Santé mentale : la DREES alerte sur les inégalités

Une étude de la DREES révèle une aggravation des troubles mentaux, notamment chez les jeunes femmes, liée à l’exposition aux réseaux sociaux, aux discriminations et à la précarité financière. Les recours aux soins spécialisés augmentent sensiblement.

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié une étude analysant l’évolution de la santé mentale en France entre 2020 et 2022. Basée sur l’enquête EpiCov menée auprès d’environ 64 000 personnes, cette recherche met en lumière une dégradation marquée de certains indicateurs, notamment chez les jeunes adultes et les adolescents.

Entre 2020 et 2022, les pensées suicidaires ont nettement augmenté, touchant 3,4 % des adultes fin 2022 contre 2,8 % deux ans auparavant. Cette hausse est particulièrement alarmante chez les femmes âgées de 18 à 25 ans, atteignant près de 9 %, soit une augmentation de 2,4 points. Les jeunes hommes, auparavant moins affectés, montrent désormais aussi des signes préoccupants, avec une hausse de 1,3 point des pensées suicidaires, touchant 5 % d’entre eux.

Malgré une légère diminution des syndromes dépressifs légers en population générale (passant de 10,6 % en 2021 à 9,6 % en 2022), la prévalence des syndromes dépressifs majeurs, révélateurs de dépressions sévères, reste stable à 5,3 %.

En parallèle, l’étude souligne une évolution significative dans l’accès aux soins de santé mentale : le recours aux psychologues progresse de deux points pour atteindre 6 %, devenant la première option pour la prise en charge psychologique. Les psychiatres enregistrent également une augmentation notable (+1 point, soit 3 % de la population adulte), alors que le recours au médecin généraliste pour motifs psychologiques diminue (de 7 % à 5 %).

Parmi les mineurs, la situation s’est également dégradée, avec une hausse des difficultés émotionnelles (anxiété, tristesse), passant de 12 % à 16 % entre 2021 et 2022. Cette progression affecte davantage les filles que les garçons.

L’étude met également en évidence que certaines catégories de population sont particulièrement exposées aux troubles dépressifs. Les difficultés financières, un faible soutien social et l’expérience de discriminations apparaissent comme des facteurs déterminants. Plus d’une personne sur cinq en précarité financière souffre ainsi de syndromes dépressifs, contre 6 % parmi celles sans difficultés financières.

Les discriminations, affectant 16 % de la population interrogée, doublent également le risque de dépression. Les minorités sexuelles, homosexuelles ou bisexuelles, présentent deux fois plus fréquemment des troubles dépressifs que les personnes hétérosexuelles (16 % contre 9 %).

Enfin, l’étude attire l’attention sur les effets négatifs de l’usage intensif des réseaux sociaux et des écrans, notamment chez les femmes de moins de trente ans, dont près de la moitié consultent les réseaux sociaux au moins une fois par heure, contre 16 % de la population générale. Cette catégorie est aussi davantage concernée par les discriminations et la précarité, expliquant en partie leur vulnérabilité accrue à la dépression.

La santé mentale, influencée par une combinaison complexe de facteurs sociaux et économiques exige ainsi une attention particulière, notamment auprès des jeunes femmes et adolescents, particulièrement touchés par ces troubles.

 

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