Louis du Mesnil : assurer face aux émeutes de septembre

En septembre, la France a connu une série d’émeutes et de mobilisations d’ampleur. Dans ce contexte, comment les contrats d’assurance réagissent-ils face aux dommages subis par les entreprises, les collectivités et les particuliers ? Louis du Mesnil, Directeur Risques Politiques et Cautions chez WTW en France, nous éclaire.

Le 10 septembre, le ministère de l’Intérieur a recensé 175 000 manifestants et 812 actions sur l’ensemble du territoire. Quelques jours plus tard, le 18 septembre, la mobilisation a pris encore plus d’ampleur avec 506 789 manifestants, dont 55 000 à Paris, et près de 476 actions dénombrées à la mi-journée. Pouvez-vous expliquer comment fonctionnent les polices couvrant ce type d’événement ?

Louis du Mesnil : Les polices Violences Politiques et Terrorisme couvrent un certain nombre de périls dénommés dont les évènements émeutes et mouvements populaires. Ces dernières sont de fait des extensions de polices Dommages, garantissant les dommages directs sur les actifs des assurés, ainsi que leur perte d’exploitation consécutive. Outre les émeutes et mouvements populaires, il est possible d’inclure tous types de périls dits politiques dans les polices : du terrorisme et sabotage, en passant par la guerre civile ou la guerre entre deux Etats.

Dans les faits, quand une manifestation dégénère, qu’est-ce qui est vraiment couvert par ces contrats et qu’est-ce qui ne l’est pas ?

Louis du Mesnil : Ce que couvrent les contrats Polices Violences Politiques et Terrorisme sont les dommages directs enregistrés sur les actifs des assurés. Sans dommages, la couverture ne peut pas jouer.

Quels impacts concrets ces événements peuvent-ils avoir, à l’avenir, sur les conditions de couverture : prix, franchises, exclusions ou modalités de souscription ?

Louis du Mesnil : Ces évènements peuvent en effet avoir un rôle à jouer dans l’appréciation du risque chez les assureurs. En cas de sinistres indemnisés, l’impact sur les prix, les franchises, et les garanties des polices sera fort. Néanmoins, il y a une différence entre la perception du risque et le sinistre enregistré. A ce jour, malgré un contexte global fortement instable, très peu de sinistres ont été observés en 2024-2025. Le marché de la Violence Politique et Terrorisme s’est stabilisé, avec un appétit accru des assureurs et l’arrivée de nouveaux entrants participant à cette stabilisation. Même si nous ne sommes pas à l’abri d’un retournement de tendance en cas de gros sinistre.

Quand on parle de protéger un commerce de centre-ville, une usine, ou encore une mairie, les besoins ne sont évidemment pas les mêmes. Concrètement, comment les assurances distinguent-elles la couverture pour une entreprise privée et pour une collectivité ?

Louis du Mesnil : Les différences de couverture entre les assurés dépendent plus de la nature de leur activité que de leur statut. Les garanties appliquées ainsi que la tarification des assureurs ne seront pas les mêmes si nous sommes sur une entreprise de grande distribution, implantée en centre-ville, plutôt que sur une entreprise industrielle. Les bâtiments des collectivités peuvent en effet être des sites à risque du fait de leur appartenance à l’Etat et de l’image qui en découle.

Enfin, au vu de la multiplication de ces épisodes, quelles évolutions prévoyez-vous dans les offres d’assurance et dans l’accompagnement que WTW entend proposer à ses clients en France pour mieux anticiper et gérer ces risques ?

Louis du Mesnil : Chez WTW, nous préconisons d’intégrer tous les périls politiques au travers de polices Violences Politiques et Terrorisme dédiées, bénéficiant d’un marché au fait des évènements actuels et avec l’historicité nécessaire pour pouvoir accompagner nos assurés. Nous mettons un point d’honneur à construire nos relations commerciales clients en sécurisant au mieux leurs risques et en leur proposant les extensions nécessaires à leur développement. L’augmentation des besoins de couverture en évènements politiques est à ce jour bien réelle et nous sommes présents pour y répondre de la meilleure des manières.

Nos derniers articles