Catastrophes naturelles : les mois qui ont tout changé

En moins d’un an, la multiplication des catastrophes naturelles a bouleversé le paysage assurantiel. Inondations, tempêtes, sécheresses : les événements climatiques ne sont plus exceptionnels, mais structurels.

Entre fin 2024 et mi-2025, les acteurs du secteur ont dû faire face à une hausse inédite des sinistres, une pression réglementaire croissante, et un débat public renouvelé sur la solidarité face au risque. Retour sur une séquence aussi dense que déterminante.

Automne 2024 : la France sous l’eau

Tout commence en octobre 2024 avec la dépression Kirk, qui frappe violemment plusieurs départements. Routes coupées, habitations inondées, commerces à l’arrêt… Les assureurs interviennent rapidement pour évaluer les dégâts et accélérer les indemnisations. Ce nouvel épisode rappelle une réalité désormais familière : les événements climatiques extrêmes deviennent plus fréquents et plus intenses.

Dans la foulée, des voix s’élèvent pour réclamer une approche plus préventive. En décembre, plusieurs assureurs et experts appellent à intégrer davantage de solutions fondées sur la nature dans les stratégies d’atténuation : restauration de zones humides, renaturation urbaine, renforcement des écosystèmes locaux.

Une pression tarifaire inévitable

Le choc financier est immédiat. Fin décembre 2024, l’État annonce la hausse de la surprime Cat Nat, qui passe :

  • de 12 % à 20 % pour les contrats multirisques habitation,
  • de 6 % à 9 % pour les contrats auto.

Entrée en vigueur le 1er janvier 2025, cette mesure vise à renflouer un régime sous tension, dans un contexte où les coûts moyens des catastrophes naturelles en France s’élèvent à 4 à 4,5 milliards d’euros par an (source : CCR). Les cotisations d’assurance habitation connaissent également une forte hausse généralisée, traduisant l’inflation des risques.

Les entreprises en première ligne

En 2025, les catastrophes naturelles figurent désormais dans le top 3 des préoccupations des entreprises, aux côtés des cyberattaques et de l’interruption d’activité. Une évolution majeure qui confirme l’internalisation progressive du risque climatique dans les politiques assurantielles, industrielles et territoriales.

À l’échelle européenne, l’EIOPA tire la sonnette d’alarme : en 2024, les catastrophes naturelles ont causé 31 milliards de dollars de pertes sur le continent, mais moins de la moitié (14 milliards) était assurée. En février 2025, l’autorité propose de renforcer les exigences de fonds propres pour les assureurs les plus exposés.

Un système sous tension

Le 16 juin 2025, le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan convoque les parties prenantes pour poser une question de fond : le système actuel est-il encore tenable ? Trois scénarios sont alors discutés :

  • Le maintien du modèle mixte actuel (assureurs privés + réassurance publique via la CCR)
  • L’élargissement du rôle de la CCR, avec des fonctions renforcées
  • La création d’une “sécurité sociale climatique”, universelle et obligatoire

Un débat qui s’appuie sur des projections préoccupantes : d’ici 2050, le coût des catastrophes naturelles pourrait grimper de 40 à 120 %, selon les scénarios du ministère de la Transition écologique.

Une alerte mondiale

Le phénomène dépasse largement nos frontières. En 2024, les catastrophes naturelles ont généré 327 milliards de dollars de pertes dans le monde, selon Allianz. Et la part assurée reste structurellement inférieure à 40 %. Le risque devient systémique : les modèles actuels sont mis à rude épreuve par la fréquence et la violence des événements.

Pour Allianz, la solution passe par une meilleure exploitation des données climatiques, croisée avec une politique de prévention ambitieuse à tous les niveaux.

Un tournant pour l’assurance

Entre réformes tarifaires, pression réglementaire, débats politiques et évolution des attentes sociétales, le secteur vit une transformation accélérée. Les catastrophes naturelles ne sont plus un aléa parmi d’autres, mais une variable centrale dans la gestion du risque. Et pour les assureurs, cela implique de ne plus seulement compenser… mais anticiper, repenser, et transformer les modèles existants.

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