IA : entre espoir et inquiétude des salariés

Selon le rapport « People at Work 2025 » d’ADP Research, un salarié sur trois recherche activement un nouvel emploi par crainte d’être remplacé par l’intelligence artificielle. Si l’optimisme domine dans certains pays, l’Europe et la France se montrent plus prudentes.

L’étude menée par ADP Research auprès de 38 000 salariés dans 34 pays montre que la moitié des travailleurs perçoivent l’IA comme une opportunité d’amélioration de leur emploi, mais 10 % redoutent fortement d’être remplacés. Ce paradoxe illustre la dualité ressentie : enthousiasme face au potentiel d’automatisation et d’efficacité, mais aussi stress et incertitude quant aux conséquences sur l’avenir professionnel.

Des impacts différenciés selon les régions

En Égypte et en Inde, où respectivement 36 % et 34 % des salariés anticipent un impact positif de l’IA, les craintes de remplacement restent élevées (22 % et 17 %). À l’inverse, l’Europe apparaît comme la zone la plus pessimiste. Seuls 11 % des salariés européens et français déclarent attendre un impact positif, et 8 % craignent la substitution de leur poste par une machine. Cette prudence reflète un scepticisme culturel et une exigence plus forte en matière de gouvernance et de régulation.

Les professions intellectuelles plus exposées

Les ingénieurs, chercheurs et développeurs figurent parmi les plus optimistes, mais aussi les plus inquiets. En France, 15 % estiment que l’IA aura un effet positif sur leur métier, mais 11 % redoutent d’être remplacés. À l’échelle mondiale, ces proportions sont encore plus marquées. Cette catégorie, qui combine haut niveau de compétences et forte automatisation des processus, ressent davantage la pression de la transformation numérique.

Une fracture générationnelle dans les perceptions

Les jeunes salariés apparaissent à la fois enthousiastes et inquiets. En France, 12 % des 18-26 ans et 18 % des 27-39 ans anticipent des effets positifs, mais une proportion similaire redoute une substitution par l’IA. Les plus de 55 ans, eux, sont moins concernés : seuls 5 % craignent d’être remplacés, estimant que leur carrière ne sera que marginalement affectée. Cette fracture générationnelle reflète une sensibilité différente aux enjeux de long terme.

Des écarts selon les secteurs d’activité

Les domaines les plus technologiques: services IT, finance, assurance, information,  affichent une plus grande confiance dans l’IA. En Europe, 18 % des professionnels de la finance et de l’assurance anticipent un impact positif, contre 25 % dans le reste du monde. Toutefois, même dans ces secteurs, environ 10 % craignent un remplacement. À l’inverse, la santé et l’assistance sociale se montrent beaucoup plus réservées : seuls 7 % des salariés européens et 10 % dans le monde s’attendent à un effet positif de l’IA sur leur travail.

Un impact sur le stress et la mobilité professionnelle

Les salariés craignant une substitution par l’IA sont deux fois plus nombreux à déclarer un niveau de stress élevé. Ce sentiment a également un effet direct sur la fidélisation des talents : 30 % de ceux qui redoutent l’automatisation recherchent activement un nouvel emploi, contre 16 % parmi les moins inquiets. Pour les employeurs, cette situation souligne la nécessité d’un accompagnement renforcé, afin d’éviter une érosion des compétences et une instabilité accrue.

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