux pour les ressources humaines, particulièrement dans des métiers liés à la gestion du patrimoine, à la souscription, ou au pilotage des risques.
Le maquillage de CV : une pratique plus répandue qu’on ne le pense
Derrière une apparente anecdote, les chiffres interpellent. En 2025, 55 % des Français déclarent avoir déjà embelli leur curriculum vitae pour maximiser leurs chances face à des recruteurs exigeants. Si certains se contentent de reformuler des intitulés de poste ou d’amplifier leurs responsabilités, 10 % vont jusqu’à inventer des expériences professionnelles ou à mentionner un diplôme jamais obtenu.
Dans le secteur assurantiel, où les qualifications techniques (actuariat, conformité, gestion des risques) sont centrales, ces pratiques peuvent entraîner des erreurs de casting lourdes de conséquences, notamment en matière de conformité réglementaire ou de relation client.
Des ajustements à haut risque pour les recruteurs
L’étude distingue plusieurs types de falsification : exagération de résultats professionnels (8 %), transformation de CDD en CDI (9 %), ou encore prétention de compétences techniques non maîtrisées (7 %). Pour les recruteurs, il devient essentiel d’adapter leurs méthodes d’évaluation, en privilégiant les tests techniques, les entretiens approfondis et la vérification systématique des références.
Dans les fonctions sensibles de l’assurance, un manque de vigilance dans la validation des parcours peut entraîner des défaillances dans la gestion des contrats, des erreurs de tarification ou encore des litiges clients. Ces risques mettent en lumière l’importance d’une culture RH fondée sur l’authenticité et la traçabilité des compétences.
Comprendre les motivations : entre pression et perception d’inégalité
Les candidats qui enjolivent leur parcours ne le font pas toujours par malveillance. Certains cherchent à compenser une période d’inactivité, d’autres à échapper à des discriminations perçues. Dans un contexte où la compétition est accrue, l’accès à l’emploi peut devenir un facteur de stress, surtout pour les jeunes diplômés ou les personnes en reconversion.
Mais ces ajustements, même minimes, peuvent devenir des leviers de perte de confiance dans la relation employeur-employé. Pour un secteur comme l’assurance, qui repose sur la fiabilité des engagements et la transparence des processus, l’intégration de collaborateurs sincères est un impératif stratégique.
Vers une culture de la compétence réelle et de la formation continue
Face à ces constats, les professionnels des ressources humaines dans l’assurance ont un rôle clé à jouer. Au-delà du filtre initial, il est nécessaire de promouvoir des parcours d’apprentissage continu et d’évaluation certifiée des compétences. Par exemple, offrir à des candidats non diplômés des formations internes sur les normes IFRS, la réglementation Solvabilité II ou les outils de CRM, peut devenir une réponse constructive aux falsifications de CV.
L’investissement dans le développement des compétences réelles, y compris dans les soft skills, permettra de réduire l’écart entre les attentes du marché et la réalité des parcours. C’est aussi une façon d’attirer des talents en quête de perspectives, sans les pousser à tricher.