Assurance auto : le défi des véhicules électriques

La généralisation des véhicules électriques renchérit le coût des réparations et interroge l’assurance automobile. France Assureurs publie une étude et avance des mesures, dont un indice de réparabilité, pour maintenir des garanties accessibles.

La transition du parc automobile français vers le véhicule électrique s’accélère. En 2019, ces modèles représentaient 2 % des immatriculations neuves, contre 18 % aujourd’hui, tandis que la part des véhicules thermiques est passée de 92 % à 28 %. Selon l’ADEME, vers 2050, près de la moitié du parc devrait être électrique ou hybride rechargeable.

Pour mesurer les effets de cette évolution sur l’assurance, France Assureurs publie une étude portant sur près de deux millions de véhicules. Elle montre que l’indemnisation des accidents impliquant des véhicules électriques coûte en moyenne 11 % de plus que pour les modèles thermiques, sur l’ensemble des garanties. L’écart atteint 14 % pour la garantie dommages et 28 % pour les bris de glace.

Ces surcoûts s’expliquent notamment par les batteries, dont le démontage, le diagnostic et la réparation restent complexes, seule la moitié des constructeurs proposant aujourd’hui des batteries réellement réparables.

Les assureurs relèvent aussi que pare-brises et optiques des modèles électriques sont en moyenne 24 % plus chers à remplacer, tandis que le poids supérieur des véhicules électriques et hybrides augmente l’intensité des chocs et le coût des réparations, avec des effets pour l’organisation de la filière de réparation automobile.

Une enquête OpinionWay réalisée pour France Assureurs indique que près de la moitié des Français a conscience du coût plus élevé des réparations sur les véhicules électriques et hybrides rechargeables, mais que seuls 22 % pensent que cela se traduit par une assurance plus chère, 35 % n’ayant pas d’avis.

Pour préserver une assurance automobile accessible, la fédération avance plusieurs pistes. Elle souhaite renforcer la réparabilité des batteries en faisant de ce critère un élément central dès la conception, via des normes européennes inscrites dans la réglementation sur l’économie circulaire. Elle plaide aussi pour garantir la libre concurrence en matière de réparation, en assurant l’accès de tous les réparateurs aux outils de diagnostic, aux données techniques et aux procédures, en limitant certaines clauses de distribution des pièces et en encourageant le recours aux pièces recyclées.

France Assureurs annonce enfin l’élaboration, par l’association SRA, d’un indice de réparabilité des véhicules. Construit avec les acteurs concernés à partir d’éléments techniques factuels, comme les crash tests, cet indice serait disponible dès la sortie d’un nouveau modèle, évolutif pendant sa durée de vie et lisible pour le consommateur. Il doit permettre de mieux mesurer l’impact des innovations automobiles et de la technologie électrique sur le coût de l’assurance auto, et de maintenir des offres accessibles aux clients.

Pour Florence Lustman, présidente de France Assureurs, « la transition du parc automobile français vers le véhicule électrique est à la fois une nécessité face à l’urgence climatique et une opportunité en matière d’innovation industrielle. Pour qu’elle réussisse, cette transition doit être socialement et économiquement acceptable par tous. »

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