Alert-kNOW : une nouvelle culture du risque en construction

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Alors que les événements climatiques extrêmes, les risques technologiques et les menaces de sécurité publique se multiplient, la capacité des citoyens à réagir rapidement et efficacement devient cruciale.

Pourtant, 76 % des Français estiment être mal informés sur les consignes à suivre en cas de danger. Le projet Alert-kNOW, mené par Avignon Université et soutenu par la Fondation MAIF, propose une approche inédite : impliquer les citoyens dès la conception des messages d’alerte. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique de transformation des politiques de prévention, en lien avec les enjeux d’assurance, d’innovation et de protection du patrimoine humain.

Repenser l’alerte : de la technologie à la compréhension

Depuis juin 2022, le dispositif FR-Alert permet aux autorités préfectorales d’envoyer des notifications ou des SMS aux personnes présentes dans une zone à risque. S’il représente un progrès technologique indéniable, son efficacité repose sur sa lisibilité. D’après une enquête IPSOS réalisée en octobre 2024, seuls 48 % des Français déclarent connaître ce système, et nombreux sont ceux qui ignorent comment il fonctionne concrètement.

Alert-kNOW entend pallier cette faiblesse en intégrant les citoyens au processus de conception des alertes. Les ateliers menés en 2024 avec 163 participants ont permis de dégager trois attentes majeures : une information claire sur le danger, une localisation précise des zones concernées, et des consignes simples à appliquer progressivement. En mettant en lumière ces exigences, le projet souligne l’importance d’une alerte comprise plutôt qu’imposée.

Une étude nationale qui révèle des lacunes structurelles

Parallèlement aux ateliers, une grande enquête nationale sur la culture de l’alerte en France a été conduite avec l’appui de l’AFPCNT (Association française de prévention des catastrophes naturelles et technologiques) et de la Fondation MAIF. Elle révèle qu’une large majorité des citoyens se sentent mal préparés face aux risques : 42 % se déclarent insuffisamment informés sur les risques naturels comme les inondations ou les incendies, et 80 % souhaitent mieux comprendre le fonctionnement des dispositifs d’alerte.

Ces chiffres interrogent les assureurs sur leur rôle dans la sensibilisation aux risques. En tant qu’acteurs clés de la gestion des sinistres, ils peuvent contribuer à renforcer la préparation des populations et à intégrer cette pédagogie dans les contrats d’assurance habitation, d’assurance vie ou de prévoyance collective.

Construire une alerte compréhensible pour une action immédiate

Les premiers résultats du projet Alert-kNOW démontrent que l’efficacité d’un message d’alerte dépend avant tout de sa structure. Selon Johnny Douvinet, enseignant-chercheur coordinateur du projet, une alerte doit mentionner l’émetteur, la nature du danger, les impacts attendus, la zone géographique, les temporalités, ainsi que les consignes claires à suivre. L’intégration d’un lien ou QR code pour des informations complémentaires est également recommandée.

Ces recommandations s’inscrivent dans une réflexion plus large sur l’innovation sociale dans la prévention des risques. Le colloque scientifique organisé en mars 2025 à Avignon, ou encore le test tsunami réalisé sur les côtes méditerranéennes en janvier 2024, témoignent de la volonté d’ancrer cette nouvelle culture de l’alerte dans le quotidien des Français.

Vers une politique de prévention durable et inclusive

Alert-kNOW vise également à sensibiliser les jeunes générations. En inscrivant ces réflexes dans les pratiques éducatives et en développant des outils adaptés à la diversité des publics, le projet participe à l’ancrage d’une culture partagée du risque. Cette démarche trouve un écho dans les stratégies de responsabilité sociétale des assureurs, qui s’engagent de plus en plus dans des actions de prévention à travers leurs fondations ou programmes mutualistes.

En mettant l’usager au cœur de la conception des dispositifs d’alerte, Alert-kNOW ouvre la voie à une transformation durable des politiques publiques et à une meilleure anticipation des risques. Une approche que les professionnels de l’assurance ont tout intérêt à intégrer dans leurs réflexions stratégiques, notamment dans un contexte de résilience climatique croissante.

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