Face aux bouleversements technologiques, réglementaires et organisationnels, le secteur de l’assurance doit repenser ses modèles de compétences. Entre l’expert pointu, le profil en « I », et le collaborateur polyvalent et transversal, le profil en « T », lequel répond véritablement aux défis d’aujourd’hui ? Au-delà d’un effet de mode, cette distinction éclaire les besoins actuels des assureurs en agilité, innovation et maîtrise métier.
Comprendre les profils en I et en T
Le profil en « I » désigne un collaborateur doté d’une expertise verticale très approfondie, concentrée sur un domaine précis. Ce type de profil se caractérise par une grande maîtrise technique, mais aussi par un périmètre d’intervention souvent restreint. Plusieurs travaux en management soulignent que ces profils, historiquement majoritaires, sont précieux dans les métiers où la précision et la rigueur sont essentielles.
À l’inverse, le profil en « T », conceptualisé dès les années 1980 et popularisé dans les années 1990, combine une expertise forte (la barre verticale du T) et une large capacité de collaboration et de compréhension interdisciplinaire (la barre horizontale). Ce type de profil est recherché pour sa capacité à travailler entre équipes, connecter des métiers différents, comprendre plusieurs enjeux simultanément et contribuer à l’innovation.
Selon le Journal du Net (2025), la montée des transformations technologiques et organisationnelles place désormais les profils en T au cœur des stratégies RH des entreprises cherchant à renforcer leur résilience et leur capacité d’adaptation.
Pourquoi les profils en T gagnent du terrain ?
Les organisations évoluant dans des environnements complexes : réglementation stricte, transformation digitale, multiplication des projets transverses,… ont de plus en plus besoin de collaborateurs capables de naviguer entre plusieurs univers : technique, data, juridique, client, marketing, conformité… Les profils en T répondent précisément à ce besoin. Ils apportent :
- De l’adaptabilité : ils apprennent vite, se déplacent entre plusieurs sujets et s’ajustent aux changements.
- De la transversalité : ils dialoguent naturellement avec divers métiers, permettant de casser les silos encore fréquents dans de nombreuses organisations.
- De l’innovation : en croisant les expertises, ils identifient des pistes nouvelles que des spécialistes isolés ne verraient pas.
Cette hybridation des compétences devient essentielle dans un monde où aucun métier ne peut plus fonctionner en vase clos. Les profils en T incarnent cette évolution.
Les forces et limites de chaque profil
Les profils en I apportent une profondeur technique irremplaçable. Ils sont indispensables dans les métiers exigeant une expertise forte : actuariat, modélisation des risques, conformité réglementaire, audit, ingénierie des produits, data science avancée. Leur connaissance fine et pointue garantit la robustesse des analyses, la maîtrise du risque et la conformité des opérations.
Cependant, leur champ d’action plus restreint peut parfois constituer un frein dans des organisations en transformation rapide. Le manque de compétences transversales peut éventuellement rendre plus difficile la collaboration inter-équipes, l’appropriation de nouveaux outils ou la participation à des projets pluridisciplinaires.
Les profils en T, eux, brillent par leur agilité, leur communication et leur capacité à connecter les domaines. Leur force réside dans la compréhension globale des enjeux et leur capacité à contribuer à des projets variés : transformation digitale, expérience clients, innovation produit, stratégie data… Ces profils sont devenus particulièrement recherchés dans les contextes où la coordination entre métiers est la clé du succès.
Le risque, lorsqu’ils sont mal accompagnés, est de disperser leur énergie ou de manquer de profondeur sur certains sujets. Leur efficacité dépend donc fortement de l’organisation et de la clarté de leurs périmètres.
Quel impact pour le secteur de l’assurance ?
L’assurance est l’un des secteurs où la double exigence de technicité et de transversalité est la plus forte.
D’un côté, les métiers historiques : actuaires, souscripteurs spécialisés, équipes conformité, experts sinistres complexes, data scientists, ingénieurs risques, … nécessitent des connaissances poussées et une expertise verticale robuste. Les profils en I y jouent un rôle fondamental : ils sécurisent les opérations, garantissent la qualité des modèles, assurent la conformité et construisent la solidité technique de l’entreprise.
De l’autre, les transformations en cours poussent les assureurs à recruter ou faire évoluer des profils en T. Les domaines suivants en bénéficient particulièrement :
- Transformation digitale et data : comprendre la technique tout en pilotant des projets transverses.
- Développement de nouveaux produits : combiner marketing, juridique, actuariat et UX.
- Expérience client omnicanale : aligner service client, IT, gestion des risques et distribution.
- Innovation et partenariats insurtech : naviguer entre business, tech et réglementation.
- Management d’équipes pluridisciplinaires : coordonner experts, commerciaux, juristes et techniciens.
Dans un environnement où les assureurs doivent innover rapidement, fluidifier leur organisation et répondre à de nouvelles attentes sociétales, les profils en T deviennent de véritables accélérateurs de transformation.
Comment les assureurs peuvent-ils tirer parti de ces deux profils ?
La question n’est pas de choisir entre I ou T, mais de maîtriser le juste équilibre :
- Préserver la profondeur : maintenir des experts « I » là où la rigueur technique est indispensable.
- Développer la transversalité : former et recruter des profils « T » pour relier les compétences, fluidifier les projets et soutenir la transformation.
- Repenser l’organisation : favoriser la mobilité interne, créer des équipes mixtes, décloisonner les services, encourager les projets transverses.
- Valoriser les soft skills : communication, pédagogie, collaboration, curiosité, les piliers de la barre horizontale du « T ».
- Former sur le long terme : un profil en « T » ne se décrète pas, il se construit par l’expérience, l’exposition, les projets variés et la culture d’entreprise.
Les assureurs qui réussissent aujourd’hui sont ceux qui savent composer des équipes hybrides, où l’expertise technique nourrit l’innovation, et où la transversalité permet d’aligner les métiers autour d’une vision commune.
Les profils en « I » et en « T » ne s’opposent pas : ils se complètent.
Dans un secteur de l’assurance en pleine mutation, l’expert pointu demeure indispensable, mais il ne peut plus agir seul. Le collaborateur hybride, capable de relier les disciplines, devient l’un des moteurs essentiels de l’innovation et de la transformation. Ensemble, ils permettent aux assureurs de gagner en agilité, en efficacité et en capacité d’adaptation — trois leviers stratégiques pour construire l’assurance de demain.
I vs T, quel profil collaborateur de l’assurance de demain ? est un des sujets des talents de l’assurance 2026. N’hésitez pas d’ailleurs à suggérer des Talents !

