Après les propositions suggérées par tout le secteur de l’assurance, et ensuite par vote d’un comité qui s’est réuni le 1er juillet 2025, Corinne Cipière, Directrice générale de BPCE Assurances depuis le 1er février 2024 a été élue Personnalité de l’Année 2025*. Elle répond aux questions de Jean-Luc Gambey.
Vous avez rejoint le Pôle Assurances du Groupe BPCE comme Directrice générale en février 2024, après une carrière très riche dans l’assurance : chez Marsh, RSA, Allianz… Quel a été le principal moteur de cette trajectoire, et qu’est-ce qui vous motive maintenant au sein du Groupe BPCE ?
Ce qui m’a toujours guidée, c’est la curiosité. Chaque étape de mon parcours m’a enrichie, souvent grâce à des rencontres qui m’ont donné confiance. Rejoindre le Pôle Assurances du Groupe BPCE, c’est rejoindre un environnement aligné avec mes valeurs : un modèle coopératif, une ambition de développement claire et une culture d’entreprise solide. Aujourd’hui, ce qui m’anime, c’est de faire grandir encore le potentiel de l’assurance dans le cadre du projet stratégique Vision 2030 du groupe.
Votre formation, École Polytechnique et un MSc à Berkeley, a-t-elle façonné votre approche du leadership et de la transformation dans l’assurance ?
Oui, profondément. Polytechnique m’a donné le goût de la rigueur, de la logique, de la structure. Berkeley m’a appris le pragmatisme, les « rules of thumb » pour rendre certains sujets plus intelligibles, l’importance de savoir communiquer efficacement et surtout la pédagogie. Deux cultures différentes, mais complémentaires.
Quels apprentissages clés tirez-vous de vos expériences dans des environnements aussi divers (courtage, grands risques, vie et non-vie) ?
Le retail et les grands risques sont deux mondes très différents. Le premier, c’est le volume, la proximité, le sentiment d’être utile immédiatement. Le second, c’est la haute couture : la sophistication des montages, la relation sur-mesure. Dans les deux cas, j’ai appris à adapter les outils, les modèles, les postures. Et surtout, à écouter les besoins spécifiques de chaque client et aussi des interlocuteurs clés – courtiers le plus souvent pour les grands risques, agents ou équipes des Banques Populaires et Caisses d’Epargne pour les particuliers et professionnels. Ces expériences complémentaires mont donné beaucoup de clés pour ma fonction actuelle.
Avez-vous eu des modèles ou « mentors inspirants », dans ou hors du secteur de l’assurance ?
Oui, et je leur dois beaucoup. Le début de ma carrière a été naturellement déterminant. Chez Marsh, Stanislas Chaperon m’a fait confiance à un moment clé. Marie-Astrid Van Buren, ma première manager, m’a montré qu’on pouvait diriger en étant une femme sans se transformer, avec naturel et expertise.
Mais ce ne sont pas les seuls. J’ai eu la chance de croiser de nombreux dirigeants qui m’ont fait grandir, chacun à leur manière. Leur façon d’incarner leurs convictions et de transmettre avec justesse m’a donné envie de transmettre à mon tour.
Vous soulignez l’importance des valeurs comme l’engagement, l’équité, la convivialité (certification Great Place To Work pour BPCE Vie et BPCE Assurances IARD). Comment ces convictions se traduisent-elles concrètement au quotidien ?
Elles structurent notre quotidien et se traduisent concrètement : plus de 88 % des collaborateurs se disent engagés au service du projet stratégique, et plus de 80 % considèrent que nous évoluons dans une entreprise où il fait bon travailler, marquée par la convivialité. La certification Great Place to Work, obtenue pour deux de nos structures, vient souligner l’engagement des équipes et leur fierté d’appartenance.
Ma conviction, c’est que l’épanouissement des collaborateurs au travail repose sur les deux joies évoquées par Charles Pépin : la joie d’être, dans un environnement bienveillant, et la joie du dépassement de soi, portée par des missions qui donnent du sens. La première nourrit la seconde, un équilibre que nous cultivons chaque jour.
Le bilan 2024 de BPCE Assurances est très dynamique : CA +15 %, résultat net +18 %, retraite +41 %, épargne +17 %, dommages +9 %. Quels leviers avez-vous activé pour atteindre ces performances ?
Nous avons misé sur la pédagogie. Dans un modèle bancassureur, l’assurance n’est pas toujours l’expertise des conseillers commerciaux. Il faut expliquer, simplifier, accompagner. Nos contrats sont clairs, couvrants, sans complexité inutile. Cette dynamique repose sur un succès collectif, porté par l’engagement de toutes les équipes du Pôle Assurances, des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne, dans un contexte où l’attention portée à l’assurance n’a jamais été aussi forte.
Quel risque émergent vous semble le plus structurant pour l’avenir de BPCE Assurances, et comment vous y préparez-vous ?
Le risque climatique, sans hésiter. Ce n’est pas un risque émergent au sens strict, mais il évolue rapidement — en fréquence, en intensité et en géographie. Il impacte directement nos portefeuilles, nos clients et les territoires que nous couvrons. Face à la tempête Ciaran, par exemple, nous avons accompagné 16 500 sinistrés et versé plus de 40 millions d’euros d’indemnisations.
À l’horizon 2050, la sinistralité liée aux aléas naturels pourrait doubler. Pour y faire face, nous avons plusieurs leviers : la prévention – comme notre partenariat avec Flowstop – et l’adaptation des offres, comme notre contrat d’assurance habitation à impact.
Enfin, la diversification de notre portefeuille nous permet de rester présents partout en France, y compris les zones les plus exposées. Nous faisons face à nos responsabilités en accompagnant nos clients sur tous les territoires, quels qu’ils soient.
Quelle est votre vision personnelle du rôle de l’assurance dans la société d’aujourd’hui, de demain, notamment face aux enjeux environnementaux, technologiques et sociaux ?
L’assurance est un amortisseur des chocs de la vie. Elle doit être accessible et lisible. Elle peut encourager les comportements responsables, protéger sans freiner l’innovation, et rester un outil d’inclusion. Elle doit aussi être un acteur de confiance, capable d’accompagner les transitions.
Le secteur est souvent critiqué pour sa complexité : devons-nous rendre l’assurance plus lisible et accessible aux clients ? Comment ?
C’est indispensable. Cela suppose des contrats clairs, une communication simplifiée, et une vraie pédagogie. Il faut parler le langage du client, pas celui du technicien, tout en respectant les exigences réglementaires. C’est un effort constant, mais essentiel pour pérenniser la confiance.
Pour conclure ?
Être élue Personnalité de l’Année 2025 est une immense fierté. Cette reconnaissance reflète avant tout le travail collectif accompli au sein du Pôle Assurances, du groupe, et des Banques Populaires et Caisses d’Epargne.
Depuis mon arrivée, je suis frappée par l’énergie partagée et la capacité à innover. Cet enthousiasme et cette fierté d’appartenance sont les piliers de notre succès collectif !
*Organisé par les Trophées de l’Assurance.

