Catastrophes naturelles, la France et l’assurance face à une facture climatique, humaine et matérielle, de plus en plus lourde.
Le dernier bilan de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) dresse un constat alarmant : entre 1982 et 2024, la France a vu s’accumuler les catastrophes naturelles, avec une intensité et une fréquence en nette augmentation. Sécheresses, inondations, tempêtes… le coût humain et financier de ces événements pèse lourdement sur les assurés comme sur les assureurs.
2024, une année noire
Deux épisodes marquants résument la gravité de la situation. En décembre 2024, Mayotte a été balayée par Chido, le cyclone le plus puissant depuis 1934. Les dégâts, considérables, ont mis en lumière la vulnérabilité des territoires ultramarins face aux risques extrêmes.
En métropole, l’automne dernier a été marqué par une série d’inondations d’une intensité inhabituelle : douze crues modérées à majeures recensées entre septembre et novembre, provoquées notamment par les tempêtes Kirk et Leslie. Du Var aux Ardennes, en passant par les Cévennes et l’Ardèche, les habitants ont dû faire face à des crues “éclair” particulièrement destructrices. Les données (1er semestre 2024, BD CATNAT via Catnat.net) précisent :
- 40 événements climatiques recensés en France (DOM compris) au 1er semestre
- 43 décès liés à ces événements
- ≈ 31 000 blessés
Ces chiffres indiquent une dimension humaine significative (mort, blessure), sans détailler le nombre total de personnes touchées au-delà de ces impacts directs. Exemple local notable : inondations dans le Pas‑de‑Calais (novembre 2023 – janvier 2024). Environ 292 000 habitants touchés, principalement par des crues exceptionnelles affectant 195 communes, impliquant évacuations et sinistres matériels. Il s’agit des victimes directes (décès, blessés), sans chiffrer l’ensemble des personnes touchées indirectement (sinistrés matériels, déplacés, évacués) à l’échelle nationale.
Une tendance structurelle préoccupante
Depuis 2014, la CCR constate une moyenne annuelle de 2,4 milliards d’euros de dommages assurés liés aux catastrophes naturelles. Les sécheresses géotechniques — notamment le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA) — s’imposent désormais comme un risque majeur. La loi de finances leur consacre désormais une ligne budgétaire spécifique, signe de la reconnaissance de ce danger silencieux qui fragilise le bâti existant.
Prévention et résilience : un impératif national
Face à cette multiplication des sinistres, la CCR plaide pour un renforcement du régime Cat Nat et des Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN). Objectif : éviter que certaines zones ne deviennent tout simplement inassurables.
Au-delà des politiques publiques, la sensibilisation des citoyens apparaît essentielle. Adapter les comportements, comprendre les risques, et prendre des mesures préventives concrètes peuvent réduire significativement la vulnérabilité des territoires.
La CCR met en garde : sans efforts accrus de prévention et d’adaptation, la facture des catastrophes naturelles ne cessera de croître. L’avenir climatique de la France se joue autant dans la gestion des sinistres que dans la capacité à anticiper et prévenir ces événements désormais récurrents.
Catastrophes naturelles : un défi également pour la relation clients dans l’assurance
La multiplication et l’intensification des catastrophes naturelles bouleversent non seulement l’économie, mais aussi la relation entre assureurs et assurés. Des milliers de sinistrés ont dû activer leurs garanties dans un climat d’urgence et de forte charge émotionnelle. Ces épisodes illustrent un constat désormais récurrent : face aux événements climatiques extrêmes, les délais de traitement peuvent s’allonger, la confiance s’effriter, et les services clients sont sous pression maximale.
La montée des coûts… et des attentes
Au-delà de la facture financière, c’est la gestion émotionnelle de la relation clients qui est devenue un enjeu central.
Le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), désormais reconnu et financé dans la loi de finances, illustre bien cette tendance : les assurés touchés ne se contentent plus d’une indemnisation ; ils attendent un accompagnement humain, des réponses pédagogiques et un suivi personnalisé.
Du côté de la relation client, les assureurs doivent probablement aller plus loin :
- Proactivité dans la communication : informer avant, pendant et après la crise.
- Cellules dédiées et digitalisation maîtrisée : combiner assistance humaine et outils technologiques.
- Éducation au risque : intégrer une forte dimension pédagogique pour réduire la vulnérabilité.
Car dans un contexte de sinistres climatiques répétés, chaque interaction client devient un moment critique qui peut renforcer ou fragiliser durablement la confiance.
Le vrai défi : préserver la confiance
L’avenir du secteur ne se joue pas seulement sur la capacité financière à indemniser, mais aussi sur la capacité relationnelle à accompagner émotionnellement les assurés.
En somme, la prévention, l’anticipation et la pédagogie deviennent des piliers aussi essentiels que la solidité financière pour maintenir l’assurabilité et la confiance des Français.
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