Santé mentale : un tabou persistant en entreprise

Une étude Mercer Marsh Benefits, Yougov et CRAPS révèle que 85 % des Français trouvent plus facile de parler d’une maladie physique que mentale. Malgré les initiatives, la stigmatisation en milieu professionnel reste forte.

Selon l’enquête menée auprès de plus de 2 000 répondants, la santé mentale reste un sujet sensible en France. Si plus de 80 % des personnes interrogées estiment que les discussions sur ce thème se sont multipliées ces dernières années, la majorité continue de privilégier les maladies physiques comme sujet de conversation. Ce décalage illustre un frein persistant au dialogue, particulièrement en milieu professionnel.

Les résultats révèlent qu’environ 60 % des salariés ne se sentent pas à l’aise d’aborder ces questions avec leurs collègues. Pour un Français sur deux, les personnes souffrant de troubles psychiques ne seraient pas aptes à exercer des responsabilités hiérarchiques, ce qui reflète un poids encore fort des préjugés dans le monde du travail.

Les défis pour les organisations et les pouvoirs publics

Les participants à l’étude estiment que les pouvoirs publics ne consacrent pas une attention suffisante à la santé mentale, alors même que celle-ci est devenue un enjeu de protection sociale. Les difficultés d’accès à l’emploi pour les personnes concernées et le manque de soutien médical apparaissent comme des obstacles majeurs.

Dans ce contexte, les entreprises sont appelées à jouer un rôle accru. L’intégration de programmes de prévention, de dispositifs d’accompagnement et de formations sur la santé mentale pourrait contribuer à réduire la stigmatisation. Des solutions de type programmes d’assistance aux employés (PAE) apparaissent comme des leviers stratégiques pour renforcer la confiance et améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Des différences générationnelles et de genre marquées

L’étude met également en lumière des écarts significatifs selon les générations et le genre. Les jeunes de moins de 25 ans se disent plus exposés aux discussions sur la santé mentale via les réseaux sociaux, mais rencontrent davantage de freins pour en parler, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle. Près de 41 % déclarent craindre la stigmatisation en entreprise.

Par ailleurs, les femmes se sentent plus limitées que les hommes pour aborder le sujet avec leur hiérarchie : seules 25 % déclarent être à l’aise pour en parler à leur manager, contre près de 40 % des hommes. Ce constat souligne la nécessité d’une approche différenciée et inclusive pour répondre aux attentes de tous les salariés.

Vers une nouvelle culture d’entreprise

Pour les professionnels de l’assurance et de la protection sociale, cette étude met en évidence la nécessité d’accompagner les organisations dans la mise en place d’initiatives innovantes. La santé mentale ne peut plus être réduite à une problématique individuelle : elle s’inscrit dans une logique de prévention, de bien-être collectif et de gestion durable du capital humain. Les acteurs du secteur, en lien avec les entreprises, peuvent contribuer à faire évoluer la perception et à développer des dispositifs adaptés pour protéger le patrimoine humain des organisations.

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