Le 10ᵉ sommet des PDG de la réassurance organisé par Continental Reinsurance marque un tournant stratégique pour l’innovation, la régulation et la transformation numérique du secteur sur le continent.
Réunis à Cape Town pour célébrer la 10ᵉ édition de leur sommet annuel, plus de 100 dirigeants du secteur de l’assurance, régulateurs et experts de la réassurance ont appelé à un changement de paradigme pour renforcer la résilience du secteur sur le continent africain. Organisé par Continental Reinsurance à l’occasion de son 40ᵉ anniversaire, l’événement s’est articulé autour du thème « L’Afrique en action », une invitation explicite à conjuguer innovation, collaboration régionale et leadership agile pour faire face aux mutations économiques, technologiques et climatiques.
Dès son discours inaugural, Lawrence Nazare, PDG du groupe, a souligné l’urgence d’unir les forces dans un esprit de partenariat pour affronter l’instabilité géopolitique et les nouveaux risques. Ce message a trouvé un écho particulier dans les échanges relatifs à l’adoption de l’intelligence artificielle (IA), aux cadres réglementaires émergents et à la gestion durable du patrimoine assurantiel africain.
IA, souscription automatisée et nouveaux paradigmes de leadership
L’une des interventions marquantes fut celle de William Mzimba, ancien dirigeant d’Accenture et de Vodacom, démontrant la puissance de l’IA pour accélérer la création de produits assurantiels. Une démonstration en direct a permis de générer une couverture personnalisée en moins de cinq minutes, illustrant l’avenir de la souscription numérique. Un sondage mené auprès des PDG présents révèle que 61 % sont favorables à l’intégration de l’IA dans leurs processus de souscription, bien que près de la moitié n’aient pas encore franchi le pas.
Ce virage technologique s’accompagne d’un appel à revoir les fondements du leadership. Pour Nyimpini Mabunda, ancien PDG de General Electric Africa, l’innovation doit devenir une culture ancrée dans les pratiques organisationnelles, et non un département isolé. Il plaide ainsi pour un pilotage par les objectifs, nourri d’une connaissance fine des réalités africaines.
Une régulation concertée pour soutenir la croissance inclusive
Les représentants des autorités de régulation du Kenya, du Nigeria, de l’Ouganda et du Zimbabwe ont insisté sur l’importance d’une réglementation adaptée, prenant en compte la fracture numérique et les enjeux climatiques. Le commissaire kenyan Godfrey Kiptum a notamment souligné l’urgence de bâtir une innovation inclusive, tandis que son homologue nigérian Olusegun Omosehin a appelé à une flexibilité accrue face aux tensions géopolitiques. Le besoin d’harmonisation des normes sur les marchés africains a été identifié comme un levier stratégique pour accélérer le développement du secteur.
Autre sujet clé abordé : la transition vers des modèles de solvabilité fondés sur le capital basé sur le risque (RBC). Un panel mené par David Kirk de Milliman Afrique a proposé une adoption progressive de ces cadres, dans le respect des spécificités locales et avec un souci d’équilibre entre protection des assurés et croissance des opérateurs.
Valoriser le journalisme et la connaissance en assurance sur le continent
Le sommet fut aussi l’occasion de célébrer la 10ᵉ édition des prix panafricains du journalisme sur la réassurance, qui ont distingué des journalistes francophones, anglophones et arabophones pour la qualité de leurs reportages. L’article primé de Patrick Alushula (Kenya) sur les risques de cybercriminalité et l’essor de la cyberassurance illustre l’importance d’une information spécialisée et pédagogique dans un secteur en pleine mutation.
À travers ces prix, Continental Reinsurance affirme sa volonté de soutenir la diffusion de savoirs sur l’assurance, vecteur essentiel de confiance et de stabilité dans un contexte de transformation rapide.
Conclusion : une dynamique continentale à consolider
De la transition numérique à la réforme réglementaire en passant par l’intégration régionale, les travaux du sommet de Cape Town témoignent d’un secteur africain en quête de modèles durables et de solutions collaboratives. Les dirigeants présents ont rappelé que l’assurance peut être bien plus qu’un amortisseur de chocs : elle peut devenir un moteur de développement pour les économies africaines.
