Alan remporte le marché santé du ministère de Bercy

L’assureur santé Alan fournira la complémentaire santé des 130 000 agents du ministère de l’Économie et des Finances. Une victoire stratégique pour cette insurtech, qui continue de bousculer le paysage traditionnel de l’assurance. 

Le ministère de l’Économie et des Finances a confirmé que le marché de la complémentaire santé de ses agents serait confié à Alan, tandis que le volet prévoyance reviendrait à GMF. Selon les termes de l’appel d’offres, les propositions d’Alan ont été jugées les plus avantageuses à la fois sur le plan tarifaire, qualitatif et en matière de frais de gestion.

Ce résultat évince la Mgéfi, mutuelle historique des personnels de Bercy affiliée au groupe Matmut. Un changement majeur dans le domaine de l’assurance santé collective, qui n’a pas manqué de susciter des réactions, tant au sein du secteur mutualiste que du personnel concerné. La Mgéfi a d’ores et déjà annoncé qu’elle examinait les voies de recours juridiques possibles.

Une insurtech en quête de rentabilité

Créée en 2016, Alan s’est imposée dans le paysage français de l’assurance grâce à un positionnement entièrement digital. Son application mobile, plébiscitée pour sa clarté et sa réactivité, lui permet de proposer un modèle de gestion innovant, notamment dans la relation client. Toutefois, malgré une croissance rapide, la société n’est pas encore rentable. Elle prévoit d’atteindre l’équilibre en France d’ici fin 2025 et la rentabilité à partir de 2026.

Ce choix de l’État en faveur d’un acteur non historique, soutenu par des investissements importants en capital-risque, interroge certains acteurs traditionnels du secteur, qui expriment leur scepticisme quant à la soutenabilité à long terme de ce modèle économique. Pour autant, Alan avait déjà remporté en 2024 les marchés du ministère de la Transition écologique et des services du Premier ministre, confirmant ainsi son ancrage dans la sphère publique.

Une décision critiquée par les syndicats

La CGT Finances a vivement critiqué l’attribution du marché à Alan, mettant en avant le risque que représente une telle masse d’assurés pour une entreprise dont le chiffre d’affaires en 2024 avoisinait seulement les 500 millions d’euros. Le syndicat rappelle que les bénéficiaires sont nombreux : 134 000 actifs, 120 000 retraités, et près de 120 000 ayants droit.

Du côté de la CFDT Fonction publique, le ton est plus mesuré. La syndicaliste Mylène Jacquot souligne l’importance de veiller à ce que les engagements pris dans le cadre de la contractualisation soient respectés. Elle indique également que les premiers retours sur la transition opérée dans d’autres ministères sont globalement positifs.

Une redéfinition des équilibres dans la complémentaire santé

Ce changement illustre les mutations profondes à l’œuvre dans le secteur de l’assurance santé. Les critères de sélection des marchés publics intègrent désormais des dimensions technologiques, tarifaires et d’innovation qui favorisent l’émergence de nouveaux entrants. Pour les mutuelles historiques, ce mouvement appelle à une adaptation rapide de leurs offres et de leurs services.

Le cas Alan constitue un exemple concret de l’irruption des insurtechs dans des segments jusqu’ici dominés par les acteurs traditionnels. Il met également en lumière les attentes croissantes des pouvoirs publics en matière de modernisation de la gestion des prestations, dans un cadre budgétaire contraint.

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