« Les talents mutualistes s’accordent au pluriel ! »

La branche Mutualité s’attache à attirer les talents et les accompagner tout au long de leur parcours professionnel. Céline Loiseau est la Déléguée générale de l’Association Nationale des Employeurs de la Mutualité (ANEM).

Dans un entretien, elle explique comment les outils développés au niveau paritaire ou à l’initiative des employeurs mutualistes s’inscrivent dans une vision spécifiquement mutualiste des ressources humaines.

Vous êtes Déléguée générale de l’Association Nationale des Employeurs de la Mutualité (ANEM), l’organisation d’employeurs représentative au sein de la branche Mutualité. Vous êtes également spécialiste des ressources humaines et vous animez depuis une vingtaine d’années des projets de transformation stratégique dans le secteur de la protection sociale complémentaire et obligatoire. Dans un premier temps, pouvez-vous nous préciser le rôle de l’Association Nationale des Employeurs de la Mutualité (ANEM) ?

L’ANEM est une organisation patronale qui porte l’identité des employeurs du secteur de la Mutualité. Une identité que le Conseil d’administration de l’association a souhaité forte et qui s’affirme au travers d’un manifeste intitulé « Les mutuelles donnent des ailes ». Cette vision passe aussi par une animation active de la communauté RH des employeurs pour faire connaître leurs réalisations et faire entendre leurs spécificités.

En tant qu’organisation d’employeurs, notre raison d’être est également de faire vivre le dialogue social au sein de la branche, avec les organisations syndicales, notamment sur le champ de la formation, avec comme conviction forte l’accompagnement des parcours professionnels.

Enfin, l’ANEM joue un rôle actif en matière de prospective sur les métiers mutualistes. Il s’agit d’une prospective orientée vers l’action, parce qu’il s’agit bien, lorsque des transformations métiers sont identifiées, de proposer des actions et des solutions pour accompagner ces mutations.

Vous évoquez les métiers et leurs évolutions. Est-ce que le secteur mutualiste est, aujourd’hui, attractif ?

C’est une question qui guide notre action. C’est bien pour cette raison qu’il y a trois ans, nous avons souhaité rendre visible et valoriser l’identité de l’employeur mutualiste par le biais de notre manifeste « Les mutuelles donnent des ailes ». Pour cela, nous sommes partis des réalisations probantes des mutuelles pour donner à voir un certain nombre de bonnes pratiques et en dessiner des partis pris. Ce manifeste permet aux futurs candidats – et même aux salariés déjà en poste – de mieux connaître le secteur de la Mutualité.

Ce qui ressort notamment, c’est que notre secteur est parfaitement à même de répondre à la question du sens au travail, du sens de l’action, à travers notamment ses missions d’utilité sociale et ses valeurs fortes, comme la solidarité ou encore la démocratie. Nous rappelons la gouvernance du modèle mutualiste : « un homme, une voix », avec une gouvernance élue. Nous mettons également en exergue les valeurs mutualistes, comme la liberté, dans les parcours de vie et parcours de santé.

Parmi les partis pris du manifeste des Employeurs de la Mutualité, j’aimerais souligner l’attention portée aux parcours professionnels. Nous sommes aussi attachés au fait que les talents s’expriment dans un collectif de travail, à travers un management bienveillant qui autonomise, qui responsabilise, qui les développe. Le tout dans un dialogue social nourri, avec une gouvernance élue, qui vient inscrire la politique RH mutualiste que l’on souhaite responsable et durable, dans une perspective de long terme.

Vous évoquiez cette notion de talent. Toutes les entreprises, tous les secteurs ont la nécessité d’avoir des talents au quotidien, dans leurs emplois, dans leurs actions. Est-ce que le secteur mutualiste, lui aussi, a besoin de talents ?

Oui, assurément, le secteur mutualiste a besoin de talents ! Le secteur recrute 10.000 salariés par an, parmi lesquels plus de 10% via l’alternance. Pour faire face aux transformations du secteur, nous observons des besoins dans différents domaines, non seulement assurantiels, mais également dans les activités sanitaires et sociales. C’est notre prospective métiers qui nous informe et nous éclaire sur le champ des possibles en Mutualité.

Pour accompagner les politiques d’entreprise dans le développement des talents, la branche Mutualité s’est dotée d’un outil précieux : un référentiel métiers dynamique qui permet à chaque salarié, quand il se pose des questions sur son parcours professionnel, d’identifier le champ des possibles et, à partir du métier occupé, de dessiner une trajectoire, d’identifier les compétences dont il dispose dans son emploi et les compétences qui lui restent à acquérir, au travers, notamment, d’un parcours de formation. C’est un outil qui est ouvert à tous sur le site Internet de l’ANEM.

Je vois que vous mettez à disposition du secteur mutualiste une panoplie d’outils pour accompagner les parcours et ces transitions…

Absolument. J’évoquais la politique active de la branche en matière de formation. Bien souvent, la branche Mutualité a été pionnière dans la manière de permettre la mise en œuvre des parcours. Notamment, quand il s’agit de mettre le salarié en mouvement, de rendre le salarié pleinement acteur de son parcours. C’est l’esprit de la réforme voulue en 2018 par les pouvoirs publics en matière de formation. Les organisations syndicales et les employeurs de la branche ont ainsi récemment conçu un dispositif de conseil, de diagnostic personnalisé en matière de parcours, pour soutenir le salarié qui souhaite engagement une réflexion sur son évolution professionnelle. Ce dispositif original, dénommé Cap Mut, est opérationnel depuis le début de l’année.

L’autre dispositif clé porte sur le Compte Personnel de Formation des salariés. Nous avons été l’une des premières branches à abonder financièrement le CPF des salariés mutualistes. Car, bien souvent, le CPF seul ne suffit pas pour accompagner un projet de formation ambitieux. Il s’agissait pour les partenaires sociaux d’apporter une solution en matière d’accessibilité et de financement. La branche est donc venue abonder le CPF. Cela permet, à travers 2.000 certifications, de répondre aux besoins des salariés comme des entreprises mutualistes. Nous sommes venus porter une attention particulière sur les métiers en tension, sur les salariés en situation de handicap ou encore les salariés qui présentent les qualifications les plus modestes ou, dernièrement, les salariés de plus de 50 ans.

Si je comprends bien, c’est un service personnalisé, complémentaire au CPF ?

Tout à fait. Lorsque le salarié se connecte sur « mon compte formation », en fonction de la formation choisie, il va pouvoir concrétiser son projet, non seulement à travers ses droits propres, mais aussi avec une dotation complémentaire au titre du financement de la branche.

Donc, un engagement, en matière d’accompagnement des parcours professionnels avec des outils proposés par l’ANEM… Mais aussi, peut-être, un engagement en faveur de la diversité, de l’inclusion ?

Oui, les talents, en Mutualité, s’accordent vraiment au pluriel ! C’est un des partis pris forts du manifeste, en considérant que c’est la diversité du collectif qui en fait la richesse et qui est source de créativité.

Les mutuelles s’engagent avec résolution dans des politiques diversité et inclusion. Là encore, l’ANEM les appuie, impulse des réflexions en la matière, aussi bien dans le champ du paritarisme avec les organisations syndicales – puisque l’on a un accord égalité professionnelle qui vient soutenir et proposer des actions en la matière – que dans le champ de l’animation employeurs. Nous venons à ce sujet d’ouvrir un nouveau cycle d’ateliers RH avec les employeurs dédié à la diversité et l’inclusion.

La pratique est toujours la même au travers de ces ateliers : réfléchir ensemble, agir ensemble, partir des bonnes pratiques des mutuelles pour en dessiner de nouvelles. Le principe de ces ateliers RH est vraiment d’avoir un cadre collectif pour agir, une boussole pour orienter l’action et avancer plus loin…

Vous avez évoqué ce cadre collectif, vous avez évoqué les métiers, vous avez évoqué les talents. Parlons des collaborateurs et, plus précisément, de l’épanouissement et du bien-être de chacun dans l’entreprise. Est-ce que ce bien-être des collaborateurs impacte la performance individuelle, mais aussi la performance collective ?

C’est le cas. Nous évoquions précédemment l’expérience candidat lors des recrutements. Effectivement, l’expérience collaborateur se veut différenciante dans l’environnement mutualiste, pour répondre aux attentes des salariés telles qu’elles s’expriment. Les employeurs mutualistes agissent sur différentes dimensions, parmi lesquelles les conditions de travail, l’équilibre de vie professionnelle et vie personnelle. L’ANEM accompagne leurs réflexions, comme nous l’avons déj fait sur des sujets tels que les bouleversements induits dans l’organisation du travail, à travers le management à distance. Et, nous avons plusieurs exemples de mutuelles qui ont été très pionnières dans la manière d’accompagner les salariés au quotidien et les managers dans ces nouveaux modes d’organisation.

La qualité de vie au travail – nous réfléchissons à la question en commission des DRH, puisque c’est l’un des sujets phares de négociation pour cette année 2024 – constitue une tendance lourde dans les politiques RH. C’est également un sujet d’actualité qui vient donner la part belle au management.

Là encore, l’ANEM accompagne les entreprises dans la manière de développer les parcours des managers, de les certifier. Ainsi, nous avons noué un partenariat avec l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour différencier le management mutualiste à travers deux dimensions : d’une part, l’environnement mutualiste et de l’autre, la pratique managériale responsable et durable que l’on évoquait.

Enfin, le quotidien au travail peut aussi être empreint de difficultés de vie. Dans ce cas, la branche Mutualité agit, grâce à son régime de prévoyance, et son Fonds de solidarité, #AFondSolidaires. Il nous permet de mener des actions collectives à travers des dispositifs de branche. Récemment, nous avons mis en place un dispositif de retour à l’emploi pour permettre aux salariés revenant d’un arrêt maladie de longue durée d’être accompagnés au mieux au moment de la reprise. La branche met également en œuvre un large volet d’action sociale individuelle avec différentes aides qui sont proposées, notamment pour les aidants ou les salariés confrontés à des maladies graves.

Est-ce que cette nécessité de bien-être des collaborateurs, c’est aussi une façon indispensable d’attirer ou de fidéliser les talents qui sont dans les organismes, dans les entreprises ?

Oui. Nous voyons dans les attentes qui sont formulées, dans les leviers d’engagement que l’on peut analyser à travers nos différents cycles avec les employeurs, que l’on doit avoir une réponse sur un ensemble de dimensions. Le sens au travail, le sens porté à l’action, le quotidien au travail, mais aussi la manière de faire s’exprimer les talents, de les développer à travers des parcours professionnels : ce sont autant d’ingrédients sur lesquels il faut agir et sur lesquels les employeurs mutualistes sont particulièrement attentifs.

Je voudrais vous poser cette question sur les talents, plus spécifiquement, les talents de la Mutualité. Est-ce qu’ils ont un sentiment d’appartenance au secteur de la Mutualité ou à leur mutuelle ?

Oui, c’est un élément fort de l’action de la branche et des employeurs de la Mutualité. À travers des travaux de l’Observatoire de l’Emploi et des Métiers en Mutualité (OEMM), nous avons développé un parcours d’intégration pour favoriser ce sentiment d’appartenance. Non seulement pour les candidats que l’on vient de recruter – nous savons qu’un recrutement réussi, c’est surtout une intégration réussie – mais également pour les salariés déjà présents dans l’entreprise. Il permet de mieux comprendre l’environnement mutualiste dans toute sa variété et sa richesse, à travers des outils pédagogiques simples d’accès, notamment une vidéo et des mini-guides.

Les mutuelles, quelle que soit leur taille, ont mis en place des processus d’intégration. Car dès lors qu’il s’agit d’attirer les talents, il faut rendre visible l’identité de l’employeur et, bien sûr, parfaitement irréprochable dans la manière de conduire le recrutement et dans la manière de conduire l’intégration. Le parcours d’intégration de la branche nourrit les pratiques des mutuelles et, en retour, l’expérience des mutuelles enrichit les outils de la branche. C’est notre philosophie à l’ANEM !

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