Selon le dernier baromètre publié par WTW, l’absentéisme pour maladie ordinaire et accident du travail dans la fonction publique repart à la hausse, confirmant la persistance des risques psychosociaux et de l’usure professionnelle.
Le baromètre de l’absentéisme dans le secteur public, publié par WTW (Willis Towers Watson), met en lumière une nouvelle progression du taux d’absentéisme en 2024. Après une relative stabilisation en 2023, celui-ci atteint désormais 6,1 %, contre 5,8 % l’année précédente. L’étude, menée auprès de 10 000 collectivités représentant plus de 258 000 agents, souligne la montée en puissance des arrêts de longue durée, notamment liés aux risques psychosociaux (RPS) et à l’usure professionnelle.
Cette évolution traduit un phénomène désormais structurel depuis la crise sanitaire : les absences répétées et prolongées deviennent une réalité durable dans la fonction publique. La durée moyenne des arrêts pour maladie ordinaire s’élève à 34 jours, soit 1,5 jour de plus qu’en 2023, confirmant une tendance à l’allongement.
La maladie ordinaire, première cause d’absence prolongée
Les arrêts pour maladie ordinaire atteignent un taux de 4,7 % en 2024, en hausse de 0,3 point. Près d’un tiers des agents publics (31,6 %) ont été absents au moins une fois dans l’année, un chiffre en constante progression depuis la pandémie de Covid-19.
Si les arrêts de courte durée (inférieurs à 10 jours) diminuent, ceux de longue durée progressent fortement et représentent désormais 24 % des cas, mais plus de 80 % du volume total de jours d’absence.
Les causes principales restent liées à la fatigue psychologique, aux difficultés de conciliation entre vie professionnelle et personnelle, ainsi qu’à la dégradation du lien collectif au sein des structures. Ces facteurs traduisent l’évolution du rapport au travail et la transformation des attentes des agents vis-à-vis de leur environnement professionnel.
Les seniors, plus touchés par la fatigue et l’usure
Les agents âgés de plus de 50 ans sont les plus affectés, avec un taux d’absentéisme atteignant 7,4 %, contre 7 % en 2023. Cette population, exposée à un allongement des carrières et à une intensité de travail accrue, présente également la durée moyenne d’absence la plus longue, soit 41 jours.
L’usure professionnelle, qu’elle soit physique ou psychique, apparaît désormais comme un enjeu majeur de santé publique. Elle nécessite des actions ciblées d’accompagnement, de prévention et d’adaptation des postes.
Les jeunes agents, quant à eux, présentent une fréquence d’arrêts plus élevée mais sur des durées plus courtes. Cette différence générationnelle illustre une évolution des comportements face au travail : recherche d’équilibre, moindre attachement institutionnel et perception différente de l’engagement professionnel.
Des disparités selon la taille et la nature des collectivités
Les grandes collectivités enregistrent les taux d’absentéisme les plus élevés. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance : le télétravail, qui a modifié le rapport à la présence physique, et un sentiment d’appartenance plus diffus, notamment chez les nouveaux entrants.
À l’inverse, dans les petites collectivités, la proximité avec les citoyens et l’impact immédiat d’une absence sur le service public conduisent souvent à un recours plus mesuré aux arrêts maladie.
L’étude relève également des différences selon les métiers. Les agents exerçant des fonctions manuelles ou physiques (entretien, voirie, espaces verts, animation) demeurent les plus exposés aux accidents de travail et maladies professionnelles (ATMP). Ces métiers concentrent les risques liés aux efforts de soulèvement, aux chutes et aux manipulations répétées.
Accidents de travail : stabilité du taux mais hausse des durées
Le taux d’absentéisme pour accident du travail (ATMP) reste stable à 1,4 %, un niveau constant depuis 2019. Toutefois, la durée moyenne des arrêts continue d’augmenter, atteignant 84 jours en 2024, contre 82 jours l’an dernier.
Les accidents de service demeurent la première cause d’absence (73 % des cas), suivis par les maladies professionnelles (15 %) et les accidents de trajet (12 %). La maladie, bien que moins fréquente dans cette catégorie, représente à elle seule un tiers des jours d’arrêt.
Cette évolution met en évidence l’impact financier et organisationnel croissant pour les collectivités, confrontées à une double contrainte : la préservation de la santé des agents et la continuité du service public.
La prévention comme pilier stratégique du management public
Pour Noémie Marciano, Directrice de l’activité Assurance de personnes de WTW en France, cette hausse constitue un signal d’alerte. Selon elle, « la fréquence des arrêts progresse chez les jeunes et leur durée s’allonge chez les seniors. Dans un contexte d’allongement des carrières et de fortes contraintes budgétaires, les collectivités doivent faire de la prévention un pilier central de leur organisation ».
Les leviers identifiés reposent sur une approche globale : sensibilisation aux risques professionnels, formation à la santé et à la sécurité, modernisation des équipements de protection, mais aussi préparation des retours à l’emploi et adaptation des postes.
L’enjeu pour le secteur public est de passer d’une logique curative à une culture de prévention durable, fondée sur le suivi des indicateurs, l’analyse des causes organisationnelles et la promotion du bien-être au travail.
Source : communiqué de presse

