La flemme au travail, une nouvelle tendance de fond ?

Les Français ont de plus en plus la flemme au travail ! Un sondage réalisé par l’Institut IFOP pour la fondation Jean Jaurès analyse la transformation du monde du travail induite par la baisse de la motivation et l’état psychologique des individus.

La crise sanitaire Covid-19 a mis en exergue les attentes des Français, qui priorisent leur vie familiale et privée et n’hésitent pas à quitter un travail qui ne leur convient pas.

Selon l’étude, un Français sur trois serait touché par ce phénomène de flemme. La motivation générale des individus a été gravement entamée par les circonstances récentes et les effets semblent importants. 30 % des sondés affirment être moins motivés dans leurs activités quotidiennes.

Si près de six de nos concitoyens sur dix ne semblent pas avoir été affectés psychologiquement par cette épreuve, la balance est nettement négative puisque seuls 12 % des sondés se disent plus motivés qu’avant dans ce qu’ils font au quotidien, contre donc près d’un sur trois qui l’est moins. C’est encore plus vrai chez les plus jeunes avec 40 % des 25-34 ans indiquant être moins motivés qu’avant (contre seulement 21 % des plus de 65 ans).

Un taux de démissions record

La flemme se concrétise notamment dans le monde du travail. La grande démission, phénomène initié aux Etats-Unis, gagne du terrain. Cette grande démission est apparue au cours des derniers mois sur Tik-Tok, notamment aux Etats-Unis, à travers des vidéos de jeunes gens se filmant en train d’annoncer leur démission en direct avec l’hashtag #quitmyjob33.

Ces nombreuses démissions se constatent aussi dans les chiffres. C’était le cas aux Etats-Unis juste après le Covid. Entre mars et mai 2021, 11 millions d’Américains ont démissionné de leur poste. C’est désormais également le cas en France, où l’on observe des taux de démission qui n’avaient jamais été atteints depuis 14 ans. Entre fin 2021 et début 2022, on a enregistré près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI.

Le record précédent datait du 1er trimestre 2008, avec 510 000 démissions dont 400 000 pour les seuls CDI.

Pourquoi ces nombreuses démissions, et notamment en France ?

Elles s’expliquent d’abord par un effet de rattrapage, les mouvements ayant été gelé ou très fortement ralentis durant les confinements. Le dynamisme du marché du travail actuel, avec un assez faible taux de chômage, favorise également les démissions.

En effet, en période de reprise, les postes à pourvoir sont plus nombreux, donc de nouvelles opportunités d’emploi apparaissent, ce qui incite à démissionner pour négocier de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Ces nombreuses démissions sont aussi le reflet d’un état de mal-être parmi les salariés français, qui disent plus que la moyenne des actifs européens être en manque de reconnaissance depuis plusieurs années déjà.

La flemme de sortir de chez soi

Les Français ont la flemme de travailler, mais même celle de sortir de chez eux. 45 % des Français disent être régulièrement touchés par une épidémie de flemme les dissuadant de sortir de chez eux. Les effets sur nombre d’activités de loisirs s’en ressentent de façon significative sur tout le territoire.

Dans le même temps, les analystes de ces chiffres considèrent que seul la recherche de sens de l’activité peut expliquer cette tendance. En effet, que ce soit à titre privé ou professionnelle, la quête de sens dans ses efforts devient de plus en plus centrale dans la vie de nos concitoyens : au travail comme dans la sphère personnelle ce critère est devenu essentiel à la motivation et à l’action.

Fatigue et éco-anxiété

40 % des Français se sentent plus fatigués qu’avant la crise sanitaire. Cette perte de motivation n’est sans doute pas sans lien avec la fatigue accumulée à l’occasion des épreuves occasionnées par la pandémie.

En effet d’après notre enquête, 41 % des Français se sentent plus fatigués qu’avant la crise covid après un effort physique, contre 54% qui ne ressentent pas de changement et seulement 5% qui ont la sensation d’être moins fatigués qu’avant suite à un effort physique.

Stress et angoisses se sont manifestement implantés dans le pays suite aux crises traversées. Les répercussions se ressentent désormais dans tous les domaines. Plus globalement, le questionnement sur l’avenir lié au dérèglement climatique a généré un eco-anxiété de plus en plus visible. 20 à 30 % des Français se disent aujourd’hui touchés par ce phénomène d’éco-anxiété.

Source : étude IFOP fondation Jean Jaurès

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