Quotas et parité : une transformation nécessaire

En dépit de progrès lents, les quotas se révèlent cruciaux pour la mixité en entreprise.

Une étude de l’Observatoire SKEMA 2024 souligne leur nécessité pour accélérer l’équité de genre, tout en montrant les bienfaits de la diversité sur la performance des entreprises.

L’Observatoire SKEMA a récemment publié son étude annuelle sur la féminisation des entreprises, mettant en exergue l’importance des quotas pour encourager la diversité et l’inclusion dans les postes de gouvernance. Cette analyse, dirigée par Michel Ferrary, chercheur émérite affilié à SKEMA Business School, révèle que la progression vers une représentation équilibrée des femmes dans les instances dirigeantes est encore timide, soulignant l’utilité des mesures contraignantes pour accélérer ce mouvement.

Malgré une légère augmentation de la présence féminine aux plus hauts niveaux de direction au sein des entreprises du CAC40, avec 6,25% des postes de Président et Directeur Général actuellement occupés par des femmes, contre 3,75% en 2022 et 2,5% en 2021, l’écart reste conséquent. Cette situation met en lumière la persistance d’un plafond de verre, malgré les efforts législatifs tels que la loi Rixain, visant à atteindre 30% de femmes au sein des comités exécutifs en 2026, et 40% en 2029.

En moyenne, 25,75% des membres des comités exécutifs des entreprises du CAC40 sont des femmes, bien qu’elles forment 37,09% de l’ensemble des cadres, principal réservoir pour le recrutement des dirigeants. L’étude estime l’épaisseur du plafond de verre à 11,34. Comparé à 2008, où ce plafond de verre atteignait 21,82, avec 6,3% de femmes dans les comités exécutifs contre 28,12% parmi les cadres, on observe une réduction de près de 50% de cet écart en quinze ans.

L’étude note également des avancées significatives dans certaines entreprises, avec une représentation féminine au comité exécutif qui atteint, voire dépasse, les objectifs fixés par la loi. Cependant, trois entreprises demeurent sans aucune femme dans leurs plus hautes instances de gouvernance, révélant des disparités marquées au sein du paysage économique français.

La remise des Prix Citron et Orange, distinguant respectivement les entreprises affichant les plus grands écarts de représentation féminine et celles ayant réalisé des progrès notables, illustre les efforts inégaux dans le secteur. LVMH se voit attribuer le Prix Citron pour son plafond de verre particulièrement épais, tandis que Renault reçoit le Prix Orange pour avoir établi une parité presque parfaite au sein de son comité exécutif.

Par ailleurs, l’analyse met en évidence les bénéfices de la féminisation des entreprises sur leur performance. Il apparaît que la rentabilité opérationnelle et les engagements en matière de responsabilité sociale et environnementale ne sont pas directement liés à la présence de femmes dans les comités exécutifs mais plutôt à leur intégration dans l’ensemble de la structure hiérarchique et parmi les effectifs.

Cette étude réaffirme l’importance des quotas comme outil de transformation sociale et économique. La féminisation des entreprises, au-delà d’être une question de justice sociale, s’avère être un levier d’innovation et de performance durable, soulignant l’interdépendance entre équité, responsabilité sociale et succès économique.

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