Un niveau record pour l’épargne financière des ménages

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Le taux d’épargne des ménages français continue de progresser, atteignant 18,8 % du revenu disponible brut au premier trimestre 2025, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).

Cette hausse, analysée par Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne, s’inscrit dans un contexte de tensions économiques, géopolitiques et sociales persistantes. Elle reflète une prudence structurelle des ménages, préoccupés par leur pouvoir d’achat, les perspectives de retraite, et l’avenir du financement public. Ce phénomène impacte directement les stratégies des acteurs de la préparation patrimoniale, de l’assurance-vie et de la retraite complémentaire.

Un comportement d’épargne renforcé par l’incertitude et la désinflation

Malgré une légère progression du pouvoir d’achat au premier trimestre 2025 (+0,3 %), la consommation des ménages a diminué de 0,2 %, traduisant une réticence à dépenser. Cette dynamique illustre un effet de précaution bien connu des économistes : face à une conjoncture instable, les ménages privilégient l’épargne. L’effet Ricardo-Barro, ou équivalence ricardienne, selon lequel les individus anticipent une augmentation des impôts en cas de déficit public élevé, semble se confirmer.

La désinflation n’a pas modifié les comportements, tout comme la hausse des revenus. Les ménages adoptent une logique d’anticipation des risques, dans un environnement perçu comme durablement instable. Cette situation constitue un défi pour les professionnels de l’assurance de personnes, notamment ceux proposant des produits à long terme comme la prévoyance, l’assurance dépendance ou les contrats retraite.

Une dynamique portée par l’épargne financière de long terme

Le taux d’épargne financière a bondi à 9,8 % du revenu disponible brut, un sommet hors période Covid qui n’avait pas été atteint depuis 1950. Cette évolution traduit une orientation claire vers des produits financiers, avec en ligne de mire la constitution de compléments de revenus pour la retraite. Le vieillissement démographique, la réforme des systèmes de retraite et l’augmentation de l’espérance de vie expliquent ce besoin de sécurisation patrimoniale.

Cette tendance est loin d’être spécifique à la France. D’autres pays comme l’Allemagne, le Japon ou la Chine connaissent des comportements similaires, renforçant l’hypothèse d’une transformation structurelle de la relation à l’épargne. Pour les assureurs, cela signifie un repositionnement possible autour de produits d’accumulation progressive et d’investissements responsables, alignés avec les aspirations des ménages.

Une consommation bridée et une confiance encore fragile

Le maintien d’un haut niveau d’épargne est également le reflet d’une défiance persistante. La succession des crises (sanitaire, géopolitique, climatique) a profondément modifié le rapport des ménages à la dépense. Une décrue significative du taux d’épargne ne pourra intervenir que dans un contexte de confiance retrouvée, soutenue par une croissance stable, des réformes crédibles et une communication claire sur les perspectives économiques.

Ce climat d’attentisme constitue un enjeu majeur pour les institutions financières et les distributeurs d’offres d’épargne, qui doivent adapter leurs produits aux attentes de prudence, de liquidité et de lisibilité exprimées par les épargnants. Dans ce contexte, les produits souples, digitalisés et dotés de garanties sont particulièrement recherchés.

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