Le début de l’année 2025 a marqué un tournant pour les épargnants français, avec une nette diminution de la collecte du Livret A, du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) et du Livret d’Épargne Populaire (LEP).
Cette tendance s’explique par l’annonce de la baisse de leur rémunération, effective depuis le 1er février 2025.
Une collecte en chute libre pour le Livret A
Le Livret A, souvent perçu comme un refuge en période d’incertitude économique, a enregistré sa plus mauvaise collecte de ces neuf dernières années. En janvier 2025, celle-ci s’est limitée à 350 millions d’euros, en nette baisse par rapport aux 2,99 milliards d’euros de décembre 2024 et aux 2,27 milliards d’euros de janvier 2024. Pour retrouver un tel niveau, il faut remonter à janvier 2016, où la collecte avait été négative à hauteur de -850 millions d’euros.
Historiquement, le premier mois de l’année est un moment clé pour l’épargne réglementée, les ménages y déposant une partie de leurs primes et étrennes. Cependant, l’annonce par le ministre de l’Économie d’une réduction du taux de rémunération du Livret A, passant de 3 % à 2,4 %, a considérablement refroidi l’appétit des épargnants. Cette baisse pourrait avoir des répercussions sur les mois à venir, une tendance généralement observée après chaque diminution du taux d’intérêt.
Malgré cette performance mitigée, l’encours total du Livret A atteint un niveau record de 442,9 milliards d’euros.
Le LDDS résiste mieux mais suit la même tendance
Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a également souffert de cette baisse de rémunération, mais dans une moindre mesure. En janvier 2025, sa collecte s’élève à 460 millions d’euros, un chiffre en ligne avec la moyenne des dix dernières années (457 millions d’euros). Néanmoins, cette performance reste inférieure aux 980 millions d’euros de janvier 2024 et aux 940 millions d’euros de décembre 2024.
Le LDDS, souvent utilisé en complément du compte courant principal, bénéficie d’une meilleure résilience grâce à sa facilité d’accès et à son intégration dans la gestion quotidienne des finances des ménages. À l’instar du Livret A, le LDDS a atteint un encours record de 161 milliards d’euros en janvier 2025.
Le LEP durement touché par la réduction de son taux
Le Livret d’Épargne Populaire (LEP), destiné aux ménages modestes, a connu un net ralentissement de sa collecte en raison de la réduction de son taux d’intérêt, qui est passé de 4 % à 3,5 % au 1er février 2025. En janvier, les dépôts sur ce produit d’épargne ont chuté à 110 millions d’euros, contre 630 millions en décembre 2024 et 1,92 milliard en janvier 2024.
Malgré cette baisse significative, le LEP continue de jouer son rôle de produit d’épargne attractif pour les ménages à faibles revenus, son encours atteignant un nouveau record de 82,3 milliards d’euros.
Vers un changement de comportement des épargnants ?
Depuis février 2023, les épargnants bénéficiaient d’un taux du Livret A figé à 3 %, une situation qui, couplée aux incertitudes économiques (inflation, tensions géopolitiques, crise énergétique), avait favorisé une collecte massive. La baisse actuelle de la rémunération pourrait marquer un tournant, incitant les ménages à se tourner vers d’autres supports d’épargne plus rémunérateurs, tels que l’assurance-vie ou les plans d’épargne retraite.
Si les tendances se confirment, cette évolution pourrait signifier un rééquilibrage progressif entre épargne de précaution et placements à long terme, sous réserve que les incertitudes économiques et financières ne viennent pas perturber davantage les choix des ménages.
