L’assurance auto et le digital, la mue se fait attendre…

L’agence de notation D-Rating a passé au crible les sites de 48 assureurs français, et leurs applications mobiles… quand elles existent.

Entre le 5 et le 12 juin, sur la base de 130 critères issus de la méthodologie d’analyse de la performance digitale éprouvée depuis 2017 par D-Rating.

Un assureur sur deux n’a pas d’application pour gérer sa relation clients

Première surprise, en effet : Seul un assureur français sur deux offre une application destinée à gérer la relation commerciale avec leurs clients, et Axa, qui avait supprimé la sienne en 2018, vient tout juste de relancer la sienne (le 22 juin). Dans l’univers connexe de la banque, qu’il s’agisse de la banque des particuliers ou de la banque des pros, le pourcentage est de 100%… et même au-delà. Les groupes sont nombreux, en effet, à proposer des applications plus spécialisées – jusqu’à une dizaine parfois – en complément de leur « navire amiral » (Dans le même esprit, certains assureurs proposent aussi des applications thématiques, notamment destinées à évaluer la conduite des assurés, permettant de tester leur alcoolémie ou d’établir un e-constat).

La proportion est même inférieure, concernant la possibilité de souscrire à une assurance automobile en ligne : il n’est possible d’aller jusqu’à la signature via le site ou l’appli qu’avec une grosse moitié des compagnies (27 sur 48), là où l’ouverture 100% digitale d’un compte est aujourd’hui la règle pour 90% des banques françaises. Sans surprise, le « full digital » est en revanche la règle chez l’ensemble des néo-assureurs du panel (Car-Ly, Flitter, Leocare, Lovys, Mieux assuré, Ornikar, Selfassurance et wilov).

Jusqu’à 41 champs à remplir… pour obtenir un devis

Mais pour ceux qui envisagent de changer d’assureur, le parcours du combattant peut débuter dès l’établissement du devis – impossible en ligne avec les groupes de bancassurance si l’on n’en est pas déjà client dans 4 cas sur 10 – puis dans l’obligation de remplir d’interminables questionnaires avant d’obtenir une proposition commerciale : jusqu’à 41 champs à remplir chez Allianz, quand les néo-assureurs Flitter ou wilov se contentent d’une douzaine…

Quant aux modes de tarification innovants, adaptant le montant de la prime à la conduite de l’assuré, elles ne sont que deux – Allianz et Direct Assurance – à le proposer…

Une fois client, ces limitations dans la proposition digitale des assureurs français se retrouvent dans la vie du contrat – la possibilité d’y inscrire un deuxième conducteur n’est prévue que dans un cas sur deux – et surtout dans la faible amplitude des services disponibles :

  • Aide à la conduite écologique dans un cas sur dix seulement,
  • Possibilité de localiser un garage agréé par la compagnie, dans un cas sur trois,
  • Suivi du traitement des dossiers de sinistres, dans deux sur cinq…

Constat en ligne possible dans moins d’un quart des compagnies

Elles se retrouvent en cas d’accident, avec la difficulté du constat en ligne à s’imposer (il n’est proposé que dans 11 cas sur 48) et, signe du fait qu’il est loin d’être banalisé, Ornikar en fait l’un des arguments clé de sa communication commerciale. Prévue pour des situations proches, on peut relever le service proposé par Leocare qui permet de géolocaliser la dépanneuse et d’en suivre le parcours.

Au final, ces premiers constats sont proches de ceux que D-Rating avait pu dresser en 2017, concernant la digitalisation encore largement inachevée des acteurs historiques du secteur et les ouvertures qui en découlent pour la montée en puissance de start-ups digital natives.

Tel semble en tout cas le pari des investisseurs. Après avoir fortement soutenu le développement des néo-banques au cours de la deuxième moitié de la décennie 2010, ces derniers se sont massivement reportés depuis 2020 sur les insurtechs : 170 M€ en 2020, 545 M€ en 2021 et déjà près de 430 M€ en 2022, rien qu’en France, d’après les données du Baromètre eCap Partner / D-Rating.

Particulièrement entourés, Alan a déjà effectué cinq tours et levé 481 M€, Shift Technology en totalise à date 182 M€ (un tour) et, si l’on y ajoute Descartes Underwriting (123 M€), +Simple (120 M€) et Leocare (115 M€), elles sont déjà cinq à avoir passé la barre des 100 M€. Mais Leocare est le seul spécialiste de l’assurance IARD.

Selon CP

 

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