Marianne Binst : un modèle inclusif de la téléconsultation privilégié par Santéclair

Tout comme le télétravail, la téléconsultation médicale avait du mal à percer en France. La téléconsultation n’avait jamais vraiment rencontré le succès. Les téléconsultations représentent désormais une nouvelle manière de consulter. Dans le contexte Covid-19, il a été assoupli le recours à la téléconsultation, habituellement réservée au médecin traitant ou à un praticien déjà consulté en cabinet dans l’année précédente. Si la télémédecine était un choix « contraint », elle est probablement appelée à devenir une véritable solution pour les personnes isolées, les habitants de déserts médicaux, les expatriés et bon nombre d’autres personnes domiciliées en France,… . La téléconsultation va-elle connaître, après cette période, un essor et s’installer progressivement dans le parcours de soins (voire de santé…) ? Nous avons eu le plaisir d’interroger, à distance, Marianne Binst – DG de Santéclair.

D’abord, d’un point de vue général, pensez-vous que « l’épisode sanitaire » lié au covid19, qui a permis un véritable usage de la téléconsultation par les Français, va enfin se développer durablement et s’installer dans le parcours de santé et/ou de soins des Français ? pour quelles raisons ?
Du jour au lendemain on a assisté à une véritable explosion du recours à la téléconsultation. Ce recours massif et soudain aux téléconsultations a été rendu possible grâce à l’implication de l’ensemble des acteurs proposant ce type de services qui ont su s’organiser pour participer à l’effort national face à l’urgence sanitaire. Je pense donc qu’un cap a été franchi, vis-à-vis du grand public comme du corps médical, pour ouvrir la voie à un usage de la télémédecine mieux établi et reconnu. Une situation de gagnant / gagnant, tant pour les patients que pour les médecins ainsi que pour les complémentaires santé. Pour ces derniers, il est déterminant de s’assurer qu’ils puissent continuer à pleinement participer au développement de services adaptés de téléconsultations répondant aux besoins identifiés des Français, ce qui dépend d’abord de l’encadrement réglementaire et législatif de ces services.

Selon un récent sondage*, 30 % des Français, sont prêts à y recourir plus souvent à l’avenir. Peut-on considérer que l’usage de la téléconsultation va enfin « décoller » ? Si oui auprès de quelles populations ?
Dans une autre étude que nous avions publiée en octobre dernier (Observatoire des parcours de soins des Français, volet « médecine de ville », enquête de l’institut Harris Interactive pour Santéclair auprès d’un échantillon de 1008 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus), nous constations déjà que 4 Français sur 10 se disaient prêts à recourir à la téléconsultation. Cette appétence pour la téléconsultation était notablement plus forte parmi les populations plus jeunes (chez les moins de 35 ans, le taux d’acceptation atteint les 50%), chez les actifs (en particulier les actifs de catégories socioprofessionnelles supérieures, où le taux d’acceptation monté également jusqu’à 50%) ou encore dans l’agglomération parisienne (48% d’acceptation avec un médecin généraliste et 46% avec un spécialiste). On peut donc penser que ce sera d’abord auprès de ces catégories de population qu’est susceptible de décoller l’usage de la téléconsultation… d’autant que ces mêmes catégories étaient aussi celles qui indiquaient être les plus confrontées à la difficulté majeure d’accès aux soins de ville évoquée dans l’étude : celle de la restriction des horaires d’ouverture des cabinets médicaux.
Par ailleurs, les populations confrontées à la problématique grandissante des déserts médicaux, qu’ils soient ruraux, péri-urbains ou urbains, représentent aussi un profil de Français pour lesquels cette offre complémentaire de ressource médicale via la téléconsultation représente un intérêt incontestable. Globalement ce sont tous les contextes liés à des difficultés horaires ou géographiques de consultation qui, pour un certain nombre d’actes médicaux, peuvent être très bien pris en charge à distance afin de libérer du temps médical présentiel pour d’autres actes qui eux requièrent bien une consultation physique.

Certains acteurs du secteur de l’assurance complémentaire santé, proposaient déjà ce service à leurs assurés. Pensez-vous qu’à l’avenir, les services de téléconsultations, devront faire partie intégrante et systématique de l’offre servicielle dans le cadre d’une complémentaire santé ?
Tout dépendra de la place que les différents acteurs en jeu laisseront aux complémentaires santé dans le développement de ces services, via l’encadrement législatif et réglementaire du recours à la téléconsultation et à son remboursement. Mais s’il n’y pas de disposition éminemment restrictives pour que les complémentaires proposent des services de téléconsultations adaptés aux besoins de leurs assurés, il y a de fortes chances de les voir se développer en complément de l’offre médicale du régime obligatoire pour lequel la problématique de la permanence des soins notamment continue à représenter un enjeu en termes de facilitation de l’accès aux soins.

Assistera-t-on, en général, à un bond en avant de la téléconsultation proposée par les acteurs du secteur de l’assurance complémentaire santé ? Et en ce qui vous concerne, une position particulière ?
Cela va dépendra de l’offre que le régime obligatoire va être en mesure, dans le cadre des négociations conventionnelles avec les syndicats médicaux, de mettre rapidement en place pour généraliser et faciliter la téléconsultation telle qu’elle est attendue par les patients pour répondre à leurs besoins et attentes en termes d’accès aux soins. Notre position sera, comme toujours, ajustée en permanence en fonction de l’espace qui est laissé aux acteurs de la complémentaire santé.

Est-ce que ce service, tel qu’il est proposé actuellement par les complémentaires santé , va évoluer ? Si oui comment ?
Un axe d’évolution possible se trouve au niveau du lien entre certains outils d’intelligence artificielle appliquée à la santé et les téléconsultations.

Le service de téléconsultation pourrait-il être utilisé hors champ du parcours de soins coordonné ? (Pour certains besoins spécifiques ou certaines situations). Si oui, les complémentaires santé pourraient-elle proposer ce service ?
C’est déjà le cas aujourd’hui : les téléconsultations proposées par les complémentaires santé sont immédiates, H24 et 7 jours sur 7, auprès de médecins généralistes et de médecins spécialistes, et donc forcément hors parcours de soins.

Est-ce que ce service va désormais s’installer durablement dans la chaine de valeur servicielle de l’assurance complémentaire santé et être utilisé par les assurés des acteurs du secteur de l’assurance ? Si oui, avec quel modèle économique ? L’inclusion à la garantie complémentaire santé, un autre modèle économique ?
Idem, cela dépendra de ce qu’il est possible de faire en la matière pour les complémentaires santé. Mais le modèle économique de l’inclusion est, au jour d’aujourd’hui, celui privilégié par Santéclair pour tous ses services. Il offre l’avantage de permettre l’accès rapide et généralisé à l’innovation, sans explosion des coûts individuels. Maintenant il est certain que le type de services mis en place et son taux d’usage sont des paramètres à prendre en compte pour conserver le modèle de l’inclusion une fois que l’innovation se répand.

Comme dans beaucoup de nouvelles activités avec de très nombreuses offres et sociétés de services, ne va-t-on pas voir une concentration très forte sur ce type de service, et voir 2 ou 3 plateformes leaders « truster » la quasi-totalité de l’offre de services de téléconsultation ?
Le marché est effectivement en train de se structurer et il est probable que certains acteurs soient amenés à disparaître une fois les offres arrivées à maturité.

Avez-vous d’autres commentaires ?
La téléconsultation, et plus globalement les technologies de médecine à distance, doivent être regardées à l’échelle mondiale et pas uniquement au niveau français.

*OpinionWay, réalisé les 27 et 28 avril
Nous remercions Marianne Binst, et vous rappelons que nous avons décidé de traiter ce sujet, dans les mois à venir, en particulier le :

  • Une enquête spéciale sur le sujet de la téléconsultation et les enjeux de ce service pour le secteur de l’assurance
  • Une émission spéciale « La téléconsultation, dans la chaine de valeur de la complémentaire santé ? » sur Assurance TV (voir exemples)
  • Un dossier spécial dans le prochain magazine print « Dessine-Moi l’Assurance » adressé aux décideurs du secteur de l’assurance (voir le dernier numéro en format digital)

*OpinionWay, réalisé les 27 et 28 avril
Par Jean-Luc GambeyVovoxx
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