Interview de la personnalité de l’année 2022, Eric Maumy

Après les propositions suggérées par tout le secteur de l’assurance, et ensuite par vote d’un comité d’une vingtaine de personnalités du secteur de l’assurance, Eric Maumy, Président du Groupe April a été élu Personnalité de l’Année 2022*. Il répond aux questions de Jean-Luc Gambey.

Suggéré massivement lors des sollicitations auprès des professionnels de l’assurance et sans trahir la délibération du comité, votre nom est arrivé comme une simple évidence, s’imposant pour tous. Quelles sont vos réactions ?

Je suis extrêmement touché et honoré par cette distinction qui a déjà récompensé une lignée de personnalités de l’assurance dont les parcours professionnels et entrepreneuriaux forcent le respect et participent à faire rayonner notre industrie.

Merci à l’ensemble des professionnels et au jury pour ce choix qui est une reconnaissance du leadership retrouvé d’APRIL au service de nos courtiers partenaires et plus largement de nos assurés. Il vient saluer la trajectoire de notre groupe qui est en train de se réinventer avec un management et des équipes pleinement engagés dans ce projet. C’est à eux que je pense et à qui je dédie ce prix.

Eric Maumy, vous avez transformé très rapidement le Groupe April. Quels ont été les principaux contours de cette transformation ? Et les prochains pour l’avenir ?

APRIL est un groupe avec des fondamentaux extraordinaires. C’est l’héritage de Bruno Rousset, qui a su inventer ce nouveau modèle qui s’est imposé dans l’écosystème de l’assurance en créant de la valeur pour toutes les parties prenantes. Nous avons été attentifs ces dernières années à préserver cet ADN unique, tout en projetant le groupe APRIL dans une nouvelle ère.

Cette transformation a d’abord démarré par un recentrage sur notre métier de distributeur – en cédant nos compagnies d’assurance et de réassurance – sur nos géographies, puisque nous sommes aujourd’hui dans 8 pays européens, dans 7 pays en Asie, au Canada et à Dubaï, et sur nos métiers cœur de la santé, de la prévoyance, de l’assurance des emprunteurs, du dommage de niches et de la santé internationale.

Nous avons en outre accéléré la digitalisation d’APRIL, ce qui nous a permis de devenir un acteur encore plus performant dans la distribution, que ce soit via APRIL ON, la plateforme dédiée à nos 15 000 partenaires courtiers ou en distribution directe online où nous sommes devenus leader du e-commerce dans l’assurance.

Nous sommes revenus en force sur le terrain avec un doublement de nos équipes commerciales et avons opéré une révolution dans notre façon de produire des offres afin d’accélérer notre time to market.

Bref, nous avons renoué avec l’esprit de conquête, de développement et d’innovation de nos débuts.

Le potentiel de développement du courtage et du direct est important et nos parts de marché restent modestes en comparaison de la profondeur des lignes de business dans lesquelles nous opérons.

Le meilleur est donc à venir et nous pouvons maintenant écrire une nouvelle page de la longue histoire d’APRIL, avec en ligne de mire une croissance organique à deux chiffres dans les 18 pays où nous opérons et une projection dans de nouveaux territoires et de nouveaux savoir-faire grâce à des acquisitions, à l’image de notre récent mouvement en matière de gestion de patrimoine. Nous visons le milliard d’euros de chiffre d’affaires dans un horizon assez rapproché (NDLR : 544 millions d’euros en 2021) et allons pouvoir passer la surmultipliée après cette première étape menée tambour battant.

Les 2 300 collaborateurs d’APRIL en France et à l’international et leurs dirigeants, partagent cette ambition et nous voulons donc pérenniser cette formidable aventure et positionner APRIL comme un acteur digital, omnicanal, champion de l’expérience client, leader sur ses marchés et d’envergure internationale, notamment dans le domaine de la santé des expatriés où nos ambitions sont mondiales.

C’est une aventure collective palpitante et ce n’est que le début de l’histoire.

Eric Maumy, vous êtes monté au « créneau » pour l’assurance emprunteur. Cela semble encore plus ouvrir l’accès à ce marché pour le secteur de l’assurance. Comment voyez-vous la suite ? La part de marché du secteur de l’assurance (vs banque) va-t-elle significativement augmenter ?

Avec la mise en œuvre de la loi Lemoine, c’est un combat de 15 ans qui se poursuit pour APRIL. Nous avons été avec Adrien Couret d’Aéma et nos amis d’Allianz notamment, à l’origine de la création de l’APCADE en 2021. Son rôle a été essentiel dans ce combat réglementaire et a permis de rassembler nos forces entre acteurs de l’assurance. Nous nous sommes dit qu’une année électorale était idéale pour faire sauter la rente de situation des banquiers et la suite nous a donné raison. C’est une belle illustration de ce dont est capable notre industrie pour ouvrir de nouvelles opportunités pour les assurés et pour la profession.

Depuis le 1er septembre, la loi Lemoine est une réalité pour les 7 millions de Français qui ont un crédit avec des avancées majeures : rendre leur liberté aux emprunteurs en renforçant la libre concurrence, imposer aux acteurs bancaires d’informer avec transparence et renforcer considérablement le droit à l’oubli.

Dans le contexte économique que nous connaissons avec une pression croissante sur le pouvoir d’achat, l’assurance emprunteur est désormais un poste de dépenses sur lequel les Français peuvent gagner plusieurs dizaines de milliers d’euros sur la durée de leur crédit. On parle aujourd’hui de 15 000 € d’économies en moyenne dont bénéficient nos clients et sur certains dossiers, les gains s’envolent bien au-delà.

Concernant les emprunts de moins de 200 000 € où le législateur a « éteint la lumière » avec la suppression de la sélection médicale – ce qui ressemble plus à un jeu d’apprenti sorcier dicté par le Président de la Fédération Bancaire Française – on constate une hausse des tarifs liée à ce risque accru. Nous verrons quels effets cela va produire sur la durée, sachant que le maximum d’emprunteurs va s’employer à échapper à cette absence de vérification médicale.

L’APCADE va se muer en observatoire de la concurrence pour s’assurer que les pratiques du marché sont bien en ligne avec l’esprit d’une loi qui donne sa liberté au consommateur et permet enfin une mise en concurrence réelle des banquiers.

Aujourd’hui, les banques captent 85% du marché en valeur. D’après les projections que nous faisons, d’ici 5 ans, la part de marché des alternatifs devrait passer à plus de 20%. Certains en doutent, ils ne doivent pas être aux premières loges pour voir le tsunami qui s’est déclenché et l’énergie mise par les alternatifs pour accompagner ce mouvement.

Le groupe April est le premier courtier grossiste en France. Comment voyez-vous en général l’évolution de cette profession ?

Il est stimulant de faire partie d’un écosystème qui a vu émerger ces dernières années des acteurs spécialistes qui partagent avec nous un esprit de conquête et d’innovation au service des courtiers.

Le courtage grossiste gagne des parts de marché en s’appuyant sur un courtage de proximité en forte dynamique – on peut même parler de réintermédiation – sur une capacité d’animation, que certains porteurs de risques ont délaissée et sur des investissements massifs dans le digital et l’expérience client.

Ces succès ne doivent pas cacher des défis majeurs : les grossistes ne peuvent pas se contenter d’être de simples acteurs du commerce, ils doivent s’équiper pour être au rendez-vous de la conformité, de la défense des consommateurs et du pilotage des résultats, en bannissant les pratiques qui n’ont pas leur place dans notre industrie.

Chez APRIL, nous n’hésitons pas à endosser le rôle de leader sur les questions réglementaires, soit pour accompagner les pouvoirs publics afin de renforcer le pouvoir des consommateurs, comme sur la vente à distance, soit pour nous opposer à des approches bureaucratiques. Et nous comptons bien peser dans les débats à venir, comme nous l’avons fait contre le projet de « Grande Sécu ».

Le courtage grossiste se professionnalise, beaucoup d’acteurs prennent une dimension significative et ce n’est que le début. Nous sommes une voix pour les courtiers et les consommateurs et nous sommes portés par des courants ascendants, c’est une chance extraordinaire.

*Organisé par les Trophées de l’Assurance.

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