La Macif renforce ses exclusions sur le gaz naturel liquéfié

L’assureur-vie du groupe Aéma annonce cesser ses investissements dans les nouveaux terminaux d’exportation de GNL, poursuivant ainsi sa stratégie d’alignement avec les objectifs climatiques internationaux.

À compter du 1er juillet 2025, la Macif ne réalisera plus d’investissements dans les entreprises engagées dans le développement de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette décision, annoncée dans un communiqué publié le 27 juin, marque une nouvelle étape dans la politique de désengagement progressif du secteur des énergies fossiles menée par l’assureur-vie du groupe Aéma. Elle s’inscrit dans la continuité de ses mesures antérieures, qui excluent déjà depuis 2022 les projets liés aux nouveaux champs pétroliers et gaziers.

Cette orientation reflète une prise de conscience renforcée des enjeux liés à la neutralité carbone à l’horizon 2050, un objectif auquel de plus en plus d’acteurs du secteur de l’assurance souhaitent contribuer. Elle intervient dans un contexte de pression accrue des parties prenantes, où les engagements climatiques deviennent un levier de différenciation et un impératif réglementaire pour les professionnels de l’assurance et de la gestion d’actifs.

Un positionnement qui creuse l’écart avec les plus grands assureurs

Avec cette nouvelle décision, la Macif rejoint trois autres assureurs-vie français ayant déjà restreint leur exposition au GNL : Suravenir, la MAIF et la MACSF. Toutefois, certains d’entre eux vont plus loin en excluant également les investissements dans les terminaux d’importation. En comparaison, des groupes majeurs comme AXA ou Crédit Agricole Assurances restent à ce jour plus prudents, voire en retrait, malgré leurs engagements publics en faveur de la transition énergétique.

Ce différentiel de stratégie soulève des interrogations sur la cohérence des politiques d’investissement avec les scénarios de référence établis par des instances telles que l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans son scénario « Net Zero Emissions by 2050 », l’AIE projette en effet une réduction de 75 % de la production gazière d’ici 2050, alors que de nombreux industriels du secteur du GNL envisagent, à l’inverse, une multiplication par trois de leurs capacités.

Le défi de la cohérence dans l’offre en assurance-vie

Si la mesure annoncée par la Macif ne concerne pour l’instant que son fonds en euros, des voix s’élèvent pour élargir ces exclusions aux unités de compte. L’association Reclaim Finance, spécialisée dans l’analyse des stratégies financières face à l’urgence climatique, encourage l’assureur à étendre sa politique aux autres supports d’investissement. Un tel élargissement permettrait aux épargnants d’opter pour des placements véritablement alignés avec les objectifs climatiques, sans soutenir indirectement l’expansion des infrastructures fossiles.

Pour les assureurs, ces arbitrages ne sont pas uniquement d’ordre éthique. Ils traduisent également un repositionnement stratégique vis-à-vis des attentes sociétales croissantes et des évolutions réglementaires en matière de finance durable, de gouvernance environnementale (ESG) et de réduction des risques climatiques.

Une dynamique d’exclusion appelée à s’amplifier

La décision de la Macif renforce un mouvement de fond qui touche progressivement l’ensemble de la chaîne de valeur de l’assurance-vie, du conseil patrimonial à la gestion d’actifs. Elle met en lumière les tensions entre le rôle traditionnel d’investisseur institutionnel des assureurs et la nécessité d’anticiper les risques systémiques liés aux changements climatiques.

Dans un secteur soumis à une double exigence de rentabilité et de responsabilité, l’enjeu consiste désormais à structurer une politique d’investissement résiliente, cohérente avec les trajectoires de décarbonation. Pour les autres grands acteurs du marché, la position de la Macif pourrait ainsi faire figure de signal fort, sinon de catalyseur, vers une plus large convergence des pratiques.

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