IA en entreprise : entre engouement et prudence

Une étude ABBYY révèle que 76 % des entreprises françaises utilisent déjà l’IA générative, mais l’adoption de l’IA spécialisée et agentique progresse plus lentement. Si l’enthousiasme est manifeste, les investissements restent mesurés et encadrés par des préoccupations de gouvernance et de conformité.

Trois quarts des entreprises françaises déclarent avoir intégré l’IA générative dans leurs processus, principalement pour automatiser la gestion documentaire, améliorer la productivité et affiner l’analyse des données. Près d’une sur deux affirme que ces outils permettent de rationaliser les opérations et d’offrir une meilleure expérience client. Cette dynamique place la France au même niveau que l’Allemagne et les États-Unis, où l’IA générative est devenue incontournable.

Une progression plus lente pour les solutions spécialisées

L’étude d’ABBYY met cependant en évidence un écart entre l’usage de l’IA générative et celui des solutions spécialisées. Seules 47 % des entreprises françaises utilisent une IA dédiée à un cas d’usage précis et 48 % recourent à des IA agentiques capables de décisions autonomes. Ces chiffres sont en retrait par rapport à d’autres pays européens ou asiatiques. Cette prudence s’explique par les coûts plus élevés, la nécessité d’une gouvernance renforcée et l’impact organisationnel plus complexe de ces technologies.

Des salariés globalement favorables à l’IA

L’accueil réservé par les collaborateurs constitue un facteur clé dans l’intégration de l’intelligence artificielle. En France, 89 % des employés perçoivent positivement l’IA générative, qu’ils associent à une amélioration de la productivité et à une stimulation de leur créativité. Près d’une entreprise sur deux a déjà mis en place des programmes de formation et encourage le partage de bonnes pratiques pour favoriser une adoption maîtrisée et sécurisée des outils d’IA.

Des investissements appelés à croître

L’enquête révèle que 34 % des entreprises françaises ont investi entre 200 000 et 500 000 euros dans des projets d’IA au cours des douze derniers mois. Si 98 % prévoient d’augmenter leurs investissements, la progression annoncée reste modérée, avec une hausse attendue limitée à 20 % pour la majorité d’entre elles. Cette approche prudente illustre le contraste entre les ambitions politiques visant à faire de la France un leader de l’IA et la réalité d’une adoption progressive sur le terrain.

Une question de gouvernance et de confiance

Comme le souligne Ulf Persson, CEO d’ABBYY, la diffusion de l’IA générative doit s’accompagner d’une gestion stricte des risques. L’usage parallèle d’outils accessibles au grand public tels que ChatGPT ou Perplexity, sans supervision, soulève des préoccupations en matière de confidentialité et de conformité. Les entreprises françaises se montrent donc vigilantes : elles privilégient une adoption stratégique et sécurisée pour exploiter le potentiel de l’IA tout en protégeant leurs données et leur patrimoine numérique.

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