La Fondation APRIL publie les résultats de son baromètre des aidants

Reconduite chaque année, depuis 4 ans, cette enquête vise à étudier les changements au sein de la communauté des aidants. Elle met notamment en perspective les évolutions de vie des aidants et de leurs proches aidés ainsi que les mesures existantes ou adoptées liées aux enjeux de notre société : prévention de la santé, vieillissement de la population…
Ce Baromètre, *réalisé en partenariat avec l’Institut de sondage BVA, permet surtout de mieux cerner qui sont les aidants (et les aidés), afin d’essayer d’appréhender leurs attentes et besoins, en matière de soutien, de santé, d’accompagnement ou même de législation. L’objectif est à la fois de démêler le vrai du faux, mesurer les évolutions de cette communauté, identifier et illustrer concrètement la multiplicité des situations auxquelles sont confrontés les aidants qui peut aller de l’aide régulière d’un voisin ayant du mal à se déplacer à l’aide quotidienne apportée à un membre de sa famille…
Si cette étude permet de mesurer la part des aidants au sein de la population française et son évolution, elle poursuit également l’ambition de sensibiliser sur le fait que nous sommes tous potentiellement des aidants en puissance. Cette nouvelle édition pose de nouvelles questions liées aux évolutions sociétales telles que le vieillissement de la population par exemple qui génère forcément de nouveaux types de comportements : allongement du temps de l’aide apportée, de la fatigue ou encore l’apparition d’un phénomène où l’aidant se retrouve à devoir apporter son aide à deux générations simultanément (parents et grands- parents notamment).
Enfin, au-delà des sujets habituellement investigués, la Fondation APRIL a souhaité cette année réaliser un focus sur la santé des aidants, thématique centrale de la Journée Nationale des Aidants dont elle est partenaire.
Qu’en est-il donc en 2018 des aidants et de leurs proches aidés ? Comment les Français perçoivent-ils ces notions ? Sont-ils eux-mêmes capables de se définir comme tels ? Qui aident-ils ? Dans quels types de situation ? Quelles sont les contraintes et les bénéfices de ce statut particulier ? Comment la société civile se transforme-t-elle ? Et quelles en sont les conséquences ? Autant de questions qui deviennent des enjeux de santé publique, à l’heure où la durée de vie des Français s’allonge et génère de nouvelles situations, pour les aidants, comme pour les pouvoirs publics. Aujourd’hui, si la proportion des Français qui a entendu parler des aidants est en constante augmentation, il reste cependant fort à faire…
VERS UNE EVOLUTION SIGNIFICATIVE DE LA SOCIETE ET UNE RECONNAISSANCE ACCRUE DES AIDANTS
Si les Français étaient 28 % à connaître le terme « aidant » au lancement du Baromètre en 2015, ils sont aujourd’hui 40 % à en avoir entendu parler (soit 2 Français sur 5) dont près de 30% ont une idée précise de ce dont il s’agit. Avec une progression de 12 points en 4 ans, la thématique des « aidants » constitue donc un sujet de plus en plus connu par les Français, sans doute parce que la situation est également de plus en plus endossée ou côtoyée au quotidien. Un constat sans appel dû notamment au vieillissement de la population française.
Ce quatrième Baromètre met en lumière un nouveau phénomène : la progression de la proportion des aidants au sein de la population française. En 2018, 23 % des Français (soit 4 points de plus qu’en 2017) reconnaissent apporter de l’aide de manière bénévole, ponctuelle ou régulière à un ou plusieurs proches en situation de dépendance. La situation d’aidant touche ainsi aujourd’hui plus de 2 Français sur 10.
Cependant, on assiste toujours au paradoxe suivant : les aidants ont du mal à se reconnaître comme tels. S’ils sont 36 % à se qualifier d’aidants (un chiffre qui reste stable à un point près par rapport à l’année dernière), leur perception évolue et ils ont de plus en plus conscience de tenir un rôle particulier auprès de leur proche, tout en qualifiant l’aide apportée de normale… Véritable signe de la difficulté à nommer un rôle qu’ils jugent souvent naturel auprès des aidés. Pour beaucoup, ils continuent à « s’ignorer » alors qu’ils ont déjà endossé ce rôle sans le savoir, et très souvent sans le vouloir.
Qui sont les aidants ?
Un nouvel aspect apparaît en 2018 concernant la santé et la charge des aidants : à ce jour, il y a de plus en plus de multi-aidants. En effet, 34 % d’entre eux déclarent prendre soin de plusieurs proches (contre seulement 28 % en 2017). Et le score monte à 41 % pour les Français qui aident au moins un de leurs parents. Ils sont 24 % à aider au moins deux personnes et 10 % trois personnes ou plus. Parmi les aidants, 86 % aident d’abord un membre de leur famille. Ils sont 40 % à s’occuper régulièrement et de manière bénévole, de l’un de leurs parents ou des deux. Et pour 25 %, l’aide est ensuite majoritairement apportée à un autre membre de la famille. Sur cet item, on note cette année une augmentation de 6 points par rapport à 2017.
L’aide envers les grands-parents reste stable avec 14 % de répondants, une jolie preuve de la solidarité intergénérationnelle. En nette progression aussi depuis 2015, le fait que les aidants doivent aussi désormais se mobiliser auprès d’un autre  membre  de  leur famille  (25 % en 2018 contre 19 % en 2017 soit + 6 points). 9 % des aidants déclarent aider un ami, 8 % leur enfant et 7 % leur conjoint.
L’ALLONGEMENT DE LA DUREE DE VIE, UN PHENOMENE SOCIETAL QUI VIENT BOUSCULER LE QUOTIDIEN DES AIDANTS
En France, nous assistons au vieillissement de la population dû à l’allongement de la durée de vie. Une situation qui génère, de façon quasi mécanique, une augmentation des personnes dépendantes et par là même, des aidants. Ainsi, selon le Baromètre, 57 % des aidants déclarent s’occuper d’un proche en situation de dépendance due à la vieillesse (soit une augmentation de 9 points par rapport à 2017), un score qui atteint son plus haut niveau depuis 2015 ; chronique d’une évolution annoncée dans un contexte où en 2050, un habitant sur 3 en France sera âgé de 60 ans et plus. Aujourd’hui, de plus en plus de Français encore actifs, mais déjà eux-mêmes vieillissants, sont contraints d’endosser le rôle d’aidants.
Quels sont les liens entre les aidants et leurs proches aidés ?
Les aidants accompagnent davantage leurs parents (40 % en 2018) que leurs grands- parents (14 % en 2018) avec toutefois une tendance à la hausse sur cette dernière population (+ 4 % depuis 2015). Avec l’allongement de la durée de vie, il devient de moins en moins rare de voir un aidant se retrouver avec la charge de 2 générations (parents et grands-parents). Ce qui a un impact direct sur le nombre de personnes aidées par un seul aidant. On assiste là aussi à une progression des résultats avec 34 % des aidants qui aident plusieurs personnes (2, 3 ou plus).
Où vivent les personnes aidées ?
Le Baromètre indique que 67 % des aidés vivent à leur domicile ; cependant il fait apparaître un fait encore jamais observé auparavant : l’augmentation accrue de la proportion des aidés qui vivent désormais en institution, passant de 18 à 21 %, tandis que la proportion des aidés vivant chez leurs aidants est en baisse de 5 points, passant de 19% en 2017 à 14 % en 2018, posant aussi la question du maintien à domicile.
TOUR D’HORIZON SUR L’AIDE APPORTEE ET SES CONSEQUENCES
Même si pour la majorité des Français, aider un proche reste quelque chose de normal et de naturel, ceux qui se définissent réellement comme aidants ont identifié différents types d’aides. Pour 66 % d’entre eux, il s’agit avant tout d’un soutien moral à leurs proches dépendants, et le résultat est exacerbé quand ces derniers vivent en institution (80 %), un phénomène qui comme déjà évoqué précédemment progresse aussi cette année. 55 % des aidants apportent une assistance aux tâches domestiques (faire les courses, le ménage, préparer les repas) et 50 % un accompagnement dans leurs déplacements (contre 49 % l’année dernière) ou encore une surveillance en téléphonant ou en venant les voir (contre 43 % en 2017). Ils sont aussi 44 % à offrir leur aide pour les formalités administratives et le suivi des comptes et 23 % à apporter une aide financière. Parmi ces réponses, certains aidants se retrouvent impliqués dans plusieurs situations simultanément.
Parmi les aides apportées, quelles sont celles qui progressent le plus ?
À la question, est-ce que les aides apportées progressent ? La réponse est indéniablement oui. On note une nette augmentation des différentes catégories d’aides apportées, avec un TOP 3 structuré autour des items suivants : le soutien moral a progressé de 7 points par rapport à la dernière enquête tout comme la surveillance en téléphonant ou en passant voir l’aidé qui a gagné 7 points. Même constat pour l’aide aux formalités administratives qui évolue de 5 points en un an.
Comment s’organise l’aidant et sur qui peut-il compter au quotidien ?
63 % déclarent se partager l’aide de leur proche (contre 61 % l’année dernière), mais ils sont près de 4 sur 10, soit tout de même 37 % à ne bénéficier d’aucune aide extérieure alors qu’ils sont souvent eux-mêmes âgés. La part d’aidants endossant ce rôle seul est plus élevée chez ceux vivant avec l’aidé (65 %) et chez les 65 ans et plus (48 %), potentiellement plus fragiles.
Dans ce contexte, ce n’est donc pas un hasard si le Baromètre dévoile que le principal soutien de l’aidant est encore et toujours le médecin généraliste à 35 %.
Un rôle toutefois en déclin de 9 points par rapport à l’année précédente, de plus en plus compensé par le soutien apporté par les infirmières qui lui, progresse régulièrement depuis 2015, pour atteindre 30 % en 2018. Ces deux catégories de professionnels de santé restent les meilleurs relais des aidants qui disent par ailleurs se sentir soutenus par les services à domicile et les aides ménagère à 21 %, d’autres professionnels de santé (15 %), les assistantes sociales (12 %) et les services sociaux (des mairies ou des départements)(8 %).
Selon 86 % des Français, le statut d’aidant reste encore trop peu valorisé, la proportion est quasiment la même pour les aidants qui jugent que leur situation n’est pas assez valorisée à 88 %.
Quelles seraient les actions utiles à mettre en place ?
Une meilleure coordination entre tous les acteurs pour 90 % des personnes interrogées (aidants comme non-aidants), une aide financière et/ou matérielle pour 87 % sans oublier un maintien à domicile de l’aidé facilité pour 87 %.
D’autres pistes sont également mises en évidence dans le Baromètre comme le besoin en formation (sur les gestes quotidiens, par exemple) pour 85 % à égalité avec le développement de Maisons de Répit accueillant ponctuellement l’aidé ou l’aidant ou encore un aménagement du temps de travail. Le besoin de soutien psychologique est également évoqué par 83 % des répondants, suivi par le développement des échanges entre aidants (81 %) et le don de RTT en direction d’un collègue aidant, jugé utile par 79 % des personnes interrogées.
FOCUS : LA SANTÉ DES AIDANTS, UN ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE
En résonance avec la thématique 2018 de la Journée Nationale des Aidants du 6 octobre sur
« La santé des aidants », le Baromètre de la Fondation APRIL présente un focus sur cette question centrale. Ainsi, 31 % des aidants affirment avoir tendance à délaisser leur propre santé à cause de leur rôle. Parmi eux, les femmes sont plus nombreuses (36 %) que la moyenne à délaisser leur propre santé tout comme les personnes âgées de 35 à 49 ans (42 %). Ils sont également 22 % à avoir été obligés de reporter des soins qui les concernaient, surtout les personnes âgées de 35 ans à 49 ans (34 %), les CSP+ (32 %) et ceux qui apportent une aide pour les actes élémentaires (29 %).
11 % affirment avoir de nouveaux problèmes de santé depuis qu’ils sont aidants (16 % pour les CSP+) et 10 % trouvent que leurs problèmes de santé déjà existants n’ont fait que s’aggraver. Enfin, chez 9 % des aidants, on note que leur consommation de médicaments a augmenté. Des chiffres qui, s’il en était besoin, montre qu’il est important d’apporter un regard attentif à la situation des aidants et plus particulièrement, à leur santé.
Quels sont les maux les plus fréquents ?
Parmi les principaux problèmes de santé engendrés par ce statut d’aidant, 38 % correspondent à du stress et de l’anxiété (46 % chez les CSP+), 32 % à un sommeil perturbé (45 % pour les aidants qui passent 40 H ou plus à aider) et 30 % à des douleurs physiques comme des maux de dos (42 % chez les aidants qui vivent avec le proche aidé). Parmi les maux les plus fréquents, viennent ensuite la faiblesse musculaire (18 %), les problèmes de poids (11 %), la dépression (10 %… et 23 % pour les aidants dont les revenus sont compris entre 500 et 1499 €) et la perte d’appétit (9 %).
Le Baromètre révèle aussi, que si les aidants accompagnent régulièrement leur proche aidé à l’hôpital, l’intérêt de l’équipe médicale envers eux s’avère presque inexistant. Seuls 13 % des aidants affirment ainsi être interrogés sur leur santé.
EN CONCLUSION
Être aidant : un statut qui mérite de gagner en visibilité et d’être davantage valorisé
Si la notoriété du terme aidant est en nette progression cette année, il reste encore fort à faire au sein de notre société pour mettre en place les bonnes mesures, et les bons interlocuteurs, pour simplifier ou au moins faciliter la vie des aidants, que ce soit sur le plan de l’information comme de l’aide concrète ou matérielle.
Le terme souffre réellement d’une méconnaissance au sein de la société civile. Parmi les aidants eux-mêmes, cela reste compliqué de se définir ainsi ; puis parmi l’entourage (vie de couple ou de famille, actif…) où le statut reste encore synonyme de temps passé et d’incompréhension sur les difficultés rencontrées par cette partie de la population.
Les aidants se retrouvent souvent très seuls pour gérer leur situation. Et s’ils se tournent naturellement vers les professionnels de santé, ils restent aujourd’hui encore très mal informés, tant sur les aides possibles que sur les personnes ressources qui pourraient les soulager et alléger leur statut.
Enfin, si être aidant n’est pas anodin puisque la situation a de forts impacts sur le quotidien : manque de temps, fatigue, altération de la santé, situation professionnelle tendue, incompréhension de l’entourage… il est surtout important de noter que 83 % des aidants trouvent que la situation a néanmoins un impact positif sur les liens qu’ils entretiennent avec l’aidé.
Des chiffres encourageants et qui ne demandent qu’à continuer à progresser dans les années à venir, mais à la condition que les aidants soient de mieux en mieux épaulés, informés, accompagnés… En effet, quoi de plus gratifiant que de se savoir utile (à un proche, conjoint, ami, voisin) au sein de notre société ?
Source : Dossier de presse du 06/10/2018
*L’enquête a été réalisée par l’Institut de sondage BVA les 25 et 26 mai puis les 8 et 9 juin par téléphone auprès d’un échantillon de 2007 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 et plus. Au sein de cet échantillon, ont été interrogés : 456 aidants et 1551 non aidants. Cet échantillon a été constitué d’après la méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, région de résidence et catégorie d’agglomération.
 

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