Perspectives actuarielles pour le monde à venir

Le Congrès des Actuaires tient le 9 novembre sa première édition depuis la crise. Philippe Talleux, président de l’Institut des actuaires répond à nos questions. Philippe Talleux, Qu’est-ce qui a changé ?

Philippe Talleux : Le Congrès des Actuaires est, depuis 20 ans, le point d’orgue du calendrier événementiel de notre profession. Nous sommes donc particulièrement satisfaits de pouvoir l’organiser cette année dans un lieu qui fait référence, la Maison de la Mutualité. Mais aussi que, paradoxalement, la crise ait accéléré la digitalisation de nos événements. Ce Congrès sera le premier à se tenir en version totalement hybride, permettant à des participants éloignés de Paris, voire de la France, de prendre part aux échanges qui s’y tiendront. C’est important pour nous, actuaires, car la vie d’une association se passe difficilement de convivialité, sur le long terme. Et c’est important tout court dans une période où le partage des connaissances doit être accru, au sein de notre profession qui y est par nature accoutumée, mais également au-delà. Tous les professionnels y compris non actuaires peuvent d’ailleurs participer au Congrès, lequel accueille des personnalités venues de tous les horizons, pas uniquement actuariels.

L’Institut des actuaires se positionne comme un acteur de référence en matière de risques. Quels sont les sujets qui seront abordés pendant ce congrès ?

Ph. T. : Le risque est au cœur du métier de l’actuaire, où qu’il exerce et quel que soit son champ d’application concret. Les 18 mois de crise que nous venons de traverser ont apporté des questionnements à de nombreux niveaux de l’appréhension du risque. De l’échelle individuelle à celle des organisations voire de l’État, nous avons tous pu constater l’imbrication étroite des causes et conséquences, diverses, nombreuses, qui constituent des chaînes de risques auxquelles faire face ou desquelles se prémunir. Le spectre des risques à considérer s’élargit, qu’ils soient environnementaux, climatique, sanitaire, cyber, d’approvisionnements, liés ou impactant les activités économiques, etc. La crise a d’autre part mis au jour la subtilité des relations entre le secteur et les assurés, la nécessité de faire évoluer nos modèles de gestion, de distribution, le fonctionnement de nos organisations, en plus d’accélérer des sujets déjà existants, comme celui de la digitalisation massive des activités, des data, de l’IA, de leurs applicatifs et de leurs limites. Le thème du 20e Congrès des Actuaires est donc délibérément ouvert : « Perspectives actuarielles pour le monde à venir ». Nous manifestons ainsi le fait que, prenant acte de cette complexité, la profession actuarielle entend nourrir ses expertises de cette expérience passée et présente pour qu’elle soit utile à notre réflexion collective sur l’avenir. Une manière, également, de rappeler notre engagement au service de l’intérêt général.

Les « perspectives actuarielles » que vous évoquerez contiendront-elles des remèdes anti-crise pour l’avenir ?

Ph. T. : Les actuaires ne sont bien sûr pas les seuls professionnels à s’intéresser au risque. Ils ont en revanche un socle méthodologique, une exigence de perfectionnement professionnel continu, une culture de l’intérêt public, et une organisation aux échelles nationale, européenne et mondiale qui singularisent leur approche. La crise a fait émerger des questionnements qui excèdent la simple technique, touchant quelquefois aux fondamentaux mêmes de l’assurance. Mais faut-il y renoncer ? Avant elle, des évolutions technologiques, réglementaires, tiraient déjà des réflexions de fond sur les limites de nos systèmes et la préservation de leurs équilibres. Mais comment concilier intérêts généraux et particuliers ? Dans un monde connecté, interdépendant, où les sujets relatifs au risque vont en se complexifiant, où l’assurabilité même de certains risques est un sujet, la capacité d’objectivation est nécessaire à une prise de décisions éclairée. C’est pourquoi les actuaires sont des interlocuteurs réguliers des pouvoirs publics, et notre Congrès reçoit le soutien des grandes fédérations professionnels de nos secteurs. Pour cette édition, nous nous efforcerons non de prédire l’avenir – ce n’est pas le métier des actuaires – mais de contribuer, par le croisement et l’agglomération de nos expertises, à éclairer les enjeux actuels et enrichir le débat, au bénéfice du bien commun car le risque est l’affaire de tous.

20e Congrès des Actuaires, sur le thème « Perspectives actuarielles pour le monde à venir » Mardi 9 novembre 2021 – Maison de la Mutualité, Paris 5e www.congresdesactuaires.fr

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