Troubles mentaux des actifs : 24,7 milliards d’euros par an

La santé mentale des actifs devient un enjeu majeur pour les entreprises et les acteurs de la protection sociale. Une étude menée par les Acteurs de la French Care, en partenariat avec la MGEN et réalisée par le cabinet Asterès, révèle que 3,4 millions d’actifs français ont été touchés en 2022 par des troubles mentaux ou par la prise de psychotropes. Conséquence directe : un coût économique annuel de 24,7 milliards d’euros, soit 1,1 % du PIB.

Une étude présentée dans le cadre de la grande cause nationale « santé mentale »

Dévoilée lors d’un colloque à PariSanté Campus, cette analyse dresse un état des lieux précis de la santé mentale en entreprise. L’objectif : mieux comprendre l’impact des troubles psychiques sur la population active et proposer des solutions de prévention adaptées aux enjeux actuels du monde du travail.

Troubles mentaux : un phénomène massif chez les actifs

L’étude distingue deux catégories d’actifs touchés :

  • 1,5 million présentent une pathologie psychiatrique déclarée.
  • 1,9 million consomment des psychotropes sans diagnostic associé, un usage particulièrement fréquent chez les femmes.

Les données montrent que :

  • 6,5 % des femmes actives prennent des psychotropes hors pathologie, contre 3,6 % des hommes.
  • Les femmes sont davantage exposées aux troubles névrotiques, tandis que les hommes sont plus concernés par les troubles addictifs et psychotiques.

Ces chiffres confirment une réalité : la santé mentale est désormais un déterminant essentiel de la qualité de vie au travail.

Un coût économique chiffré à 24,7 milliards d’euros

Les troubles mentaux génèrent un coût annuel considérable, réparti entre plusieurs acteurs :

  • 14,8 milliards d’euros pour l’Assurance Maladie,
  • 7,6 milliards d’euros pour les employeurs,
  • 2,3 milliards d’euros pour les organismes complémentaires santé.

Les montants moyens par personne sont également révélateurs :

  • 7 800 € par an pour un patient souffrant d’une pathologie psychiatrique,
  • 1 700 € pour un actif sous psychotropes sans diagnostic.

Côté entreprises, le coût annuel s’élève à environ :

  • 2 300 € par patient en pathologie,
  • 2 200 € par actif sous traitement psychotrope.

Santé mentale en entreprise : un impact direct sur le fonctionnement des organisations

Les troubles psychiques ne se limitent pas à des problématiques individuelles : ils bouleversent le fonctionnement du monde professionnel. Quelques chiffres clés :

  • 20 % des arrêts maladie sont liés à des troubles mentaux,
  • près d’un actif sur deux a déjà vécu une situation de stress extrême ou un risque psychosocial,
  • 30 % des salariés se disent régulièrement confrontés à des tensions professionnelles élevées.

Ces données confirment la nécessité d’intégrer la santé mentale dans les politiques RH, les démarches QVCT et les dispositifs de prévention des risques psychosociaux (RPS).

Santé mentale : 10 recommandations pour renforcer la prévention

Pour répondre à ces enjeux croissants, MGEN et les Acteurs de la French Care proposent 10 recommandations à destination des entreprises, institutions et acteurs de santé :

  1. Déployer des stratégies de prévention durable : bilans de santé mentale, ateliers, outils numériques, programmes de retour à l’emploi.
  2. Renforcer le dépistage des signaux faibles via une codification plus complète des troubles (40 % ne sont pas codifiés aujourd’hui).
  3. Adapter la prévention aux différentes étapes de vie.
  4. Généraliser les Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM).
  5. Former les managers et développer les compétences psychosociales dès le plus jeune âge.
  6. Anticiper les situations de tension professionnelle pour prévenir anxiété et burn-out.
  7. Déployer des solutions numériques pour lutter contre l’isolement, notamment en télétravail.
  8. Améliorer l’accès aux psychologues du travail et aux équipes mobiles de psychiatrie.
  9. Promouvoir l’activité physique comme levier de prévention.
  10. Faciliter les parcours de rétablissement et les transitions de retour à l’emploi, inspirés de modèles étrangers.

Une priorité nationale pour les entreprises et les acteurs de l’assurance

Pour les responsables de l’étude, la prévention doit devenir un axe central des politiques publiques et des stratégies d’entreprise. Antoine Tesnière, président des Acteurs de la French Care, rappelle « l’urgence d’investir dans la prévention et l’accompagnement dans le monde du travail ».
Jérémie Sécher (MGEN) souligne que la santé mentale doit être appréhendée comme la santé physique, un prérequis à l’épanouissement professionnel.

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