Face à une société perçue comme incertaine, les Français cherchent refuge dans leur cercle proche. Les préoccupations sur la santé, le travail et le logement restent vives, révélant un modèle sociétal sous pression.
La troisième édition du baromètre prospectif du Groupe VYV, menée avec Ipsos fin mars 2024, éclaire les perceptions des Français sur leur qualité de vie actuelle et future d’ici à 10 ans. Malgré une légère remontée de l’indice du mieux-vivre à 12,5/20, la stabilité apparente masque une réalité plus contrastée : un quart des Français craint une dégradation de sa situation dans les années à venir. Cette inquiétude est alimentée par des tensions accrues autour de la santé, du travail et de l’alimentation, tandis que le logement demeure un ancrage essentiel dans un monde jugé instable.
Une santé fragilisée et un système sous tension
Le constat est clair : la santé est une préoccupation majeure, et les Français doutent de la capacité du système à répondre aux défis à venir. 58 % d’entre eux dénoncent déjà des difficultés d’accès aux soins, tandis que la prévention est plébiscitée comme un levier essentiel. Le vieillissement de la population, les pénuries de soignants et l’impact des défis climatiques sur la santé nourrissent une anxiété croissante.
Travail et logement : des piliers fragiles
Si le travail reste central dans la qualité de vie, il est aussi source de frustration : seulement 51 % des actifs sont satisfaits de leur rémunération – bien qu’elle soit supérieure à l’inflation, qui était autour de 2 % en 2024, anticipée à environ 1,5 % en 2025, et les salaires ayant été augmentés avec une valeur médiane de 3,8 % en 2024, suivie d’une augmentation prévisionnelle en 2025 à 3,5 % – beaucoup regrettent un manque de reconnaissance et d’évolution. Par ailleurs, les Français redoutent la montée en puissance de l’intelligence artificielle dans le travail : seuls 56 % pensent que les entreprises mettront en place une organisation plus collaborative, et beaucoup craignent une automatisation croissante des tâches, perçue comme une menace pour l’humain et l’emploi.
En parallèle, 23 % des Français rencontrent des difficultés liées au coût du logement, ce dernier restant pourtant un repère essentiel face à l’incertitude ambiante. 66 % des Français souhaitent adapter leur logement aux contraintes climatiques et 55 % veulent en faire le centre de leur vie (travail, loisirs, sport, vie sociale, etc.).
Alimentation et lien social : des tensions multiples
L’aspiration à une alimentation plus saine et durable se heurte à des contraintes économiques : 80 % des Français citent le coût comme principal frein à une alimentation équilibrée. Par ailleurs, le lien social s’érode : 49 % des sondés déclarent avoir du mal à rencontrer de nouvelles personnes, un paradoxe dans une société hyperconnectée.
Un avenir à réinventer
Si les Français aspirent à une société plus solidaire et respectueuse de l’environnement, seulement 52 % croient en la capacité des entreprises à privilégier l’impact sociétal sur le profit. La défiance persiste, mais l’envie d’un changement profond est bien là : 61 % espèrent le maintien des commerces de proximité et 77 % voient la lutte contre l’isolement comme une priorité de santé publique.
Entre lucidité et espoir, les Français avancent avec la conscience que les choix d’aujourd’hui façonneront leur qualité de vie de demain.
