Portées par l’« effet JO » et malgré des tensions énergétiques et géopolitiques, les ETI françaises abordent 2025 avec confiance.
Au quatrième trimestre 2024, l’International Business Report (IBR) du Groupe Grant Thornton a interrogé 171 dirigeants français d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) sur leurs perspectives à un an. Cette enquête révèle un climat globalement optimiste pour l’économie française. Ainsi, 56 % (+3 % par rapport au trimestre précédent) des patrons d’ETI se disent confiants quant à la conjoncture des douze prochains mois, un niveau qui se rapproche de celui enregistré dans l’ensemble de l’Union européenne (60 %). Malgré un environnement international marqué par la dette, des enjeux politiques et des tensions géopolitiques, la tendance demeure à la hausse depuis le début de l’année 2024.
Cette progression tient en partie à l’« effet JO ». Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont contribué à conforter l’optimisme des chefs d’entreprise : 64 % d’entre eux estiment que la manifestation a eu un impact positif sur leur activité. De même, 63 % considèrent que cet événement planétaire a « boosté » la visibilité du savoir-faire tricolore sur la scène mondiale.
Revenus en hausse et rentabilité accrue
Alors que la confiance s’installe, la rentabilité se redresse également. Au quatrième trimestre 2024, 54 % (+5 % par rapport au trimestre précédent) des dirigeants anticipent une progression de leurs bénéfices, un indicateur qui retrouve un niveau majoritaire après un léger repli observé pendant l’été. La dynamique française se révèle même supérieure à la moyenne européenne, établie à 51 %.
Côté revenus, 66 % (+8 %) des ETI prévoient une augmentation de leur chiffre d’affaires sur l’année à venir, un pic inédit depuis 2019. Cette embellie dépasse par ailleurs la tendance de l’Union européenne (60 %) et, pour la première fois, la moyenne de l’ensemble des 31 pays sondés dans l’IBR (64 %).
Les exportations ne sont pas en reste : 49 % (+5 %) des répondants misent sur une croissance de leurs ventes à l’étranger dans les douze prochains mois. Après une période d’hésitation, ce regain de vitalité place la France devant ses voisins européens (46 %), confirmant une reprise progressive des échanges internationaux.
Investissements : des priorités réajustées
En matière d’investissements, 58 % des entrepreneurs envisagent de placer dans les nouvelles technologies, un chiffre en baisse de 5 % par rapport au trimestre précédent et proche du niveau de l’Union européenne à 60 %. Cet indicateur régresse pour la deuxième fois consécutive mais reste supérieur aux 42 % de la fin du premier semestre 2023. Cette pause pourrait résulter des efforts intensifs des dirigeants durant les trois premiers trimestres de 2024 pour intégrer l’IA et transformer numériquement leurs ETI. Après ces investissements, les entrepreneurs veulent maintenant évaluer les bénéfices obtenus.
À l’inverse, l’innovation prend un tournant déterminant dans les plans stratégiques : 54 % (+7 %) des structures de taille intermédiaire projettent d’accroître leur budget de R&D, un record depuis le début de l’étude. Les systèmes d’information continuent également de progresser (56 %, +2 %), témoignant d’une volonté de consolider des outils numériques déjà largement adoptés en 2024.
En ce qui concerne l’outil de production, 48 % (-1 %) des dirigeants prévoient de l’améliorer, tandis que 43 % souhaitent investir dans de nouveaux bâtiments. Par ailleurs, la formation des collaborateurs reste un sujet crucial : 46 % des ETI envisagent de renforcer les compétences en interne, un taux stable depuis trois trimestres.
Emploi : salaires en hausse et maintien des effectifs
Sur le plan social, la tendance est à l’augmentation générale des rémunérations : 92 % (+4 %) des ETI affirment vouloir revaloriser les salaires au cours de l’année 2025, un record historique dans l’IBR. Cette démarche de préservation et de fidélisation des talents apparaît cohérente avec l’intention de recruter davantage : 51 % (+7 %) des entreprises prévoient une hausse de leurs effectifs, un niveau supérieur à la moyenne de l’Union européenne. Malgré un climat économique encore incertain, la priorité semble être de consolider le capital humain déjà en place et d’attirer de nouvelles compétences.
Des préoccupations persistantes
Plusieurs points de vigilance demeurent. Le coût de l’énergie figure en tête des inquiétudes pour 58 % (+2 %) des interrogés, suivi de près par la difficulté à trouver des collaborateurs qualifiés, mentionnée par 50 % (+4 %) des dirigeants. Le poids de la main-d’œuvre (49 %) et la menace cyber (48 %) restent également des sujets sensibles. Par ailleurs, 47 % (-1 %) des chefs d’entreprise pointent la complexité normative et réglementaire, tandis que 47 % (+9 %) font état de préoccupations liées aux contraintes environnementales et à la raréfaction des ressources.
La situation géopolitique internationale et le climat économique global suscitent une progression notable des craintes, atteignant 46 % (+4 %). Enfin, l’accès aux financements se maintient à 33 % (+1 %) dans un contexte de taux moins élevés qu’en 2023, mais toujours scrutés par les acteurs économiques.
Les tendances émergées fin 2024 laissent entrevoir une année 2025 placée sous le signe d’une certaine stabilité, portée par la volonté de maintenir les emplois existants et de continuer l’embauche. Dans le même temps, l’effort d’investissement s’oriente vers le renforcement de l’innovation et une transformation numérique plus ciblée, tandis que l’« effet JO » aura consolidé la confiance générale.