Assurance : Deadhappy ou comment préparer sa mort

Deadhappy ou la mort joyeuse… un sacré oxymore. C’est pourtant le credo de la start-up Deadhappy, qui fait beaucoup parler d’elle outre-Manche.

Elle conjugue un service d’assurance vie et un service notarial incitant à exprimer ses dernières volontés.

« Je veux des obsèques de Viking avec un camion et des feux d’artifice »… voilà une des demandes exprimées par des clients de Deadhappy. On pourrait rétorquer que camions et feux d’artifice ne sont pas très en phase avec l’époque viking, mais là n’est pas l’important. L’important, c’est de pouvoir anticiper, rapidement et simplement ses dernières volontés.  Comme celles de cet autre client : « Je veux que vous vous fassiez tous le même tatouage qui dit « je suis toujours avec vous ».

Pour sa première campagne de publicité, la start-up a choisi un slogan volontairement provocateur :  « s’il vous plaît, veuillez mourir de manière responsable ». Après une expérience de mort imminente, Phil Zeidler, le fondateur de Deadhappy, qui se définit lui-même comme un serial optimiste, a cherché une assurance vie. Il s’est rapidement rendu compte que les offres sur le marché étaient complètement déconnectées de l’humain. Tout le processus de l’assurance vie n’est pas centré sur le client, les démarches sont pénibles et manquent de concret.

Pourtant, chaque jour des familles sont contraintes de pourvoir aux obsèques de leur proche. Elles se retrouvent ainsi dans une situation précaire et vulnérable. Deadhappy se différencie donc par la facilité de souscription – trois minutes depuis son téléphone – sa flexibilité, mais surtout son ton décalé et son franc-parler sur la mort.

8,5 millions de Britanniques sans protection décès

« Ayant subi une expérience de mort imminente en 2005, j’ai naturellement commencé à penser à ce qui se serait passé si je n’avais pas eu une fin chanceuse, à ma femme, mes enfants, ma famille élargie et mes amis. J’ai alors essayé de mettre à jour mon testament, ce qui s’est avéré un processus très long et laborieux, et pire encore, de mettre à jour mon assurance-vie. Là, on m’a dit que je ne pouvais pas ! Avec une formation en assurance générale, cela ne semblait pas juste » confie Phil Zeider, cité dans TechRound.

« J’ai ensuite étudié le marché pour découvrir des faits surprenants : il existe un «écart de protection» massif au Royaume-Uni avec 8,5 millions de personnes qui ont des personnes à charge et des responsabilités, mais aucune protection en place pour les familles en cas de décès. Par ailleurs, parmi les 112 enfants qui perdent chaque jour un parent au Royaume-Unis, la moitié n’a ni assurance ni testament ». C’est sur la base de ces constats qu’est née Deadhappy.

Les enfants, les animaux, la succession…

La plateforme guide les utilisateurs afin de s’assurer qu’ils n’oublient rien. Deadhappy s’assure ainsi que la volonté en matière de don d’organes soit connue, qu’un tuteur soit désigné pour les enfants, que les animaux du défunt soient bien prix en charge, que la succession aille aux bonnes personnes. Une manière moderne de rédiger son testament. « Notre objectif est de construire le plus grand « magasin de la mort » au monde, présentant la grande variété de choses que vous voudrez qu’il se produise si vous mourez. Sachant que si le pire se produit (et cela arrivera un jour), Dead Happy le fera » souligne Phil Zeider. Durant sa première campagne de publicité, Deadhappy a fait défiler des volontés, dont celle « d’envoyer mes cendres dans l’espace ».

Une volonté qui est possible dès à présent grâce à des ballons d’hélium lancés dans la stratosphère. Après avoir atteint la stratopause, l’urne s’ouvre pour déverser son contenu, à moins que les cendres aient été placées dans le ballon lui-même qui s’autodétruit alors, pour en favoriser la vaporisation.

Une assurance vie flexible pour préparer la mort

Deadhappy vous incite également à souscrire à une assurance vie flexible, reconductible tous les 10 ans si rien ne vous est arrivé. C’est aussi une manière plus moderne d’attirer les souscripteurs, et de permettre aux gens de souscrire tôt à une prévoyance obsèques que la plupart des gens souscrivent en fin de vie.

La souscription à Deadhappy est réservée aux personnes qui résident au Royaume-Uni. Cette start-up originale pourrait bien inspirer les assureurs français. Et puisque la parole sur la mort se libère, sachez que la start-up française Happy End propose régulièrement des Apéros de la mort et des Petites veuveries entre amies dans de nombreuses villes. Alors, on trinque ?

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