« Ne faisons pas de la RSE une contrainte moralisatrice ou règlementaire »

Une organisation qui met en place une politique RSE va chercher à avoir un impact positif sur la société, à respecter l’environnement tout en étant économiquement viable. Mais la RSE demeure une notion assez complexe pour les collaborateurs, selon le premier baromètre sur ce thème du groupe Cegos, dévoilé la semaine dernière (à télécharger ci-dessous). Mais qu’en est-il pour le secteur de l’Assurance ?

Ainsi nous nous sommes rapproché d’Assurance For Good, société de conseil et de formation RSE auprès des acteurs de l’assurance. Ensemble nous avons entrepris de réaliser une enquête (ci-dessous). Nous avons cependant demandé à Sophie Laxenaire et Valérie Loizillon de répondre préalablement à nos quelques questions.

Le secteur de l’assurance est-il bon élève en termes de RSE ?

Par définition, tous les acteurs de l’assurance portent en eux une mission de responsabilité sociétale. C’est au cœur même de leur ADN : ce sont des professionnels de la gestion des risques avec pour mission première la protection de la société. Cela étant, les entreprises du secteur de l’assurance sont extrêmement hétérogènes, que ce soit en termes d’activité, de chiffre d’affaires ou d’effectifs, avec des stratégies et des niveaux de maturité tout aussi diversifiés en matière de RSE.

Les grands groupes d’assurance ont en général mis en place des démarches structurées et pilotées, allant pour certains jusqu’à l’inscription d’une raison d’être dans leurs statuts, comme le permet la loi PACTE depuis 2019. C’est le cas par exemple d’Allianz (« Nous préparons votre avenir, un avenir plus sûr »), de la MAIF (« Une attention sincère portée à l’autre et au monde ») de Groupama (« Nous sommes là pour permettre au plus grand nombre de construire leur vie en confiance ») ou encore plus récemment de la Matmut (« Nous assurons, nous accompagnons, nous protégeons, nous nous engageons, c’est notre raison d’agir au quotidien pour aider chacun à construire et rêver demain. »).

Il est indéniable que le sujet de la responsabilité sociétale des entreprises prend de l’ampleur, à la fois sous l’effet de la réglementation qui incite de plus en plus les entreprises à s’engager dans une démarche RSE, et sous l’effet d’un contexte sociétal avec des consommateurs, des collaborateurs et des parties prenantes au sens large, qui de plus en plus demandent de la transparence et attendent des entreprises qu’elles puissent avoir un impact social et environnemental. Il y a sur le sujet une accélération des prises de conscience. C’est vrai pour les entreprises en général, c’est vrai également pour les acteurs de l’assurance. Enfin, il y a les nouveaux entrants sur ce marché en mouvement constant : les assurtechs bien sûr ! Ces start up bousculent le secteur sur l’ensemble de la chaîne de valeur et portent en elles, pour beaucoup, dès leur création, l’engagement sociétal au cœur de leur mission et de leur ambition.  Reste bien sûr à concrétiser cet engagement dans le temps !

Il est devenu de bon ton d’afficher, pour les entreprises, un engagement de responsabilité sociétale. La RSE est dans toutes les bouches, n’y a-t-il pas un gap entre le « dire » et le « faire » ?

Il est évident que toutes les entreprises de l’assurance, quelle que soit leur taille ou leur activité, développent des initiatives qui rentrent dans le spectre d’une démarche RSE. Certaines sont plus avancées sur le pilier social avec, par exemple, des espaces de travail accueillants, l’accès à des programmes de formation et de montée en compétences ou des engagements concrets en faveur de la diversité et de l’inclusion. D’autres se distinguent par l’accompagnement apporté à leur client ou leur rôle d’acteur économique via leur ancrage territorial. Les dernières, enfin, revoient leurs politiques d’investissement ou de numérique responsable pour répondre à l’enjeu du dérèglement climatique et améliorer leur impact sur l’environnement. Notre conviction est que chaque pas, même minime, entrepris dans la mise en place d’une politique RSE est un pas vertueux tant qu’il est authentique et aligné avec les valeurs et la culture de l’entreprise.

Plus une démarche RSE est structurée, transversale, et couvre l’ensemble de la chaîne de valeur assurantielle, plus elle aura du poids et permettra de maximiser l’impact de performance et d’assurer l’activation de tous les leviers. C’est toute la différence entre des actions ponctuelles et diluées et une démarche pilotée qui place la RSE au cœur, et non pas à côté, du modèle d’affaire de l’entreprise.

Cela étant dit, oui, bien sûr, il y a parfois un écart significatif entre le « dire » et le « faire », dans l’assurance comme dans tous les secteurs d’activité et sur ce point, il est important de rappeler un des fondamentaux de la communication responsable : la proportionnalité. Si chaque pas compte, la communication de chacun de ces pas doit être au niveau de son impact. Les citoyens ne s’y trompent pas et les erreurs de communication ne passent jamais inaperçues. Gare au greenwashing !

Pour que la politique RSE de l’entreprise se déploie, il faut engager toute l’entreprise, des comités de direction aux équipes.  Non ? Comment faire ?

Selon une enquête récente*, à peine 8% des salariés sont invités à intégrer la RSE dans l’exercice de leur métier. Et pourtant, impliquer l’ensemble des équipes est un prérequis indispensable au succès d’une démarche RSE et à la transformation positive de l’entreprise. Surtout, lorsque l’on sait dans le même temps que 70%* des salariés sont prêts à s’engager davantage dans la démarche RSE de leur employeur. Une entreprise éthique et responsable suscite la fierté de ses collaborateurs, donne du sens à leur travail, et renforce leur engagement.

Alors comment faire ? Un point fondamental pour s’assurer d’embarquer l’ensemble de l’entreprise, c’est de former les équipes. Sensibiliser et faire monter en compétences les collaborateurs sur les enjeux du 21ème siècle, leur permettre de s’approprier les fondamentaux de la RSE et de la durabilité pour qu’ils intègrent de nouveaux réflexes dans leurs activités quotidiennes et qu’ils prennent les bonnes décisions.

L’entreprise peut également mettre en place des démarches participatives qui sollicitent les collaborateurs, mais aussi les clients et les fournisseurs.

Un autre levier d’engagement est la constitution d’un réseau d’ambassadeurs ou de référents, formés et sensibilisés aux enjeux de la RSE. Souvent volontaires, ces porte-paroles de la démarche RSE de l’entreprise pourront faire remonter les bonnes pratiques ou attentes des collaborateurs, tout en créant du lien entre les sites et les équipes.

Enfin, pour s’assurer de l’implication indispensables des différentes strates managériales, certaines entreprises intègrent la RSE dans les objectifs annuels de leurs managers ou conditionnent une partie de la rémunération variable des dirigeants à l’atteinte d’objectifs RSE.

Vous avez engagé un partenariat avec l’Assurance en Mouvement afin de réaliser une enquête sur la RSE. Vous souhaitez mesurer les attentes & la perception des collaborateurs des sociétés du marché de l’assurance en matière de RSE ? pourquoi ? Vous pouvez nous en dire plus ?

Tout d’abord, on l’a dit, la thématique s’accélère. Ensuite, il n’est pas facile de trouver de études permettant de mesurer la perception des acteurs du marché de l’assurance en matière de RSE. Les études existantes rapportent plutôt la vision des dirigeants que celle des collaborateurs.

Cette enquête développée en partenariat avec l’Assurance en Mouvement est pour nous l’occasion d’aller chercher cette information-là. Et de comprendre encore mieux comment mobiliser les collaborateurs pour en faire les meilleurs ambassadeurs RSE de leur entreprise. Nous avons toutes les deux de longues années d’expérience dans le secteur de l’assurance, et notre conviction est qu’il existe un fort potentiel d’engagement et de performance RSE entre les mains des salariés du secteur et que ces salariés ne demandent qu’à s’exprimer et à déployer leurs idées !

Nous engageons d’ailleurs tous les collaborateurs du secteur assurance à répondre. 3 minutes suffisent ! Merci !

En conclusion ?

Ne faisons pas de la RSE une contrainte moralisatrice ou règlementaire.

Engager une stratégie RSE c’est questionner sa mission, renouer avec la promesse fondatrice de l’entreprise. Un projet engageant, fédérateur, porteur de sens et d’innovation… et résolument aligné avec le développement. Ne nous y trompons pas, il n’y a pas d’un côté les entreprises rentables et de l’autre celles qui font de l’impact : le développement est économique ET social ET environnemental !

Et puis, au-delà du plaisir que nous avons à accompagner nos clients dans leur stratégie à impact, ce qui nous anime et fonde notre détermination c’est d’observer l’élan et l’enthousiasme que génèrent ces sujets lorsque le mouvement est enclenché. L’envie et la fierté sont des moteurs bien plus puissants que la contrainte !

(*) Observatoire des salariés et entreprises responsables 2020

https://www.lefigaro.fr/entrepreneur/rse-les-entrepreneurs-embarquent-leurs-salaries-20210609

Baromètre du groupe Cegos / Etude-Cegos-RSE-2021-web

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