Cambes-en-Plaine, Tergnier, Échirolles… Partout en France, des collectivités lancent leurs mutuelles communales. Ces dispositifs visent à proposer des cotisations réduites, tout en assurant une couverture adaptée. Gros plan sur ce phénomène.
Depuis quelques années, un nombre croissant de collectivités mise sur les mutuelles dites « communales ». À Cambes-en-Plaine, dans le Calvados, la mairie a récemment mis en place un partenariat avec un organisme pour proposer des tarifs préférentiels à ses administrés. « On sait tous que les prix des mutuelles santé peuvent devenir exorbitants lorsqu’on est retraité. L’idée, c’est de proposer une solution moins chère. » a expliqué la maire.
Pour la municipalité, il s’agit avant tout de faciliter l’accès à une couverture santé à un public souvent contraint de souscrire un contrat individuel onéreux. Plusieurs formules sont proposées, adaptées aux différents besoins et budgets. Au-delà des garanties classiques, certaines de ces offres incluent des avantages supplémentaires, comme une assistance juridique ou un soutien financier pour l’adhésion à une activité sportive ou culturelle.
Ce modèle d’innovation s’étend rapidement sur le territoire. Des initiatives similaires ont vu le jour à Tergnier (Aisne), Échirolles (Isère), Sémalens (Tarn) ou Chauconin-Neufmontiers (Seine-et-Marne). La première mutuelle de ce type remonte à 2013, à Caumont-sur-Durance, dans le Vaucluse. D’après la Mutualité française, plus de 10 000 communes seraient aujourd’hui couvertes par des formules locales, et les projets dépassent désormais le cadre strict des mairies pour toucher intercommunalités, départements et même certaines régions.
Sur le plan financier, l’économie pour les adhérents atteint parfois 20 %. En moyenne, la Mutualité française l’estime plutôt entre 10 et 15 %, avec toutefois des ajustements possibles au bout de deux ou trois ans afin de préserver l’équilibre du contrat. L’inflation des dépenses de santé – estimée à +3,5 % en 2023 – pèse en effet sur les coûts et peut influer sur l’évolution des cotisations.
Concernant le profil des bénéficiaires, les retraités constituent environ 70 % des adhérents de ces mutuelles. Ils sont souvent dépourvus de couverture de groupe, contrairement aux salariés du privé pour qui l’assurance santé d’entreprise est obligatoire depuis 2016, et aux fonctionnaires de l’État, récemment soumis à un dispositif similaire à compter de janvier 2025. Pour les étudiants, indépendants ou demandeurs d’emploi, ces dispositifs territoriaux présentent une alternative intéressante, bien que 4 % des Français fassent encore l’impasse sur toute forme de complémentaire.
Toutefois, cette forte proportion de retraités, plus enclins à consommer des soins, peut fragiliser à terme la viabilité économique des mutuelles communales. Ce constat interpelle les collectivités sur la nécessité de maîtriser l’évolution des coûts, tout en garantissant une réelle protection de leurs administrés. Dans ce contexte, la transformation des mutuelles territoriales repose sur un équilibre à maintenir pour perdurer.