Face à un déficit potentiel de 41 milliards d’euros en 2030, la Caisse nationale d’assurance maladie propose des réformes structurelles majeures, ciblant arrêts maladie, médicaments coûteux et affections de longue durée.
Sur France Inter, le 25 juin dernier, Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) a jugé la situation financière de la Sécurité sociale française préoccupante. Il a même évoqué un véritable « point de bascule ». Selon les projections, le déficit de la Sécu pourrait atteindre 41 milliards d’euros d’ici 2030, poussant le gouvernement à envisager d’importantes réformes structurelles.
Les causes de ce creusement du déficit sont multiples. Thomas Fatôme identifie notamment le vieillissement de la population et la progression des maladies chroniques comme les principaux facteurs structurels. Il souligne également une augmentation marquée des arrêts maladie, qu’ils soient de courte ou de longue durée, ainsi que les effets conjoncturels de la crise sanitaire du COVID-19, de l’inflation et des revalorisations salariales durables accordées aux professionnels de santé, évaluées à 13 milliards d’euros.
Face à cette crise, la CNAM propose une soixantaine de mesures. Parmi celles-ci figure une révision de la prise en charge des Affections de Longue Durée (ALD). Sans remettre en cause le principe du remboursement intégral des soins liés à ces pathologies, la proposition vise à réévaluer la nécessité d’un maintien à 100 % après guérison ou rémission. Ce changement concernerait notamment environ 200 000 patients guéris du cancer chaque année, avec une reprise automatique du remboursement en cas de rechute.
D’autres mesures portent sur les arrêts maladie, avec une limitation initiale à quinze jours pour les cas gérés en médecine de ville et à un mois pour les hospitalisations. Les prolongations resteraient possibles sur avis médical. La question du remboursement des médicaments à efficacité modérée, mais coûteux, est également posée, tout comme celle des cures thermales, dont l’efficacité scientifique est discutée.
La CNAM souhaite renforcer les politiques de prévention, notamment par une systématisation accrue des dépistages cardiovasculaires et de l’hypertension, ainsi que la suppression des barrières financières à ces examens, comme les dépassements d’honoraires liés au dépistage du cancer. Enfin, des économies sont envisagées dans des secteurs jugés trop rentables par rapport à leur coût réel, tels que la radiologie, la dialyse ou la radiothérapie.
Selon Thomas Fatôme, l’objectif central est clair : « piloter les dépenses d’assurance maladie à un rythme qui est le même que celui de la richesse nationale ». Un défi complexe mais réaliste, à condition de mobiliser l’ensemble des leviers disponibles et de procéder à des transformations profondes et durables.

