Assurance embarquée : vers un modèle de confiance renouvelé

L’essor de l’assurance embarquée interpelle les assureurs traditionnels sur leur capacité à répondre aux attentes des jeunes générations et à combler le déficit de protection.

L’assurance embarquée (ou embedded insurance) s’impose progressivement comme une réponse stratégique au fossé grandissant entre les besoins de protection des consommateurs et la couverture effectivement souscrite. Ce protection gap, identifié par le Forum économique mondial (WEF), concerne en particulier les jeunes générations souvent sous-assurées ou mal couvertes. Le concept d’assurance embarquée consiste à intégrer des garanties directement au moment de l’achat d’un bien ou d’un service, sans passer par une souscription indépendante. Cette approche pourrait transformer en profondeur la relation entre l’assurance et les consommateurs, tout en apportant une nouvelle dynamique à l’innovation sectorielle.

D’après le Boston Consulting Group (BCG), ce modèle devrait générer plus de 70 milliards de dollars de primes d’ici 2030, contre 13 milliards aujourd’hui. Une projection qui témoigne de l’attractivité de cette solution intégrée, particulièrement pour une clientèle digitale en quête de simplicité, de rapidité et de transparence.

De la souscription autonome à la protection intégrée

Loin d’être un simple argument marketing, l’assurance embarquée vise à devenir une norme. Elle se matérialise déjà dans des services quotidiens comme la garantie d’un appareil électronique via AppleCare, une assurance voyage proposée lors de l’achat d’un billet d’avion ou encore la responsabilité civile intégrée à chaque location sur Airbnb. L’essor de cette pratique s’appuie sur les progrès des interfaces de programmation applicatives (API) et sur l’exploitation des données client, permettant une intégration fluide et quasi invisible.

Selon EY, plus de 30 % des actes de souscription pourraient transiter par ces canaux d’ici 2028. Mais cette transformation numérique n’a de sens que si elle s’accompagne d’une personnalisation utile et d’une vraie valeur pour l’utilisateur.

Transparence et personnalisation : piliers de la confiance

Si les nouvelles technologies offrent aux assureurs des outils puissants, encore faut-il qu’elles soient mobilisées de façon éthique et centrée sur l’utilisateur. L’étude d’Accenture souligne que 60 % des consommateurs sont prêts à partager leurs données personnelles si cela leur garantit une tarification plus juste et des couvertures plus adaptées. Cette évolution ouvre la voie à une personnalisation en temps réel, identifiée par le WEF comme levier clé pour restaurer la confiance dans le secteur assurantiel.

Aaron Sherwood, contributeur au WEF et fondateur du Global Shapers London Hub II, souligne que la réussite de l’assurance embarquée repose avant tout sur une collaboration étroite entre assureurs historiques, insurtechs et marques de consommation. Chaque acteur y apporte une expertise distincte : maîtrise de la gestion des risques, technologie d’intégration, ou encore relation de proximité avec le consommateur.

Mais cette transition doit s’opérer dans un cadre transparent, sinon la technologie pourrait au contraire aggraver la fracture de confiance existante.

Vers un modèle d’assurance plus inclusif et hybride

L’assurance embarquée illustre la capacité du secteur à se réinventer, à condition de replacer l’expérience utilisateur au cœur de la stratégie. Ce modèle hybride, fondé sur des partenariats entre acteurs technologiques, distributeurs et assureurs, redessine les contours du parcours client et du patrimoine assurantiel, en le rendant plus lisible et plus accessible. Il offre également une opportunité d’élargir les bases assurées en ciblant des segments historiquement négligés.

Le développement d’une assurance intégrée, éthique et personnalisée, pourrait ainsi marquer un tournant majeur pour un secteur en quête de modernisation et d’engagement citoyen. Les professionnels de l’assurance, confrontés à des défis structurels liés à la digitalisation et aux attentes sociétales, devront s’interroger sur leur capacité à co-construire ces nouvelles offres.

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