Jerem allume son ordinateur, un message apparait lors la connexion avec son fournisseur d’accès. « Compte tenu de vos heures de navigation sur l’ensemble de vos outils, de vos requêtes et de vos téléchargements, nous sommes désormais en mesure de vous proposer votre contrat d’assurance, entièrement personnalisé à vos besoins ».
Pour voir notre proposition, utilisez le QR code ici ! « Justement, mon assurance allait arriver à son échéance » se dit Jerem.
Il n’y a plus de hasard, cette offre d’assurance « à la tête du client », proposée à Jerem, tient compte de 37 critères distinctifs identifiés par le fournisseur d’assurances qui, via les datas agrégées et interprétées, savait que son offre arriverait au bon moment et qu’elle avait un scoring de probabilité de correspondance de besoins de 97.9 %.
Par ailleurs, sachant que Jeremy était également attentif, dans son acte d’achat aux évaluations des internautes ainsi qu’à la qualité de la relation clients, le fournisseur d’assurances avait « propulsé », préalablement à la proposition de l’offre, les évaluations et scoring en question.
Cette assurance ultra personnalisée, à partir de datas beaucoup plus conséquentes qu’un simple formulaire ou un entretien, a été proposée au bon moment, pour la première fois à un client internaute, sans l’avoir contacté par téléphone, lui avoir fait remplir un formulaire où lui avoir posé quelques questions via un conseiller.
Datafication et non datafiction !
Jerem est, comme énormément de Français, souvent connecté : sur son PC, sa tablette, sa montre, ou son mobile. Jerem fait également partie de ces Français, de plus en plus matures et nombreux, qui pensent que « quitte à laisser ses traces numériques », autant qu’elles lui permettent, plutôt que perdre du temps à rechercher, de disposer en retour d’offres qui correspondent parfaitement à ses besoins. Aucun fournisseur d’assurance n’avait jusqu’à présent osé sauter le pas, au simple motif du respect de la vie privée.
Cette fois la ligne a été franchie, guère concurrentielle oblige et accords d’internautes de plus en plus disposés à l’exploitation et/ou à la monétisation de leurs datas !
Les assureurs s’engagés dans la digitalisation et la personnalisation du risque, viennent d’entrer de plein pied dans la datafication. Le numérique est à l’origine de la révolution dans la collecte massive des données personnelles. Chaque jour, sans toujours le savoir (pour certains), les uns et les autres nous semons une multitude d’informations personnelles. Ces données, récoltées et surtout qualitativement interprétées sont une rente pour ceux qui les détiennent.
Ce scénario est totalement crédible sur certains risques, cependant il subsiste 2 inconnus : quand et qui ? Concernant le délai relatif à la réalisation intégrale de ce scénario, j’ai la conviction que cela arrivera vite et qu’un délai de 2 ans me semble totalement crédible. La vraie question cependant est : quels sont les acteurs qui vont vendre, de cette façon, l’offre d’assurance ? A aujourd’hui, personne n’est capable d’affirmer avec certitudes quel sera le fournisseur d’assurances qui s’engagera dans ce scénario et qui propulsera de cette façon, cette offre d’assurance !
Est-ce l’assureur de Jerem qui, dans le cadre d’une stratégie de fidélisation et/ou de cross selling, a agrégé les datas « clients », et les datas numériques de Jerem. Ou bien est-ce un comparateur, une compagnie d’assurances, un courtier, une mutuelle, ou tout simplement un « nouvel entrant » qui récupère, agrège et interprète les datas pour les revendre à des assureurs !
En un mot, qui sera le distributeur ? Les distributeurs « traditionnels », tel qu’on les connaît aujourd’hui, ou un nouvel entrant totalement décomplexé et agile ?
La réponse à cette question, n’est pas aisée, sachant qu’il peut y avoir multitudes de réponses. Cependant, il y a quelques tendances, quelques signaux forts qui peuvent nous permettre d’avoir un début de réponse. A suivre attentivement !
*Nouvelle d’Assurance-fiction (ou pas ?) produite par ©Jean-Luc Gambey – l’Assurance en mouvement : le 29/12/2025. Cette contribution n’a pas vocation à énoncer mes certitudes. Il s’agit juste d’un regard, de questionnements, d’un point d’étape personnel nourri par l’observation, l’actualité et les signaux faibles du secteur. Son seul objectif est éventuellement d’ouvrir un espace de réflexion collective, d’alimenter le débat et, peut-être, d’inviter chacun à interroger le modèle du secteur de l’assurance, que nous pensions, peut-être immuable.
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