Trois ans après l’essor de l’intelligence artificielle générative, les Français commencent à l’utiliser pour leurs questions financières, mais sans lui accorder une confiance pleine et entière.
L’intelligence artificielle s’impose progressivement dans les usages du quotidien, y compris dans le champ des finances personnelles. Pourtant, son intégration dans la gestion du budget, de l’épargne ou des placements reste marquée par une grande prudence. Selon une enquête menée par MoneyVox avec YouGov France, plus d’un tiers des Français ont déjà eu recours à une IA pour obtenir une réponse liée à leurs finances. Cette dynamique est particulièrement visible chez les moins de 45 ans, et plus encore chez les étudiants, confirmant l’ancrage générationnel des nouveaux outils digitaux.
Un usage déjà ancré chez les jeunes actifs
L’étude montre que l’IA est désormais perçue comme un outil accessible pour obtenir rapidement une information financière. Les jeunes actifs et les étudiants y voient un moyen pratique de décrypter une notion, de comparer des produits ou de comprendre une situation patrimoniale. Toutefois, cette appropriation reste partielle. Près de la moitié des Français reconnaissent l’utilité potentielle de l’IA dans la gestion de leurs finances, tandis qu’une part équivalente demeure sceptique.
Comme le souligne Maxime Chipoy, président de MoneyVox, « le réflexe IA pour les finances personnelles est déjà répandu dans la population, notamment chez les actifs de 35 à 44 ans, qui ont de nombreux choix financiers à faire et peu de temps pour les traiter ». Cette observation illustre une tension croissante entre recherche d’efficacité et besoin de sécurisation dans les parcours financiers.
Une confiance encore largement conditionnelle
Si l’IA est utilisée pour s’informer, elle reste rarement perçue comme une autorité décisionnelle. Une très faible minorité des répondants se déclarent prêts à suivre aveuglément les recommandations d’une intelligence artificielle pour un placement financier. La majorité privilégie soit la vérification par un conseiller humain, soit la confrontation de plusieurs sources.
Cette posture traduit un besoin fort de pédagogie et de relation de confiance, au cœur des métiers de l’assurance, de l’épargne et du patrimoine. L’IA est ainsi davantage considérée comme un outil d’aide que comme un substitut à l’expertise humaine, notamment lorsqu’il s’agit d’engager des décisions à long terme.
L’IA dans la relation, un sujet sensible
L’idée d’intégrer l’intelligence artificielle dans les échanges entre les banques, les assureurs et leurs clients suscite encore de fortes réticences. Une majorité de Français exprime des craintes face à une automatisation accrue de la relation clients. Seule une minorité estime que l’IA pourrait améliorer la qualité du service, à condition que son usage soit clairement encadré, transparent et sécurisé.
Cette défiance s’explique en partie par les expériences passées liées à la déshumanisation des services clients. Pour les acteurs de l’assurance et de la banque, l’enjeu n’est donc pas uniquement technologique, mais profondément organisationnel et relationnel.
Une forte sensibilité autour des données personnelles
La question du partage des documents personnels constitue l’un des principaux freins à l’adoption de l’IA financière. Une large majorité des Français se disent réticents à transmettre des données sensibles comme des fiches de paie ou des avis d’imposition à un outil automatisé. Cette prudence est encore plus marquée chez les plus de 45 ans.
Ce rapport méfiant à la data souligne l’importance des enjeux de réglementation, de sécurité et de gouvernance des données dans le développement des services d’IA appliqués à l’assurance et à l’épargne. Comme le rappelle Maxime Chipoy, l’absence de cadre juridique suffisamment clair sur l’usage des données alimente durablement la méfiance.
Un potentiel certain, mais encore sous conditions
L’IA apparaît aujourd’hui comme un levier d’innovation prometteur pour démocratiser l’accès à l’information financière, faciliter la compréhension des produits et améliorer l’accompagnement des particuliers. Toutefois, son intégration dans les parcours d’assurance, de placement et de gestion patrimoniale reste conditionnée à un haut niveau d’exigence en matière de transparence, de sécurité et de complémentarité avec l’humain.
Pour les professionnels de l’assurance, l’étude met en évidence un point clé : l’intelligence artificielle ne pourra s’imposer durablement dans les finances personnelles qu’en renforçant, et non en remplaçant, la relation de confiance entre le client et son conseiller.
Source : CP

