Ils sont plus de 11 millions en France à accompagner un proche en situation de perte d’autonomie. Un rôle souvent épuisant, invisible, et difficile à concilier avec une vie professionnelle et personnelle. Et si l’intelligence artificielle apportait de l’aide aux aidants ? Des services et des solutions peuvent émerger….?
Un futur proche ? De l’assurance fiction ? Un scénario où les acteurs de l’assurance et de la protection sociale pourraient avoir un rôle clé.
Une charge invisible, mais massive
Accompagner un parent âgé, un conjoint malade ou un enfant handicapé : le rôle des aidants familiaux reste, malgré quelques avancées, un des sujets silencieux de nos politiques publiques.
Face à cette réalité, l’intelligence artificielle pourrait-elle offrir des allègements très concrets, en combinant assistance, prévention et automatisation ? Essayons de nous projeter ?
Des alliés intelligents à domicile
Les assistants vocaux intelligents comme Alexa, Google Assistant, ou encore des robots dédiés tels qu’Elliq, pourraient aider à structurer les journées de la personne aidée, à lui rappeler ses traitements, ou simplement à créer un peu de contact à travers la conversation.
Des outils comme Kompai ou Buddy pourraient aller plus loin, en interagissant de manière émotionnelle et cognitive, tout en assurant une surveillance légère. Certains robots sont capables de détecter des chutes, guider vers les toilettes la nuit ou déclencher une alerte automatique.
Coordination, prédiction et anticipation
Des plateformes telles que Birdie ou CarePredict miseraient sur des capteurs couplés à de l’intelligence artificielle pour suivre les habitudes quotidiennes de la personne aidée. Un changement de rythme de marche, une perte d’appétit ou un sommeil perturbé pourraient être autant de signaux faibles identifiés en amont d’un accident, d’un trouble cognitif ou d’une dégradation physique.
Côté médical, certaines IA pourraient analyser les données physiologiques ou les imageries pour prédire un risque d’hospitalisation ou une dégradation. Cela permettrait aux aidants d’agir plus tôt, et de limiter le recours aux urgences, souvent traumatisant pour ce « fameux » binôme aidant-aidé.
Soulager aussi la logistique
Le soutien aux aidés, ne s’arrêterait pas au soin. Une grande part de la charge pourrait reposer sur les tâches administratives et la coordination médicale. L’IA pourrait intervenir ici aussi : en résumant les documents médicaux, en facilitant la prise de rendez-vous, ou en automatisant le suivi des remboursements ou des aides sociales.
Des outils d’e-learning personnalisés intégrant de l’intelligence artificielle permettraient également de former les aidants à mieux réagir en cas de crise, ou à acquérir des réflexes dans des situations complexes.
Et pour le bien être des aidants ?
Le bien-être des aidants reste un enjeu central. Plusieurs outils comme Wysa, Woebot ou Replika offrent un soutien émotionnel 24/7 grâce à des chatbots conversationnels anonymes et accessibles à tout moment.
Vers une indispensable approche mutualisée et solidaire ?
Si ces innovations technologiques venaient à se fiabiliser, se généraliser tout en intégrant une dimension éthique indispensable liée aux données, en particulier, une question essentielle se poserait : comment les intégrer dans un parcours de suivi coordonné, accessible au plus grand nombre d’aidés et d’aidants ?
Les assureurs, mutuelles et institutions de prévoyance pourraient, peut-être jouer un rôle clé dans l’accessibilité de ces services. En mutualisant leurs efforts, ils seraient en mesure de proposer des services basés sur l’IA, pour les aidants.
Cette approche devrait-elle reposer uniquement sur l’initiative privée ? Une coopération renforcée entre acteurs publics, institutions privées (assureurs, mutuelles, groupe de protection sociale, entreprises technologiques et associations, serait probablement la bienvenue et permettrait de garantir un accès plus important et donc une efficience renforcée.
Bien sûr, l’intelligence artificielle ne remplacera pas la présence humaine, mais elle pourrait profondément transformer les conditions d’accompagnement des personnes en perte d’autonomie et soutenir les aidants familiaux. Reste à structurer, dès aujourd’hui, les modèles de gouvernance, de financement et de déploiement pour qu’un tel scénario devienne réalité. On frise l’utopie… non ?
Lire ou relire l’ouvrage « Dessine-moi un aidant » proposé en 2023 par l’OCIRP (Union d’institutions de prévoyance à gestion paritaire).