Métavers assurance : ce qu’il faut savoir (partie 1)

Qui n’a pas entendu parler du métavers, cet univers virtuel qui se veut être le miroir ou le jumeau de notre monde réel ? Il est sur toutes les bouches, notamment sur celles des professionnels de l’assurance, mais pas que ! Plusieurs secteurs testent le métavers pour être dans l’air du temps, développer leurs activités, mettre en place de nouvelles stratégies ou tester de nouveaux projets. Des milliers d’entreprises travaillent déjà sur la base de ce concept à travers le monde.

Métavers : le contexte

Le métavers, ou metaverse en anglais, est un terme qui circule essentiellement depuis la fin de l’année 2021. Ce moment est celui où Mark Zuckerberg a annoncé que son entreprise Facebook changeait de nom pour devenir Meta et qu’il avait l’intention de créer un univers virtuel dans les cinq ans à venir en commençant par Horizon Worlds, un jeu vidéo en ligne de réalité virtuelle. Cette nouvelle version du cyberespace a envahi les discussions, que ce soit dans les magazines ou encore à la bourse, et suscite l’engouement des uns, mais aussi l’inquiétude des autres.

Le terme est une contraction de « meta » et « univers » qui signifie au-delà de l’univers. Il est utilisé pour la première fois dans le livre de science-fiction nommé Le Samouraï virtuel, ou Snow Crash, de l’Américain Neal Stephenson en 1992.

Il décrit une version future d’Internet où des espaces virtuels, persistants et partagés sont accessibles par le biais d’interactions 4D, 3D ou 2D en visioconférence. Il est également perçu comme un ensemble de mondes interconnectés qui fonctionnent avec la technologie de réalité augmentée.

Chaque utilisateur peut mener une vie numérique au travers d’un avatar, c’est-à-dire un personnage qui le représente. L’émergence de ce monde est expliquée par un point central : le développement de la blockchain, protocole numérique qui trace les transactions de manière sécurisée grâce à la cryptographie. En permettant l’achat et la possession d’objets virtuels, ce dispositif fait la jonction entre les univers réel et virtuel.

Chiffres clés

Les créations d’entreprises autour des sujets Web3 sont de plus en plus fréquentes. Giris, société française productrice de métavers et d’avatars en est un exemple. Plusieurs sources annoncent l’importance de ce marché mondial qui va brasser énormément de flux financiers dans les années à venir.

Selon l’entreprise financière américaine Citi, il devrait valoir 8 000 à 13 000 milliards de dollars d’ici 2030, tandis que deux autres études de la Grand View Research et de Bloomberg parlent d’un marché entre 600 et 800 milliards de dollars. Celui-ci étant estimé de 34 à 50 milliards de dollars en 2021, sa croissance annuelle serait alors de 23 % à 39,4 %.

Les principaux facteurs qui vont stimuler la croissance sont l’adoption de la réalité mixte, virtuelle et augmentée, de potentielles pandémies ou bien les croisements possibles entre les univers fictifs et physiques.

Dans tous les cas donc, les chiffres sont parlants et sont impressionnants pour ce type de service. Par comparaison, le marché mondial de l’assurance en 2021 s’est élevé à plus de 6 800 milliards de dollars comme Atlas Magazine l’indique.

Focus sur les marchés de l’assurance et de la finance

Aujourd’hui, l’habitation et l’automobile sont assurées avec une police, mais demain, ce seront sûrement les biens virtuels qu’il faudra aussi couvrir. L’interrogation est de connaître ce moment de bascule.

Les accès à la réalité augmentée et à la réalité virtuelle se multiplient également, de nouveaux risques portant sur la sécurité des informations et la santé font donc leur apparition. Les compagnies d’assurances et les banques tentent de développer ces niches et services innovants en y orientant professionnels et particuliers.

Les perspectives du secteur bancaire et financier parues dans le rapport « 2022 IBM Institute for business value « englobent bien une numérisation extrême, primordiale pour correspondre aux besoins des clients et améliorer les performances financières en matière de revenus, de coûts et de capitaux.

En outre, il est essentiel de tirer parti de la dynamique croissante des actifs numériques en construisant un nouvel écosystème. Toutefois, encore faut-il pouvoir créer des cadres juridiques et réglementaires pour éviter une incertitude et des questions sans réponse. Une gouvernance très transparente est alors nécessaire pour gérer la décentralisation explosive de tous les composants répartis sur de nombreuses plateformes.

Divers métavers existent, comme la plateforme française The Sandbox basée à Hong Kong qui compte déjà deux millions d’utilisateurs et qui est l’une des plus populaires à travers le monde. Decentraland est un autre exemple utilisé par des professionnels, suivi de Somnium Space ou bien de Cryptovoxels.

Quelques acteurs assurantiels y ont déjà acquis des parcelles virtuelles de terrains, créé des agences fictives ou encore lancé des fonds dédiés à cette thématique. De plus, le monde virtuel est un lieu où véhiculent des panneaux publicitaires, idéal pour y développer sa marque.

Dans la partie finance, par exemple, les règlements dans le monde virtuel devront intégrer à la fois les paiements traditionnels et leurs nouvelles formes par le biais de portefeuilles numériques.

De même, la gestion de la finance décentralisée (DeFi pour decentralized finance) pourrait être assurée par des organisations autonomes décentralisées (DAO pour decentralized autonomous organization). À l’image du crowdfunding dans le monde physique, ces communautés ont des règles de gouvernance automatisées et inscrites de manière immuable et transparente dans une blockchain.

Mais plus concrètement, quels sont les rôles et les intérêts des assureurs et des acteurs de la finance en rapport avec le métavers, et quels sont leurs usages ?

Rôle et intérêts des assureurs et des acteurs de la finance

Dans le monde réel, l’assureur indemnise l’assuré quand celui-ci a un sinistre répondant au cadre défini dans la police, en contrepartie du règlement d’une prime. L’assurance peut couvrir à la fois des éléments matériels et immatériels.

Dans le métavers, des dommages immatériels de toutes sortes peuvent survenir en rapport avec les cryptomonnaies utilisées par les avatars, les devises ou les outils des jeux, ainsi que tout objet virtuel qui pourrait être détruit ou endommagé selon les règles du monde fictif.

De ce fait, les jetons non fongibles (NFTs pour non-fongible tokens) peuvent être concernés, étant des biens virtuels très rares. Pour rappel, ce sont des jetons numériques dont l’authenticité est garantie par la blockchain. Plus spécifiquement, ce sont des titres de propriété infalsifiables, en théorie, des originaux d’objets numériques.

Également, peuvent être sinistrés les automobiles, les biens immobiliers, les sociétés, la santé et les vies virtuelles.

Rôle par rapport aux assurés

Actuellement, la stratégie des assureurs se limite à développer un métavers autour de leur marque en mettant en place un engagement centré sur l’utilisateur et en lui offrant une expérience numérique immersive.

Selon David Bigot, Délégué général de l’association Roam, le métavers donnera avant tout la possibilité aux prospects et clients de mieux comprendre et visualiser les produits assurantiels qu’ils ont comme projet d’acquérir, et de déclarer son sinistre sans prendre rendez-vous en échangeant facilement avec un interlocuteur.

Qui plus est, il est de la responsabilité de chacun des acteurs tournés vers l’innovation de prendre part à ces grandes avancées technologiques pour mieux accompagner les clients dans une logique d’apprentissage.

La création d’une police d’assurance virtuelle constituerait un premier pas vers la distribution d’un produit dans l’univers dématérialisé du métavers. Les sociétés qui développent une enseigne ou fondent un magasin dans celui-ci, comme les particuliers à la recherche d’une protection individuelle, pourraient souscrire un contrat répondant à leurs besoins de couverture. Elle serait accordée d’après les critères existants dans le monde réel, tels que la qualité de l’assuré, le niveau d’engagement ou le rapport qualité-prix.

Par exemple, le rapport Consumer Sentinel Data Book 2020 de la Federal Trade Commission révèle que les signalements d’escroquerie liée à l’usurpation d’identité étaient les plus fréquents aux États-Unis, passant de 650 000 en 2019 à près de 1,4 million en 2020. La probabilité de vol d’identité dans le monde virtuel est tout à fait imaginable.

L’usurpation d’identité dans l’univers fictif est possible par deux moyens :

  • le vol d’identité classique dans le but d’accéder aux crédits de la victime ou de commettre des actes néfastes ;
  • le vol ou le détournement d’une identité virtuelle, autrement dit, l’usurpation d’autres avatars pour se faire passer pour un autre avec toutes les conséquences qui peuvent en découler.

Ce type de vol est une nouvelle opportunité pour les assureurs d’étoffer leurs offres de services innovants et d’être des avant-gardistes qui font preuve de prévention.

Objectifs principaux

Les assureurs cherchent également à automatiser, rationaliser et numériser chaque étape du processus. Certains professionnels se servent déjà de cette approche et prennent une option technologique d’avance sur les autres.

David Guillot De Suduiraut, Directeur de la transformation et des technologies d’AXA France, énonce que la démarche est prospective, dans le sens où le métavers peut devenir une prolongation des agences, notamment par le fait qu’une partie d’entre elles soient implantées en zone rurale.

Il est alors nécessaire de se préparer à ce phénomène en devenir, de faire preuve de découverte et d’apprentissage pour se faire la main, ou encore d’occuper le terrain pour contrer les concurrents.

*Cet article (début octobre) est extrait d’un dossier du magazine #4 Dessine-Moi l’Assurance. le Lire ou relire (ou télécharger) ?

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